Après avoir longuement hésité à écrire une critique, encore une fois, sur ces comics je me décide à le faire. Après tout sinon je ressemblerais trop à ce branleur de Scott qui fout presque jamais rien de ses journées, se tape pas mal de filles, a pleins d’amis, sait se battre comme un dieu et jouer de la basse… Mon dieu ma vie c’est de la merde !

Inventé par Bryan Lee O’Malley, Scott Pilgrim est un comic en 6 tomes parus à raison d’un tome par an. Autant dire que le bonhomme peaufinait son travail et ce n’est pas pour nous déplaire.
La 1ère chose qui choque lorsqu’on ouvre ce comic c’est son aspect manga. Le chara-design n’est pas sans rappeler un certain Ramna ½ (manga des années 80) et l’agencement des cases, qui varient dans la taille ainsi que l’absence ponctuelle de background ou encore le fait que ce soit dessiné en noir et blanc, rappelle encore une fois les BD japonaises. Bref je suis pas là pour vous faire un cours moi !

Scott Pilgrim raconte donc l’histoire de Scott Pilgrim mettant en scène Scott Pilgrim dans tout un tas de mésaventures toutes plus inventives les unes que les autres. L’histoire de Scott Pilgrim (piqure de rappelle sur le nom de l’œuvre, ça fait jamais de mal) est très inventive, barrée mais aussi mystérieuse qu’attirante. Scott sort avec Knives, fille de 16 ans, mais en fait c’est juste pour passer le temps. Lors d’un rêve il rencontre Ramona (la cheminée) et décide que c’est la prochaine fille qu’il aura dans son lit. Il y arrive sauf que sa nouvelle dulcinée a des pouvoirs spéciaux comme aller dans des espaces… bizarres et des ex, avec eux-aussi des pouvoirs, que Scott va devoir battre pour enfin pouvoir sortir officiellement avec Ramona.

L’intérêt de ce comic n’est pas purement l’histoire même si cette dernière est intéressante et se révèle plus fouillée que prévu. Non ce qui est vraiment intéressant c’est la narration et l’évolution des personnages au cours de l’aventure. Scott a 23 ans mais son âge mental est inférieur à cela. C’est un adolescent encore paumé qui ne sait pas quoi faire de ses journées. Et c’est très bien retranscrit au fil du livre. Mais ne vous inquiétez pas, on ne tombe jamais dans la morosité, Scott Pilgrim c’est une pizza bien garnie qu’on n’hésitera pas à partager avec ses potes car on sait à quel point c’est bon. L’ensemble est ponctué de pleins de références cinématographique ou vidéoludique mais ce n’est pas seulement là pour faire joli ou pour du simple fan-service. Cela fait parti de l’univers ados comme on pourrait dire « Hey t’as vu ça, ça me rappelle truc ou bidule dans tel jeu ». Ce ne sont pas des références putassières, elles servent un propos et rendent plus cohérents l’ensemble qui part parfois dans des délires assez géniaux.

Ces délires sont vraiment savoureux notamment grâce aux dialogues et aux expressions faciales. Effectivement on sent que c’est du langage adolescent qui est utilisé. C’est bourré de références, de blagues graveleuses et autres joyeuseté. L’auteur en profite pour faire un pêle-mêle au niveau des personnages. Wallace est homosexuel, très très fier de l’être par ailleurs, très porté sur le sexe en plus d’être sarcastique. Je ne veux pas dévoiler toute la galerie mais ils sont tous à croquer car jamais parfaits mais toujours écrits sous une plume acerbe et juste.

En dehors de ça, les personnages sont très bien travaillés et ce sur tous les points. Ils ont tous des qualités et défauts qui les rendent presque humains. On sent qu’O’Malley aime pointer du doigt les idioties de ses protagonistes, il s’en amuse et amuse le lecteur en même temps ce qui est, bien sûr, délectable ! Les plus gros fanas d’internet y verront aussi de nombreuses répliques qui aident à ancrer l’action dans une forme de réalité. Mais en plus les personnages sont tous très facilement reconnaissables. Pas besoin de regarder les coupes de cheveux pour voir qui est qui, les expressions faciales sont vraiment hilarantes et servent à merveille les scènes d’humour. L’humour est d’ailleurs très bon mais je n’aime pas aller sur ce terrain là, souvent trop personnel.

Mais ce qui est vraiment plaisant avec ce comic, c’est l’évolution ressentie à chaque tome. Non seulement l’auteur s’améliore mais les personnages, les situations, les dialogues deviennent de plus en plus travaillés à chaque fois. Les relations se compliquent, l’intrigue s’intensifie et l’ensemble devient de plus en plus grisant. La montée en puissance est réellement bonne et le dernier tome vient mettre un point d’honneur à tout cela en concluant de manière tout à fait satisfaisante sans être transcendante.

J’avais pourtant vu le film avant de lire les comics et j’ai été agréablement surpris de constater deux choses. Tout d’abord en lisant les livres j’avais l’impression de redécouvrir l’univers donc je ne ressentais pas de distance entre l’œuvre et moi et enfin le film est très bon en fait. Il s’agit d’une excellente adaptation car Wright a su retranscrire l’univers et toutes les idées du comic en les adaptant à sa sauce. Fort le bonhomme.

Au final ce fut plus difficile que prévu de lâcher ces attachants personnages et leur univers barré. Scott Pilgrim rappellera à beaucoup de bons moments de leur vie ou de loose complète. Ce comic ne se la raconte jamais et ne prétend pas avoir un propos, il se finit juste d’une belle manière avec plusieurs personnages vulnérables qui croient en un meilleur futur. Au final c’est un excellent divertissement qui aura su rester court pour concentrer un maximum ses, très bonnes, idées et qui nous laisse avec le sentiment du devoir accompli.
Sur ce je vais siroter tranquillement mon café en jouant à la console.

(Critique de l'ensemble de la série)
Ray
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le 11 août 2014

Critique lue 652 fois

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