Swamp Thing, un personnage que j’ai découvert réellement avec la magnifique série de Scott Snyder. Une série profonde, intelligente et ouvert sur de nombreux axes de lectures. Malheureusement, nous n’avons pas été assez nombreux à apprécier cette série à sa juste valeur en France. Elle dénotait sans doute trop du reste de la publication d’Urban Comics.
Forcément, comme pour les autres poids lourds de DC Comics, j’avais hâte de pouvoir découvrir le personnage sur ses premiers épisodes. Et Urban répond enfin à l’attente de nombreux lecteurs avec les premiers épisodes de la Créature du Marais, par Len Wein, dans ce premier ouvrage de la nouvelle collection Urban Cult.


Isolés en plein marais de la Louisiane, le docteur Alec Holland et sa femme Linda étudient une formule bio-restauratrice capable de mettre un terme à la faim dans le monde. Menacé par une entreprise concurrente, le coupe meurt dans l’explosion criminelle de son laboratoire. Alec Holland en proie aux flammes et recouvert de sa solution bio-réparatrice fuit vers les marais pour y mourir… et renaître sous une autre forme…
Swamp Thing débute dès son origine comme une histoire d’horreur classique situé à l’époque victorienne pour dépasser le récit de genre et explorer, sur les traces de Frankenstein de Mary Shelley, la tragédie d’une créature en quête d’identité et de vengeance. Len Wein et Bernie Wrightson inscrivent dès lors leur création dans une saga contemporaine fantastique qui fascinera plusieurs générations de lecteurs, et de futurs auteurs, Alan Moore en tête. Voici à nouveau disponible, et dans une version intégrale en noir et blanc, en hommage à la puissance évocatrice d’un artiste de légende, une œuvre majeure du patrimoine de la bande dessinée.
(Contient les épisodes House of Secrets #92, Swamp Thing #1 à 13 et Swamp Thing Winter Special #1)


Je vais commencer par les dessins. J’ai honte, je l’avoue, je ne connaissais pas Bernie Wrightson avant de me plonger dans ce bouquin. Et que dire ? Juste « Whaouh » !!! Dire qu’on est à la fin des années soixante,début des années soixante-dix, et l’on se retrouve avec une telle qualité dans les dessins, une telle richesse, un tel souci du détails ! C’est tout bonnement incroyable ! On n’a que rarement des choses aussi belles de nos jours, trop souvent dans la surenchère, dans l’excès. Attention, je ne dis pas que l’on n’a pas d’excellents dessinateurs de nos jours, mais la c’est si parfait, si pur. Et le fait qu’Urban nous propose cela en noir et blanc ne fait qu’accentuer la claque !


J’aime ce genre de dessinateur capable de dessiner tous les genres. Et avec ces épisodes de Swamp Thing. On oscille entre de l’horrifique, de la science-fiction, du classique, avec tellement de personnages différents et riches d’expressivité. Sans avoir lu ce tome, juste en le feuilletant, juste en prenant plein la vue, juste en réalisant la chance que l’on a de voir de si sublimes pages, l’achat de cette œuvre se justifie !


Passons à l’intrigue ! Alec Holland, et sa femme, Linda, œuvre sur un formule révolutionnaire, une formule bio-restauratrice capable de soigner tout, du moins, c’est ce que le couple espère. Malheureusement, de telles recherches provoquent la convoitise, et ils sont vite démarchés par des personnes peu recommandables. Mais Alec refuse catégoriquement de vendre leur idée.


Très vite, ces personnes reviennent avec des méthodes de criminels, et le pauvre Alec flambe dans son laboratoire ! Mais alors que l’on pouvait s’attendre, logiquement, à une mort sinistre et douloureuse, nous retrouvons le docteur Alec Holland métamorphosé en une incroyable et repoussante créature ! Swamp Thing, la Créature du Marais. La formule a fonctionné, mais sous l’effet du feu, au cœur du bayou, le résultat est décontenançant.


Le temps de réaliser, de comprendre, voir de débuter l’acceptation de cette terrible transformation, de se faire à ce nouveau corps, ces nouvelles mains, d’accepter qu’il ne peut plus parler, il arrive trop tard pour empêcher la mort de sa femme ! Ivre de rage, Alec décide de se venger de ces hommes venus les démarcher. A défaut de ne pas avoir convaincu le couple de travailler pour eux, ils ont décidé de les tuer. A défaut, personne n’aura cette formule !


