Miracleman, très concrètement, avant de voir tout le tapage autour de la sortie du premier volume chez Panini, et bien que je ne connaissais même pas de nom. Mais il suffit d’un nom : Alan Moore, pour que ma volonté se mette en pause et que je puisse acheter les yeux fermés. Avec Grant Morrison, ils sont les auteurs qui signifient : lecture passionnée et passionnante assurée ! Et si ce récit, qui m’était inconnu, me donne terriblement envie, ma curiosité est encore davantage titillée avec cette sombre histoire entourant la publication !

Il suffit d’un seul mot magique pour qu’une légende, tombée depuis longtemps dans l’oubli, revive. Depuis toujours, le journaliste indépendant Michael Moran a le sentiment d’être différent… et quand il se retrouve pris au cœur d’une série d’événements inattendus, il reprend son identité de Miracleman.
Suite à des événements inattendus, le journaliste Michael Moran devient le héros nommé Miracleman. Il découvre alors ses véritables origines et le lien qui l'unit au mystérieux projet Zarathustra. Écrit par le plus célèbre auteur de comics, ce chef d'œuvre est enfin réédité dans un format luxueux, avec des planches restaurées, une nouvelle colorisation et de nombreux bonus !
Auteurs : Alan Moore, Mick Anglo, Alan Davis, Steve Dillon, Garry Leach.
En 1956, le monde est protégé par des super héros aux pouvoirs illimités : la famille Miracleman. Suite à une mission de sauvetage empêchant la destruction de la Terre, ils ne laissèrent plus aucune trace... Des années plus tard, en 1982, le journaliste Michael Moran se rend à une manifestation concernant une centrale atomique. Les fins de mois sont difficiles et il veut avoir assez d'argent pour subvenir aux besoins de Liz sa petite amie. Michael n'avait pas vraiment envie d'y aller et sur le chemin, il repense encore à ce damné rêve qu'il fait depuis des années et dans lequel il aperçoit un mot mais ne parvient à s'en rappeler. Sur place, il recueille quelques témoignages mais très vite, la situation dégénère. Des hommes armés coincent tous les reporters dans une salle et veulent leur transmettre un message. Michael ne se sent pas bien et alors qu'il perd connaissance, le mot lui revient : Kimota. L'instant suivant, une lumière puissante émane de lui. Son corps change, il est plus grand, plus puissant et aussi plus jeune. Il est Miracleman.

Avant de s’appeler Miracleman, notre héros se nommait Marvelman. Créé en 1954 par Mick Anglo. Malgré un succès retentissant, il est vite mis sur la touche de par sa ressemblance avec un certain Superman et un certain Shazam ! Il faudra attendre les années 80 pour qu’un certain Alan Moore dépoussière tout cela et nous offre un pan de l’histoire du comics ! Après de longues années de batailles juridiques, Marvel a récupéré les droits de Miracleman, sans pour autant avoir le droit d’y associer le nom d’Alan Moore (toujours aussi ronchon et tonitruant dans sa façon de voir les choses).
A l’occasion de la sortie VF, Panini nous offre une édition impeccable ! Couverture en dur avec une magnifique texture au toucher, un excellent travail éditorial (comme quoi, c’est possible), un papier de très bonne qualité est une impressionnante quantité de bonus.

Le tome démarre avec une histoire de Mick Anglo, nous présentant la famille Miracleman, composé de Michael Moran mais également de Young Miracleman et Kid Miracleman.
Puis arrive la reprise en main par Alan Moore, qui va d’emblée commencer par « casser » le personnage ! A montrer que l’idée même de son existence est pure folie, que cela est trop tiré par les cheveux, que ça n’est pas possible. Toutes ces incohérences vont être mises en avant à travers les yeux de la femme de Michael Moran, Liz, qui ne croit pas un mot de tout ce que lui raconte son mari. Comment toutes les choses qu’il lui raconte pourraient être vraies ?! Puis vient le temps de la démonstration, car Liz est comme tous les êtres humains, il faut voir pour croire ! A travers cette première histoire, « Rêve éthéré », Miracleman nous est présenté sous toutes ses facettes, aussi bien ses forces que ses faiblesses. Et tout cela est encore davantage intéressant qu’en fait Michael Moran le découvre en même temps que nous.

Dès lors, Alan Moore va s’emballer, et à travers sa narration toujours aussi envoutante et passionnante, à travers une variété narrative propre à cet auteur de génie et surtout à travers son habilité à faire un pamphlet de notre société à travers ses histoires. Et il pointe du doigt les manœuvres de l’ombre des gouvernements, de la façon dont les puissants ne reculent devant rien pour s’approprier des choses qui les dépassent et à jouer à Dieu avec !
Et dans sa quête pour découvrir ses origines, Miracleman va se heurter à ce que cachent les puissants mais aussi à la trahison, à l’amour, à la folie, en somme à la nature humaine tout simplement dans tout ce qu’elle a de plus sombre, de plus destructeur, de plus affligeant.
Une image de la société bien noire, bien triste mais au final, Alan Moore est-il loin de la vérité ? Si beaucoup voit en la pensée d’Alan Moore, une vision pessimiste de notre monde, d’autres seront plus tenté d’y voir une vision juste et nue des être-humains qui le compose.

L’histoire suivante est un somptueux et surprenant mélange entre la science-fiction et une narration pleine de poésie et de philosophie. Par contre, il faut vraiment être captivé dans l’histoire et être attentif pour prendre grand plaisir à découvrir les Warpsmith et leur mode de vie si poétique, si abstrait et au langage si… si… métaphysique ! Mais avec cela l’auteur nous ouvre sur un monde encore plus grand, plus vaste, Miracleman n’ayant aucune frontière !
On grimpe encore dans le fantastique avec la dernière partie et avec une histoire de bonds temporels.

Au niveau des dessins, c’est dans le juste tout du long ! Gary Leach nous offre un spectacle d’une centaine de page, il nous fait voyager dans le magnifique et l’extraordinaire. En donnant toujours le ton juste à ses personnages. Et cette nouvelle colorisation, lorsqu’on regarde d’anciennes planches ne fait qu’accentuer la fabuleux que dépeint l’artiste !

Bref, Miracleman est un voyage, complexe, mais magique ! C’est une lecture dont on ressort chamboulé, simplement de par le « Putain, whaaaa ! » que l’on prononce lorsqu’on le referme. Alan Moore nous offre une histoire culte d’un humain qui se découvre super-héros ! Sans oublier, au passage, de taper un peu sur notre société. Je n’ai qu’un mot à dire pour clôturer : Kimora !
Romain_Bouvet
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le 11 juil. 2014

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Romain Bouvet

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