Riad continue à nous conter son enfance Syrienne qui s'étale sur 2 ans dans ce 3ème opus. La qualité est au rendez-vous, même si la surprise de la découverte a évidemment disparu. Tout en ayant plaisir à retrouver sa grande famille, on plonge à nouveau dans le quotidien de villageois et d'enfants baignant dans un univers étriqué, tiraillé entre la violence du système scolaire, les carcans religieux, la Tradition et un entourage bienveillant et chaleureux. Par le petit bout de la lorgnette, le décor de la Syrie et du monde arabe s'installent durablement au fil des anecdotes et soliloques du papa et sa vision du monde. Sattouf ne juge jamais, mais son écriture et son style humoristique font passer un contenu plus grave sous-jacent : haine du juif, place de la femme, corruption, toute puissance de l'autorité, compensés par des êtres humains pas nécessairement mauvais.
Sattouf est malin. Il ne fait rien au hasard. Ce qu'il rapporte de son regard d'enfant et ce qu'il souligne est choisi minutieusement. D'ailleurs son style devient plus lisse et moins caricatural ici.
Quoiqu'il en soit, c'est à lire. Non pas parce que l'on parle de la Syrie et que le pays est d'actualité, mais parce que l'oeuvre est forte et rare en BD.