Lonesomest cow-boy

Lorsque j'ai appris en début d'année que Matthieu Bonhomme allait publier un nouveau tome de Lucky Luke, j'étais aux anges ! Si j'ai beaucoup lu les aventures du garçon-vacher solitaire dans ma jeunesse, je m'en suis détaché au fil du temps. Bonhomme avec son Homme qui tua Lucky Luke avait su réinventer l'univers de la série, lui faisant gagner en maturité (tant graphiquement qu'au niveau des thématiques abordées) et en racontant une histoire passionnante à suivre avec de nouveaux personnages attachants.

Wanted se passe quelques temps après cette première aventure. Cette fois-ci, Luke fera la connaissance de trois jeunes femmes et les escortera dans le désert, tout en essayant de comprendre pourquoi sa tête a été mise à prix.
Si l'on rencontre une large galerie de personnages dans cet album, l'essentiel des pages est consacrée à la relation entre Luke et les trois soeurs. Si ces demoiselles se sont dans un premier temps donné pour but de charmer le cow-boy, leur évolution au fil des pages est plus nuancé et on évite au final le cliché de la femme fatale. Tant et si bien que leurs inévitables adieux au cow-boy sont un crève-coeur, c'est très rare que je sois ému en lisant une BD (je me suis fait chier comme un rat mort en lisant The Killing Joke, si ça peut vous donner une idée), mais la fin de Wanted m'a touché.

Bien sûr, il n'y a pas que de la séduction dans ce Lucky Luke, l'action est au rendez-vous et même plus présente que dans l'album précédent. Luke affrontera des fantômes de son passé, et je suis plutôt content de constater que j'ai reconnu tous les personnages qu'il croise. Mes connaissances en Lucky Luke ne sont donc pas aussi rouillées que je le pensais !
Les scènes de combat et de tension sont très bien menées, c'est un plaisir de voir Luke mettre une rouste à une demi-douzaine d'adversaires.

Rien à dire au niveau des dessins, Bonhomme a toujours été excellent dans ce domaine. Son Lucky Luke aux traits vaguement asiatiques est toujours bien animé, tout comme ses compagnes dans cet album. Les jeux de couleur, qui sont toujours très importants dans un Lucky Luke, sont de toute beauté, même si j'aurais peut-être préféré une mise en couleur à l'aquarelle. Les aplats uniformes sont certes respectueux de la série mère, mais ça ne met pas toujours en valeur le dessin semi-réaliste de cet album.

J'ai du mal à trouver des défauts à cette histoire qui m'a happé de bout en bout. La grande présence de vieux personnages de la série pourrait en rebuter certains j'imagine (une des forces du premier tome était la quasi-absence de références aux albums de Morris) et les soeurs brunes et rousses sont un peu interchangeables, elles auraient aussi bien pu être fusionnées en un seul personnage. Mais en-dehors de ça, c'est du tout bon.

J'ai vraiment adoré cette deuxième histoire de Lucky Luke sous la plume de Bonhomme, peut-être même plus que le premier ! Je ne veux pas demander un troisième album parce que j'ai toujours peur de la suite de trop (et puis j'aimerais bien revoir Esteban aussi), mais eh, je ne vais pas me priver si jamais une suite venait à être annoncée. J'irai les yeux fermés, même si c'est pas très pratique pour lire.