C'était le début des années 1980, on aimait bien les animaux anthropomorphes. Stan Sakai, auteur américain d'origine japonaise, crée le personnage de Miyamoto Usagi, très clairement inspiré de Miyamoto Musashi, dont la vie a été mise en fresque par la saga La pierre et le sabre (dont on retrouve des éléments).


Il y a deux éléments que j'aime beaucoup dans cette série, qui a une identité très forte, quoique constituée de multiples emprunts.


La première, c'est le contraste entre le design très mignon des personnages et la noirceur des histoires. Difficile d'en révéler plus sans donner des exemples, mais les leçons de vie qui ressortent de chaque épisode d'Usagi sont souvent douces amères : il faut savoir mettre son intérêt personnel de côté pour faire véritablement le bien ; on ne peut pas aider ceux qui s'enferment dans une solitude extrême ; même dans les pires circonstances, il faut essayer de ne pas abandonner son humanité.


La deuxième, c'est le fait que chaque histoire soit une petite nouvelle indépendante des autres, une pierre dans une mosaïque bien plus vaste. J'exagère en parlant de noirceur, car il y a des histoires qui sont je ne dirais pas tendres, mais d'une ironie moins amère que d'habitude. Ce découpage en épisodes est parfaitement en accord avec le statut de vagabond errant du héros. Rien de très original, me diront ceux qui ont vu les Zatoichi, les Baby Cart, etc... Et en effet, souvent Usagi pille dans ce fonds de cinéma populaire japonais, mais il a la délicatesse de le faire à sa manière.


Et puis il y a le décorum japonais, Usagi suivant quoi qu'il arrive l'austère règle du bushido. Cela n'empêche pas qu'il fasse parfois preuve de ruse (sa relation d'amour-haine avec le rhinocéros Gennosuke fait partie des très bons moments de la série). Les scènes de sabre, dans ce premier tome, sont encore assez gauche, et les personnages ont parfois un air un peu pataud. Mais il y a déjà des trouvailles de découpage et de composition qui rendent l'ensemble très raffraichissant.


Usagi est un ovni et un classique à la fois, plongez-vous dedans, vous ne le regretterez pas. On y trouve une ambiance mélancolique de ronin errant comme on les aime.

zardoz6704
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le 9 oct. 2022

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