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"Walking Dead" a beau nous tenir en haleine en racontant la survie de quelques humains dans un univers de cauchemar, on se dit, à la longue, que les survivants ne méritent pas tant d'honneur. Outre le fait de réduire en carpaccio pourri les zombies qui veulent les bouffer (ce qui devient une routine, au point que les auteurs semblent instituer un quota de sanies purulentes à épandre au cours de chaque album), les humains passent le plus clair de leur temps ici à se massacrer entre eux, avec toute la gamme des meurtres imaginables : tronches qui explosent, mutilations, décapitations, égorgements, contaminations, écrasements... On pouvait sympathiser pour ces élus de l'Apocalypse tant qu'ils se contentaient d'éparpiller du zombie. Mais ici, bien qu'ils soient très minoritaires dans un monde de morts-vivants, c'est entre eux que se portent leurs appétits génocidaires. De quoi nous rappeler salutairement que notre propre Histoire ressemble comme deux gouttes d'eau à ce suicide collectif prétendument imaginaire.


Evidemment, plusieurs discours-exhortations au combat, au cours du récit, nous prennent par les sentiments: que voulez-vous répondre lorsqu'on justifie la Guerre au nom de la Liberté, de l'émancipation, de l'Espoir, d'une hypothétique égalité à venir, et de la fin de l'exploitation (économique-sociale-sexuelle) par Negan ? Nous n'avons pas changé d'un iota depuis les Révolutions qui devaient nous apporter le Bonheur définitif. Jetez un coup d'oeil sur ce beau monde post-révolutionnaire : voilà où nous en sommes. On va survivre combien de temps dans cette absurdité ?


Negan reproduit le schéma du Gouverneur (on comprend que certains lecteurs se lassent un peu) tout en présentant une psychopathologie un peu différente : c'est un gros musclé primaire et arrogant, qui ne comprend que le meurtre et le sexe, et dont la folie vient de cette dissociation (assez nette dans cet album) entre, d'une part, un discours parfois épris de collaboration et de bons rapports (à son profit, bien sûr), allant jusqu'à des velléités de courtoisie et de prévenance, et, d'autre part, une brutalité meurtrière continuelle, égorgeant ceux qui profèrent un mot de travers sous les yeux de ceux que l'on prétend traiter avec délicatesse. Son langage est saturé de sexualité arrogante et dominatrice, et l'on comprend que Negan trouve des échos dans un public ado masculin mené par la bite 25 heures par jour.


Dans ce milieu hyper-restreint, voire dérisoire, de minuscules clans groupés craintivement dans une dizaine de bâtiments chacun, Robert Kirkman allonge la sauce en subdivisant l'affrontement en différents lieux et différents fronts : on gagne ici, alors qu'on perd ailleurs; le coup des zombies utilisés comme arme est déjà connu, mais ceux qui sont ciblés s'en tirent un peu trop facilement ici (faut bien faire avancer l'action). On anticipe judicieusement les calculs de l'ennemi (ce qui permet de sauter des redites, car il est nécessaire de présenter successivement les points de vue des deux camps). On traite le cas des traîtres et des mous de chaque côté.


Côté personnages, il est inévitable qu'on observe quelques déprimes liés à différents deuils qui surviennent (la guerre, ça fait mal, tous les collabos du monde vous le diront). Ezéchiel se lamente et déprime, et reçoit une baffe de Michonne, qui le traite de "chochotte"; pas sûr que leurs ébats nocturnes se renouvellent.


130 pages d'affrontements . L'absence de perspectives d'avenir sympas rend cet enfermement encore plus lourd à vivre par le lecteur.

khorsabad
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le 28 mai 2015

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khorsabad

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