Si on oublie qu’il y a Vivès au dessin (et partiellement au scénario), on oubliera probablement les quelques cases pas tout à fait indispensables d’un corps féminin nu pas tout à fait majeur. Oubliera-t-on aussi que Vivès est capable de mieux ? En tout cas, le style graphique de Quatorze juillet est du Vivès pur jus, tout en visage sans yeux et en quelques lentes et courtes scènes muettes.
On notera par ailleurs que l’album fait suffisamment appel au non-dit et au hors-cadre – pour que l’amateur de bande dessinée intelligent en fasse son miel. Du reste, le scénario est suffisamment ambigu pour qu’indifféremment les lecteurs du Journal du dimanche et les militants de la Ligue des droits de l’homme les plus bas du front adorent ou détestent l’album, le tiennent pour un abominable et naïf objet de propagande bobo-gauchiste ou pour un abject pamphlet réactionnaire – ambiguïté qui me semble une forme de provocation clairement plus intelligente qu’un appel au meurtre assorti de quelques insultes de niveau CE2.