Avant de commencer cette critique, on est d'accord... on est d'accord que le titre de ce manga n'est qu'un assemblage aléatoire de mots en anglais, non ? Hum, pardon...


Samidare : Lucifer and the Biscuit Hammer est un manga qui souffle le chaud et le froid.


L'histoire est celle de Amamiya Yûhi, jeune étudiant qui est réveillé, un beau matin, par un lézard qui lui demande "de protéger sa princesse des forces du mal et de protéger la Terre de la destruction". Il réagit donc comme n'importe quel être sensé le ferait : il balance le lézard par la fenêtre ! Avant que ce dernier ne revienne à la charge ! Dès le départ, on sent que Samidare : Lucifer and the Biscuit Hammer ne sera pas un manga comme les autres. Car Amamiya ne sera pas le seul impliqué dans cette guerre du bien contre le mal, douze chevaliers animaux (chacun ayant son animal emblème, sa psychologie mais aussi son passé propre) et une jeune fille du nom de Samidare, devront affronter les douze marionnettes de boue de l'incantateur Animus dont le but est simplement de détruire la Terre à l'aide d'un gigantesque marteau : le Biscuit Hammer... c'est bon, vous suivez ?


Derrière ce pitch on ne peut plus shonenesque se cachent en réalité des subtilités qui apparaitront au fur-à-mesure de la série (qui ne compte que 10 tomes). La première d'entre elles, est sans doute la "quasi" absence de manichéisme dans l'histoire où certains protagonistes (oui, il est bien question de "héros") développent une moralité plus qu'ambiguë et ce, dès les débuts de l'histoire ! Les camps ne sont pas figés et leurs motivations sont très différentes. Ces héros voient d'ailleurs leurs pouvoirs (les orbes tactiles qui sont des pouvoirs télékinésiques conférés par leurs mentors animaliers et qui sont les seuls moyens de lutter contre les marionnettes de boue) et leurs objectifs évoluer tout au long du récit.
La justification apportée pour la cohésion de cet univers est très intéressante : s'il n'y a que 12 élus, c'est parce que les chevaliers animaux sont un peu plus stupides que la normale et qu'ils sont plus enclins à accepter l'existence des phénomènes paranormaux par rapport à quelqu'un de sain d'esprit. Cette justification - apporté par l'un des animaux - nous révèle déjà que les protagonistes sont en mesure d'évoluer différemment de personnes saines d'esprit.
Ainsi les personnages changent et dans les rares cas où ils ne le font pas, l'univers de Samidare : Lucifer and the Biscuit Hammer leur rappelle que la mort peut frapper n'importe qui, n'importe quand. C'est ainsi que le récit lorgne de temps à autres du côté des seinen (un bon point pour certains éléments du scénario amenés qui, sans atteindre le niveau d'un 20th Century Boys ou - mieux - d'un Dorohedoro, parviennent à piquer notre curiosité).


L'ambiguïté de certains passage est encore renforcé par le côté ridicule des chevaliers animaux qui sont - pour la plupart - représentés sur la tête des humains qui les servent, et certains running gags qui font appel à eux.


personnellement j'adore le coq niché sur la tête de cette pauvre gamine, ou le serpent, qui ne cesse de mettre les "pieds" dans le plat


Sur l'aspect visuel, Samidare : Lucifer and the Biscuit Hammer se démarque. Le trait du mangaka semble hésitant par moment, voire maladroit, alors que certaines scènes (notamment la baston) sont très bien rendues et dynamiques. On pourra noter aussi un fan-service, un peu lourdingue par moment mais qui sait se faire discret dans les moments clés.


Dans cette critique, j'ai volontairement fait l'impasse sur un élément central du scénario : la princesse Samidare. Je n'ai pas jugé bon de développer plus son histoire ici, car cette dernière a en fait sa propre dynamique, à "l'extérieur" de l'histoire principale. Bref.


J'aimerai adresser une mention spéciale à l'édition française de qualité qui nous propose des pages couleurs mais qui a aussi proposé 2 couvertures différentes : l'originale, blanche avec des portraits des principaux protagonistes (très orienté shonen) et la nouvelle, où ces personnages posent, grimés en chevaliers, dans un décor plus sombre.


Au final, le manga prend le temps de conclure après l'affrontement final, mais n'y parvient pas de manière aussi concluante que Le monde de Ran (meilleur conclusion EVER !), c'est néanmoins un effort appréciable après les fins bâclés qu'on nous sert généralement dans ce milieu. La seule chose que je regrette dans ce manga original, c'est qu'il ne semble pas aller aux bouts de ses idées. Certains personnages connaissent une évolution intéressante et semblent à même de s'émanciper des archétypes qu'on a l'habitude de voir, mais c'est pour mieux replonger dans le côté consensuel du shonen. Enfin ne vous arrêtez pas sur le tome 1, pas représentatif de la série.


Dommage pour un manga qui, au final, semble avoir le cul entre deux chaises !

Saudade
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les 120 meilleurs mangas (d'après senscritique)

Créée

le 14 avr. 2018

Critique lue 429 fois

3 j'aime

Saudade

Écrit par

Critique lue 429 fois

3

D'autres avis sur Samidare : Lucifer and the Biscuit Hammer

Samidare : Lucifer and the Biscuit Hammer
Khonda
8

"Je te souhaite bonne chance. Et je compte sur toi pour sauver la Terre, ok ?"

Samidare seule série de son auteur, Satoshi Mizukami, à être parue en France est un titre atypique, malheureusement passé inaperçu la faute à un manque de visibilité de son éditeur Ototo, très jeune...

le 24 févr. 2016

7 j'aime

4

Samidare : Lucifer and the Biscuit Hammer
Saudade
8

Un vent de fraicheur souffle sur le shonen

Avant de commencer cette critique, on est d'accord... on est d'accord que le titre de ce manga n'est qu'un assemblage aléatoire de mots en anglais, non ? Hum, pardon... Samidare : Lucifer and the...

le 14 avr. 2018

3 j'aime

Du même critique

Nichijou: My Ordinary Life
Saudade
9

This is madness!!

Nichijou n'a pas - à proprement parler - de trame narrative, c'est une série "tranche de vie", une comédie scolaire déjantée façonné par le kawaii. Alors déjà si vous êtes réfractaire à l’humour...

le 26 nov. 2013

8 j'aime

4

Xenogears
Saudade
10

Jeu interdit

Voulant depuis un certain temps me mettre aux RPGs de légende que compte la PSOne - Valkyrie Profile, Crono Cross, Vagrant Story, Suikoden, Wild Arms, Grandia, ect... - j'ai eu le malheur de...

le 16 mai 2012

8 j'aime

Planescape: Torment
Saudade
10

Qu’est-ce qui peut changer la nature d’un homme ?

Objectivement je ne devrais pas noter ce jeu 10/10. Le scénario est certes génial et n’aurait pas à rougir de la comparaison avec Xenogears, mais le scénario ne fait pas tout, enfin dans un jeu...

le 26 juin 2013

8 j'aime

4