Zep sans Titeuf, c'est rudement bien !

Pour l'Ecole des Loisirs lançant à son tour une collection BD, nommée Rue de Sèvres, il fallait un album choc pour ses débuts, histoire de se frayer un passage dans un secteur fortement concurrentiel. Le roman graphique sérieux et adulte de Zep qui paraît aujourd'hui, est un coup de maître commercial qui engendrera curiosité et vraisemblablement bonnes ventes. Mais le passage de Titeuf à cette histoire de quadragénaires est-il un essai réussi ? Le virage est risqué, d'autant plus que le thème abordé est un peu casse-gueule car maintes fois abordé au cinéma et en littérature: les retrouvailles, vingt ans après, d'une bande de copains.
Sans que cette histoire d'anciens membres d'un groupe de rock qui a explosé suite à la bévue de son batteur ne soit réellement originale et ne sorte guère des sentiers bien balisés déjà empruntés par d'autres, Zep arrive à toucher le lecteur et donc à emporter le morceau avec talent. On sent que l'auteur y a mis beaucoup de lui même, de ses goûts, de son humour mais aussi de sa tendresse.
Nous sommes dans le monde de la musique qu'il connaît bien (musicien lui-même dans diverses formations), il en profite pour casser quelques mythes, voire jouer la commère (pour notre plus grand plaisir d'amateurs de potins peoples). On retrouve aussi son humour un peu potache qui, ici, allège juste comme il faut la tension omniprésente du récit de ces retrouvailles. Même si l'histoire flirte avec les clichés du genre, Zep arrive à émouvoir, voire surprendre son lecteur. La mise en images, avec ces cases aux coins arrondis, donne une sensation de douceur et sensibilité que des tons pastels, un peu tristes, tirent un peu plus vers l'émotion. Les personnages ont juste ce qu'il faut de différence pour conférer au récit le dynamisme idéal et permettre une parfaite identification. On est tellement pris par l'histoire que c'est avec regret que l'on referme l'album. Je serai bien resté un peu plus longtemps dans cette belle demeure anglaise de rock star vieillissante...
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pilyen
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le 11 sept. 2013

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