J’ai adoré 28 jours plus tard, il s’agit pour moi de l’un des films qui exploitent le mieux les « zombies » (disons, comme dans l’histoire, les contaminés) pour mettre en lumière de bons vieux questionnements sur notre humanité. Je craignais donc naturellement sa suite, réalisée qui plus est par un illustre inconnu, Juan Carlos Fresnadillo. Au final : un film avec de bonnes idées, une mise en scène correcte mais quelques gros défauts, surtout narratifs, qui gâchent le visionnage… Attention, spoilers en vue.


Tout démarrait bien pourtant. L’introduction rend honneur à son prédécesseur, avec peut-être un goût trop prononcé pour les cuts rapides. Le premier tiers fonctionne bien et l’histoire de l’île recolonisée petit à petit est crédible. C’est à partir de la réinfection que les choses se corsent : la crise est due à une série de « malchances » fort peu crédible – les militaires encadrent parfaitement le district 1… sauf quand il s’agit de placer des gardes ou des caméras de surveillances à côté d’une zone de quarantaine qui contient une « survivante » ? Sauf quand on choisit des abris avec des portes facilement destructibles et laissées sans surveillance dès que les civils y sont enfermés ? On sent une réelle paresse dans l’écriture. La plupart des rebondissements auraient pu être justifiés plus solidement. Je ne rentre pas dans tous les détails mais les choix des personnages adultes sont souvent complètement stupides (exemple : « hé ! j’ai une super idée ! Et si on descendait dans une station de métro dans l’obscurité totale alors qu’on sait que plein de contaminés courent dans la ville ? »). Pourtant, ils ne sont pas dans un état de panique particulier, au contraire, ce sont des militaires (certes renégats) qui gèrent la situation. Le film se paye même le luxe d’une mauvaise fin : alors que la caméra aurait pu nous laisser sur l’hélicoptère qui quitte l’île (c’était trop demander quelques bateaux et/ou mines marines pour montrer que la communauté internationale se soucie des fuites vers le continent ?), non, on a droit à une annonce de troisième film bien putassière avec un plan « contaminés furieux + Tour Eiffel  ».


Si le scénario est vraiment le maillon faible du film, certains choix de casting me laissent perplexes. Autant Mackintosh Muggleton est crédible comme gamin et je veux bien croire, en faisant un effort, à Jeremy Renner en gentil-soldat-qui-finira-par-se-sacrifier (c’est marquer sur son front depuis le début), autant Rose Byrne est incapable de jouer une émotion correcte et, surtout, Imogen Poots en adolescente n’est pas crédible une minute. Cependant, je ne leur jette pas la pierre parce que ça m’a surtout l’air d’une mauvaise direction d’acteurs. La réalisation, pour finir, n’est pas mauvaise, elle est passable. Je trouve que le rythme est parfois trop rapide et que le travail d’ambiance, très bien bâti dans le premier tiers, disparaît ou est entaché par la stupidité évoquée ci-dessus par la suite (comment s’en faire pour des personnages qui prennent volontairement des décisions suicidaires ?).


28 semaines plus tard tente de jouer sur les mêmes thèmes que son prédécesseur : la cruauté humaine, la lâcheté, d’une manière générale la transformation des individus dans les situations extrêmes. Mais si cela fonctionnait dans 28 jours c’est parce que les humains, encerclés par les contaminés, persuadés que toute la planète a été ravagé, étaient poussés dans leurs limites psychologiques les plus noires. Ici, le manque de pitié des militaires est déshumanisé – ils n’agissent pas mal à cause de leur humanité (d’où l’horreur) mais parce qu’ils obéissent froidement à une logique de responsabilité (plutôt tuer sans distinction 15,000 personnes que de voir la Terre entière périr).


En une ligne : relativement divertissant, sans vraie portée et ne faisant pas honneur au film de Danny Boyle.

smiree14

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