En me lançant dans Wonder Woman Historia, je ne savais absolument pas à quoi m’attendre. M’attendais à tomber sur une lecture sur Wonder Woman. Mais la couverture, magnétique, animale, le casting (Kelly Sue DeConnick, Phil Jimenez, Gene Ha, Nicola Scott) m’a plu de suite, et puis le format Black Label est plus qu’une valeur sûre. En le feuilletant, j’ai été convaincu que j’avais entre les mains une œuvre magistrale que je devais lire.


Il y a des millénaires, la reine Héra et les déesses du panthéon olympien se sont montrées très insatisfaites de leurs homologues masculins. Loin de leur regard, elles mirent un plan à exécution : une société jamais vue sur Terre, capable de choses aussi merveilleuses que terribles : les Amazones. Mais leur existence ne pouvait rester secrète éternellement, et lorsque les dieux l’apprirent, une guerre totale entre Ciel et la Terre débuta. Une guerre qui allait mener à la naissance de la plus grande gardienne de la Terre !

Wonder Woman Historia ou la version inconnue de la guerre entre les Dieux et les Amazones. Kelly Sue DeConnick (Arthur Curry : Aquaman) et Phil Jimenez (Infinite Crisis) ouvrent la boîte de Pandore et livrent ici une réinterprétation de la mythologie grecque plus chamarrée et inventive, et résolument humaine, que les traces laissées dans les livres d’Histoire. Oubliez tout ce que vous croyez savoir, faites tabula rasa.

(Contient les épisodes #1 à 3)


Wonder Woman Historia est un projet que l’on attend depuis longtemps. Depuis les débuts du Black Label en vérité. Toujours avec le doute que le récit ne sorte jamais. Pourtant la promesse est belle et prometteuse, l’histoire des Amazones, non pas contée par les Hommes, mais narrée par les femmes qui ont formé les rangs de ces guerrières légendaires.


Depuis toujours, aussi loin que les historiens ne puissent remonter, la femme est souvent décrite comme une servante, une suiveuse, une bonne à tout faire passant après l’homme, pour ne pas dire un objet. Et l’on peut se demander si les choses ont véritablement changées, évoluées, avec le temps. Mais cela est un autre sujet.


Las de ce traitement injurieux et injuste des femmes, les déesses de l’Olympe (Héra en tête, suivie d’Artémis, d’Athéna, d’Aphrodite, d’Hestia, d’Hecate et de Demeter) décident de se plaindre auprès de Zeus. Aussi inutile que de peigner la girafe. Les déesses décident de prendre les choses en main et décident de créer les Amazones, une tribu de guerrières fortes et déterminées.


Ce récit très féministe, se découpe en trois parties. Nous avons d’abord la confrontation des déesses avec Zeus. Puis la naissance de ces Amazones, forcées de vivre la nuit afin d’éviter le regard des dieux olympiens. Enfin, le conflit auquel nos héroïnes ne pouvaient échapper face à la colère des dieux.


Une histoire puissante, impactante et qui nous montre à quel point être une femme n’a jamais été une bénédiction. Le simple fait de naître « fille » pouvait signifier une mise à mort immédiate ! Tuer un bébé simplement parce qu’il n’a pas de pénis. Kelly Sue DeConnick nous propose un récit d’une rare violence, avec des épreuves particulièrement difficiles. Si les agresseurs sont toujours des hommes, la scénariste a néanmoins la bonne idée de ne pas tomber dans la caricature. Plus que l’Homme, c’est le système qui fait de l’Homme un être supérieur à la Femme que de DeConnick met à mal avec ce récit.


L’autre grande force de ce récit, ce sont les dessins. Trois chapitres, trois artistes, trois artistes incroyables ! Il n’y a pas d’autre mot. On retrouve Phil Jimenez, dans un style majestueux bourré de détails. Ses pages sont justes éblouissantes, pleines de lumière et vivantes comme rarement. Phil Jimenez donne véritablement vie à ce lieu mythique qu’est l’Olympe.


Gene Ha nous propose une approche plus « soft », alors que nous nous retrouvons dans le monde des Hommes. Un excellent travail sur les jeux d’ombres. Avant d’en terminer avec Nicola Scott, qui nous offre sans doute, comme Phil Jimenez sur le premier chapitre, l’une de ses meilleures prestations. C’est tellement détaillé, d’une telle richesse ! Un mélange de douceur et de violence qui nous prend aux tripes, avec des émotions bouleversantes.


Bref, Wonder Woman Historia est probablement l’une des meilleures lectures que j’ai pu avoir ces dernières années. Sans aucun doute possible le meilleur récit estampillé Black Label. Un récit puissant, féministe, d’actualité malgré tout et qui nous offre des dessins absolument magiques !

Romain_Bouvet
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le 25 oct. 2023

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