Historique et classique

Ce manga, tout en paradoxes, ne fera pas l'unanimité.

Il apparaît au lecteur distrait d'un classicisme insolent. Reprenant les vieilles ficelles posées par Saint-Seiya ou Dragon Ball Z avant lui, le héros et sa bande vont affronter des ennemis de plus en plus forts et vont triompher grâce à leurs techniques de plus en plus puissantes. Tout au long des 38 tomes les valeurs classique du manga pour adolescent seront exaltées : amitié, dépassement de soi, confiance en l'autre, valorisation du travaille d'équipe et de l'effort personnel, etc. Enfin, et comme pour ses modèles, l'intérêt principal de SDK se situera dans ses personnages hauts en couleurs.

Cependant, le classicisme, déjà fort appréciable à mon sens, s'arrête là.

Tout d'abord, les personnages que nous présente Kamijyo sont bien éloignés du modèle shonen classique (id est, le jeune plein d'espoir et son acolyte plus sombre). Le héros est un criminel de guerre alcoolique qui menace de violer la cruche de service. Sa bande est composée de ronins qui défendent une philosophie protonietzschéenne (les forts tuent ; les faibles meurent). Fait assez rare pour être souligné, ces personnages plairont autant aux garçons qu'aux filles, ce qui fait de SDK un manga s'adressant à un public mixte.

L'aventure se déroule dans un cadre historique ce qui est, il faut bien l'avouer, assez osé dans un pays qui, il n'y a pas si longtemps, élevait son Histoire au rang de mythologie nationale. L'auteur se permet bien des simplification et beaucoup d'anachronisme mais cela rend l'oeuvre plus dynamique. La seconde partie du manga décroche d'ailleurs complètement du roman national japonais pour se concentrer sur une théorie du complot simple mais sympathique.

L'humour, omniprésent, tranche avec le sérieux des problématiques abordées et la violence du monde dans lequel les personnages évoluent.

Le style graphique, novateur et agréable, rappelle, par certains aspects, l'estampe japonaise. L'auteur, maniant fort bien l'aquarelle, nous offre de sublimes pages colorisées et des couvertures de toute beauté. Il n'hésite pas non plus à faire prendre à ses héroïnes des poses suggestives pour le plus grand plaisir du lectorat masculin.

Un manga à la fois classique et original, qui sait rendre hommage à ses maîtres tout en apportant des nouveautés non négligeables. Un anachronisme sur le fond comme sur la forme qui ne plaira pas à tout le monde mais qui aura le mérite de marquer les esprits.