Une bande dessinée qui laisse à réfléchir
L’arabe du futur est un livre écrit et dessiné par Riad Sattouf en 2014. Il y raconte sa vie vécue dans différents pays.
D’un humain syrien et d’une humaine bretonne, naît le héros blond de l’histoire, Riad Sattouf. Il passa la majeure partie de son enfance à Tripoli, en Libye, où son père fut invité par le directeur d'une prestigieuse université à y être professeur. Là-bas, ne se trouvait pas le paradis. C’était pauvre, crade, dirigé par un dictateur arabe qui soutenait l’idée du panarabisme. Malgré tout, à ce moment-là, l'idée d'unir les populations arabes était nouveau, grandiose et admiré. Riad en apprit beaucoup sur le pays. Plus tard, quand l’enfant eut onze ans, sa famille et lui déménagèrent en Syrie, près d’une ville nommée Homs. Tandis que le petit se fera maltraiter par ses cousins pour des raisons d’esthétique, son géniteur, lui, ne souhaitera que d’une chose pour son fils : qu’il s’instruise puis qu’il devienne un Arabe moderne et respecté, un Arabe du futur.
Critique :
Ayant fait l’effort de lire la série intégrale, je vais maintenant m'efforcer de vous dire tout ce qui est m'a plus et déplu dans l'Arabe du futur.
Vive la bande dessinée!
Un point fort de cette œuvre, c'est parce qu'elle est en bande dessinée. Pour moi, il m'est bien plus facile de comprendre une histoire lorsqu'elle est racontée en images, puisque le travail d'imagination est déjà en partie réalisé. Il suffit de placer les images dans notre tête, de leur donner un peu de vie pour qu'elles s'élancent d'elles-mêmes et c'est parti. D'ailleurs, Riad Sattouf nous aide encore plus à la compréhension : ses dessins sont "noir sur blanc", il utilise très peu de couleurs et il met uniquement en valeur les choses dont nous avons vraiment besoin à la lecture. À noter que ses traits de crayons sont fins et lisses, une touche de l'auteur que j'apprécie. Ce n'est pas du brouillon qui vient d'être régurgiter sur une feuille.
Avoir deux nationalités, ce n'est pas rien!
Un autre bon point fort, l’Arabe du futur est en soi une autobiographie très intéressante. Je m'explique : notre héros a la chance d'avoir deux nationalités, ce qui lui permet de voir le monde un peu plus large. Riad Sattouf est obligé de s'ouvrir aux deux cultures différentes, ce qui insinue qu'il en sait de toute façon plus que ses camarades de classe. (Bien sûr que ses amis auraient pu aller se renseigner pour être tout autant au courant de l'actualité que l'auteur, mais il était malheureusement difficile d'accéder à de réelles informations. Les médias étaient surtout là pour influencer la population et pour vénérer leur président.)
Tandis que ses connaissances sont bourrés de préjugés sur les étrangers, lui seul connaît la vérité. Il peut choisir de répandre la vérité ou de rester muet. Tout cela très excitant, Riad est comme le premier homme qui a marché sur la Lune.
Hélas, rien n'est parfait.
C'est d'ores et déjà très captivant de suivre le héros et de savoir ce qu'il en pense, honnêtement de tout ça. Mais là, le vrai jeu est de se mettre dans la peau de l'auteur et d'aboutir à une conclusion. C'est bien pour cela qu'on lit, pour apprendre des choses sur le monde et afin de pouvoir analyser la situation et d'avoir un avis justifié sur le sujet en question.
Or, je suis très déçue que Riad Sattouf ne nous a pas fait passer un message en particulier. Il nous laisse champs libre de penser ce qu'on veut. À la fin de ses livres, on se sent délaissé, abandonné. J'ai prêté une oreille attentive pour l'entendre témoigner sa vie. Rien d'autre. C'est pourtant ce qu'il y a de plus crucial à mes yeux, à savoir, qu'est-ce qu'il en conclut et qu'est-ce qu'il nous recommande?
Plutôt à lire ou à ne pas lire?
Je dirais que si vous n'avez pas une grande connaissance de ses pays, il est quand même important d'y jeter un coup d'oeil. L'Arabe du futur peut clairement être instructif et ce n'est pas aussi ennuyant que ça pourrait en avoir l'air.
Lynx doré-