Si Swamp Thing traverse le pays pour se venger, il est également poursuivi par le lieutenant Cable. L’homme qui avait été mandaté par le gouvernement américain pour protéger le couple Holland. Il prend leur mort très à cœur (trop d’ailleurs, il les connais depuis quelques jours et on a l’impression qu’il cherche à venger ses meilleurs amis. C’est le seul point négatif pour moi dans ce livre) et est persuadé que cette monstrueuse créature, qu’est devenue Alec, est responsable de leur mort.


En poursuivant Holland, Cable se retrouver dans de situations périlleuses, dangereuses, en danger de mort, et c’est toujours la Créature du Marais qui vient le sauver. Mais cela ne semble pas à convaincre Cable que cette créature n’est peut-être pas aussi monstrueuse qu’il n’y paraît.


Un périple autour du monde, qui va conduire la Créature du Marais à travers les États-Unis, mais aussi en Europe de l’est ou encore à Gotham. Elle va rencontrer d’autres monstres, certains de par leur physique, beaucoup d’autres par leur âme, des criminels, des demoiselles en détresse (comme Abigail Arcane), des loups-garou ou encore Batman !


Mais le point de départ, et l’arrivée, restent le même endroit. Cela dit la Créature du Marais qui part et celle qui rentre sont des êtres totalement différents. Comme si ce voyage chaotique et remplis de dangers était comme une sorte de chemin de pénitence, un voyage nécessaire pour faire le deuil de son ancienne vie. Cependant, pas sûr qu’il accepte pour autant ce qu’il est devenu. Mais tout retour en arrière est impossible.


Un récit à la limite de l’horrifique bien souvent, mais qui nous parle également de renaissance, de notre capacité à nous relever de toutes les épreuves. On suit le voyage de Swamp Thing avec un grand intérêt, dès le départ Len Wein nous emporte avec lui et Alec. On lit, on tourne les pages, on ne décroche plus, on voyage avec Swamp Thing, on marche à ses côtés. On ne peut que ressentir toute la frustration qui l’anime lorsqu’il essaie de parler, de porter avec lui la tristesse et la douleur provoquées par sa nouvelle situation. Mais on comprend, que malgré tout, de bonnes choses peuvent découler de cela.


Cette version, la première de Swamp Thing, bien qu’elle soit loin de tout ce qui peut avoir trait à la Sève, au Parlement des Arbres, est d’une richesse incroyable, d’une qualité hors du commun. On comprend pourquoi ces épisodes sont autant appréciés, pourquoi ce comics est un monument de la bande-dessinée. C’est une œuvre culte et magistrale qui se doit d’être lu et savourée. Ce personnage est si puissant, si propice à l’empathie.


Un petit mot sur l’édition, ce tome est juste magnifique ! Je suis absolument fan de cette nouvelle collection. Un tome massif, avec une superbe couverture, continuant sur la quatrième de couverture et une reliure de même couleur. Un sans faute.


Bref, une lecture passionnante ! Que dire de plus ? On frôle le génie, on frise la perfection. Un must have indéniable.

Romain_Bouvet
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 13 mars 2020

Critique lue 142 fois

3 j'aime

Romain Bouvet

Écrit par

Critique lue 142 fois

3

D'autres avis sur Swamp Thing - La Créature du Marais

Swamp Thing - La Créature du Marais
Matpalala
10

Une master class

Premier pas dans l'univers de la créature du marais.Je n'en suis qu'à la moitié de la lecture de cette intégrale mais je peux déjà donner ma note sans l'ombre d'un doute.Je me régale totalement! Le...

le 18 mai 2023

1 j'aime

1

Du même critique

Le Deuil de la famille - Batman, tome 3
Romain_Bouvet
3

Un Joker qui n'en a que le nom, un Batman qui n'en est pas un...

À peine remis de son éprouvant combat contre la Cour des Hiboux, Batman voit revenir son pire cauchemar, le plus terrible de ses adversaires : le Joker ! Et cette fois-ci le Clown Prince du Crime est...

le 14 févr. 2014

17 j'aime

4

Batman : Silence
Romain_Bouvet
4

Trop d’étalages!

Batman Silence ! Le run de 12 numéros du duo Jeph Loeb et Jim Lee, ou comment essayer de faire intervenir le plus de personnages possibles en un court laps de temps. C’est la première chose que l’on...

le 13 déc. 2013

17 j'aime

5