Dans un univers Marvel qui traque les héros non enregistrés, Daredevil, à l'identité plus ou moins connue de tous, doit faire face à une nouvelle vague de violence aveugle dans son quartier. Sur fond de guerre de gangs, un ennemi d'antan prépare une vengeance machiavélique, aux répercussions perverses et sans limite morales. Peu importe le sang qui coule, les âmes brisées et la fureur des innocents, la peur elle-même s'en prend au démon de Hell's Kitchen, ravageant une fois de plus sa vie, annihilant sa stabilité mentale.
Arc excellent, mené d'une main de maître de bout en bout par un Brubaker qui se réapproprie les thèmes classiques de déchéance de DD avec brio, sachant y intégrer sans forcer la continuité Marvel de l'époque (Registration Act, vengeurs en fuites, l’ascension de Hood en nouveau Caïd...).
L'antagoniste, à défaut d'être une création, n'aura jamais autant brillé, ni avant ni après cette histoire, et mériterait rien que pour elle d'apparaître au panthéon des grands méchants du héros. Charismatique, cinglé, chef de gang et rancune personnel, Mister Fear est un ouragan de chaos et de folie dans la ville du démon. Véritable Moriarty inarrêtable, son plan suit son cours, étape après étape, dévastant la vie d'un Murdock dépassé.
Je déplore toutefois l'obligation, quasiment éditoriale, de faire de cet arc un requiem pour Milla Donovan. Comme tant d'autres femmes de sa vie (et la liste est très très longue), Marvel a voulu l'effacé. Je n'avais pas une réelle affection pour elle, mais on sent ici la puissance de la continuité statique du comics mainstream et c'est comme toujours quelque chose d'assez décevant.