Zaroff
7.2
Zaroff

BD franco-belge de Sylvain Runberg et François Miville-Deschênes (2019)

Cela fait quelques temps que je suis le dessinateur sur Facebook. Pourtant je n'ai jamais rien lu de lui. Mais à force d'ajouter des auteurs, je reçois des propositions d'amitié par FB qui sont intéressantes (pas toujours, hélas), et c'est ainsi que j'ai découvert son travail. Et quand il a commencé à publier des dessins pour cette BD en précisant le nom du personnage principal, j'ai eu cette envie de découvrir l'album. Parce que j'aime bien ce Zaroff, c'est un personnage très intéressant et je suis étonné qu'il ne soit pas plus exploité de nos jours.


L'idée de faire suite est bonne. Dommage que les auteurs se soient sentis obligés de nous rappeler le récit de la nouvelle/du film avec quelques flashbacks pas très utiles. Mais l'idée de base est là et elle est bonne. La première moitié se déroule très bien, avec la mise en place de l'objectif principal des personnages principaux. C'est tendu, les conflits se bousculent à l'entrée et on se sent prêt à jubiler. Surtout que les deux bougres prennent leur temps pour dérouler leur action et que l'album comporte beaucoup de pages.


Malheureusement, la seconde moitié est moins forte. Les scènes sont plus courtes, plus vite expédiées, ce qui nuit parfois au dessin (mais j'y reviendrai). On ne profite pas assez des personnages (même le nombre de citations est assez bas au final) qui sont définitivement trop nombreux (c'est bien de faire de la chair à pâtée, mais leur exploitation prend parfois trop de place pour pas grand chose, c'est souvent redondant quand on les voit et leurs mises à mort manque d'individualisation). Cela reste malgré tout sympa à suivre, un bon survival en terrain hostile, surtout que les auteurs proposent une faune intéressante, mais au final, tout est sous-exploité. Y compris Zaroff lui-même (et sa famille). Le duel tant attendu ne marque pas non plus ; en effet, on espérait un méchant à la hauteur du Comte, mais passé cette moitié, les 'méchants' deviennent vite des victimes (qui ne se reconnaissent pas comme telles avant longtemps) et l'on soupire de voir des personnages parler dans le vide (ça fait un peu vantardise ; ils se la pètent mais on sait qu'ils sont nuls). Les auteurs ont d'ailleurs recours à des mali ex machinae pour que Zaroff ait un peu de mal à gagner quand même...


J'aime beaucoup le dessin, en couleurs directes en plus, c'est très joli. Les personnages sont très bien dessinés, que ce soit en terme de reconstitution, en terme d'expression corporelle et faciale ou encore dans la personnalisation des visages (on reconnaît facilement les personnages prinicpaux). Les décors sont beaux (mais pas assez exploités), le jeu de couleurs rend très bien, avec un jeu d'ombre tout aussi fascinant.


Mais à nouveau, on sent un déclin dans la seconde moitié. En effet, là où les attitudes des personnages paraissent naturelles (même si déjà un peu trop solennelles pour certains), ça devient trop figé dans la seconde. Comme si justement le dessinateur n'avait pas eu le temps de peaufiner ses personnages. Trop de plans face caméra aussi, qui ont tendance à casser le rythme ou donner l'impression que 'c'est plus facile comme ça' alors qu'il a un talent fou.


La mise en place est souvent fermée aussi, le dessinateur peine à jouer avec le hors champs, avec les limites du cadre. Et cela se remarque surtout dans la seconde moitié. En témoigne deux cases similaires la première réussie (l'alignement des journalistes à la page 15), la seconde nettement moins (les méchants en file indienne à la page 38) avec en plus des problèmes de perspectives et de proportions. C'est dommage parce que, lorsque le dessinateur prend son temps, ses dessins sont superbes, et puis dans d'autres ça paraît un peu bâclé.


La mise en scène est moins efficace toujours dans cette seconde partie, avec parfois des étirements d'action mal venus entre deux scènes vite expédiées (l'attaque de croco qui dure deux pages à tout casser et la mort d'un type qui prend deux cases (un case pour le blam et une case pour la chute). Le rythme est donc mal géré.


Mais bon, je suis dur, tel l'épine, mais globalement j'ai bien aimé cet album et j'aimerais en lire plus des comme ça. Certes, le récit perd de sa force dans la deuxième moitié de l'album mais on sent qu'avec plus de temps et plus de pages (120 au total j'aurais dit), ça aurait pu être une vraie bombe.


Bref, dans l'ensemble, ça se lit bien.

Fatpooper
7
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le 16 juil. 2019

Critique lue 234 fois

4 j'aime

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