Spirou et Fantasio-Les mésaventures de messieurs-tout-le-monde

Attention, cette critique étant, en grande partie, du spoil, je vous conseille vivement de lire 'Spirou à New York' avant de lire cette critique.

Si ça ne vous gêne pas d'être spoilés, bonne lecture!

Avec Spirou à New York, Tome et Janry prirent un risque.

Avant toute chose, quelle est l'histoire?

Une "maffia" déguisée en pizzeria à bas prix étant au bord de la catastrophe, cette dernière décide de faire un coup monté à savoir promettre un million de dollars à quiconque trouvera une clé dissimulée dans une des pizze (oui normalement, ça se prononce comme ça au pluriel. Merci les cours d'italien) vendue aléatoirement dans le monde. Le gagnant potentiel serait vu comme un veinard pouvant être un porte-bonheur durant les sales coups de la "maffia" réputée pour sa malchance excessive.

Et devinez sur qui tombe la clé? EUX évidemment!

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S'il y a bien une chose dont personne ne veut entendre parler dans la bande-dessinée destinée à un lectorat familial car vu comme "trop adulte", c'est de l'argent.

Hors, l'élément perturbateur de cette aventure, ou plutôt mésaventure, est que nos deux journalistes préférés en sont réduits à manger une pizza peu chère car n'ayant plus un sou en poche. Pizza à cause de laquelle ils seront contraints d'aller jusqu'à New York pour aller chercher une grosse somme d'argent en désespoir de cause pour régler leurs soucis financiers.

Voilà donc Spirou et Fantasio piégés, bien malgré eux, dans un conflit entre la "maffia" et leurs rivaux chinois où ils doivent, non pas affronter des ennemis, mais s'associer au camp les ayant piégés pour survivre et, éventuellement, tenter de sauver leurs peaux.

On peut y voir ici une critique de la société de consommation/du capitalisme avec des loteries hasardeuses de charlatans promettant le gros lot à n'importe quelle personne dont les poches ne sont jamais pleines et, surtout, étant réduits à les vider pour tenter de les reremplir jusqu'à se faire méchamment anarquer.

Nous avons également droit à une critique du rêve américain avec des gens allant jusqu'en Amérique pour s'enrichir mais déchantant progressivement du rêve américain à travers un humour noir qui n'aurait probablement pas déplu à Franquin.

Et heureusement, contrairement à ce craignaient les éditeurs, ce contenu ne déplu pas non plus au public pour lequel cet album est l'aventure où Tome et Janry se sont réellement approprié Spirou et Fantasio sans les dénaturer.

En dehors de sa satire, Spirou à New York fait également une nouveauté bienvenue: un nouveau méchant charismatique. Méchant de la "maffia" s'appelant Vito Cortizone!

Vachement subtil-_-

Pour mieux résumer ce que ce nouvel antagoniste représente, petite citation de Tchouky et Al qui en ont fait un excellent portrait.

Sa superstition naturelle n'est pas de la paranoïa. Il est réellement incroyablement malchanceux et son seul espoir de pouvoir passer le restant de ses jours à criminaler paisiblement est de trouver un porte-bonheur suffisamment efficace[...]Comme méchant, il peut être campé comme réellement dangereux[...]Il peut être également très drôle sans que ça casse son caractère inquiétant.

De plus, Spirou et Fantasio gagnent en épaisseur dans cet album en se montrant plus humains que dans les tomes précédents. En effet, ils vont jusqu'à se montrer crédules et se font avoir par appât du gain en étant prêts à aller à l'autre bout de la planète pour de l'argent; et, surtout, en se mettant eux-mêmes dans la m*rde et non pas en subissant des e**erdes venant à eux sans qu'ils ne les aient cherché.

Mais, en même temps, peut-on les blâmer étant donné que, le plus souvent, quand nous sommes nous-mêmes "à sec", comme dit Spirou, nous ne savons pas forcément quoi faire dans les situations critiques du quotidien?

En dehors de ses personnages et de sa satire, Spirou à New York vaut largement la lecture pour voir Spirou et Fantasio habillés en gangsters et ses péripéties un peu WTF dans le bon sens (notamment des affrontements à coup de porte-malheurs ou encore le fait qu'il pleut toujours précisément sur tout ce qui appartient à Cortizone) fidèles à l'esprit un peu farfelu de l'ère Franquin.

Après, l'album n'est pas irréprochable pour autant. En effet, il est empli de xénophobie avec un méchant italien et ses hommes de main pas futés. De plus, il est également raciste avec des clichés peu flatteurs sur les chinois qui ne passent plus du tout aujourd'hui.

Tout ça pour dire que, malgré quelques défauts, Spirou à New York est un album à la plaisant et fascinant méritant de se lire bien plus d'une fois.

BlackBoomerang
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le 9 oct. 2023

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