Le grand public n'est pas forcément au courant, mais à chaque Olympiade, le Comité International Olympique, dit CIO, effectue une commande auprès de un ou plusieurs réalisateurs afin de réaliser un documentaire qui restitue les Jeux Olympiques. Le plus connu est sans nul doute celui réalisé par Kon Ishikawa lors des Jeux de Tokyo en 1964, et que j'aimerais bien découvrir.
Pour les Olympiades de Grenoble, en 1968 donc, le CIO demande au réalisateur Claude Lelouch, ainsi qu'au documentariste François Reichenbach, de faire ce film.


On ne sera pas surpris durant le film de voir que le style des deux réalisateurs est plutôt homogène. On reconnait immédiatement celui de Lelouch à travers la musique signée Francis Lai, les chansons, mais également une passion manifeste pour le sport en général. Quitte à ce que le cameraman aille lui-même sur les pistes de ski notamment pour une scène incroyable où on le voit en caméra subjective suivre une skieuse : on se demande encore comment il ne s'est pas tué en dévalant ainsi les pistes. Pour le côté François Reichenbach, c'est surtout les à-côtés, la joie collective qui entoure la ville de Grenoble, la préparation aux festivités, les fêtes le soir, les enfants qui s'amusent, jusqu'à apercevoir le général de Gaulle soi-même ainsi que Johnny Halliday tout en sueur qui vient pour un concert. Il y a un côté presque anthropologique fascinant à voir une époque faite d'innocence où, quelques mois avant mai 68, la France allait bien, on pouvait côtoyer de très près les sportifs et célébrités sans aucun risque, où la joie demeurait.


Pour le côté sportif, on suit plusieurs sports comme hockey, le patinage artistique (notamment la performance de la jeune Peggy Fleming), le bobsleigh, et bien entendu le ski qui se taille la part du lion en particulier grâce à la présence de Jean-Claude Killy, qui va gagner trois médailles d'or.
Tout ceci est enrobé de la musique de Francis Lai, qui ne peut que faire penser à Un homme et une femme, tout comme une partie de la réalisation de Claude Lelouch où certaines scènes sont soit en noir et blanc ou en sépia.


Bien que commandé (et financé) par le CIO, celui-ci profita de son passage prévu à Cannes 1968, et donc annulé à cause des grèves de mai, pour enterrer en quelque sorte le film, un peu désarçonné par les méthodes des réalisateurs qui préféraient plutôt tourner les à-côtés, jusqu'à ce qu'il décide de le restaurer dans les années 2010, et enfin connaitre une réelle sortie chez Criterion en 2016.
Le découvrir aujourd'hui est une fascinante photographie d'une époque heureuse, la liesse partagée d'un beau moment collectif, et 13 jours qui ont marqué pour toujours la ville de Grenoble.

Boubakar
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le 11 avr. 2022

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