On pourrait dire "graves conséquences" c'est moins fort que "conséquences graves"

Ce qu'il y a d'agréable avec un tome 2 bien pensé, c'est que l'auteur n'a plus besoin de présenter ses personnages, il nous plonge directement au cœur de l'action. Avec Quai d'Orsay : Chroniques diplomatiques : tome 2 Blain & Lanzac ont réussi le tour de force de faire mieux, bien mieux que le premier tome, pourtant excellent.


Avec ces personnages bien campés, Alexandre Taillard de Vorms en tête, mais également notre témoin narrateur Arthur Vlaminck qui reste le seul affublé de ses émois personnels, ainsi que toute la clique du précédent tome (plus des petits nouveaux), ce second opus nous plonge au cœur de l'affrontement diplomatique entre les Etats Unis et la France en 2003 pour savoir si oui ou non, les USA raseront l'Irak, pardon, le Royaume de Lousdem, avec un mandat de l'ONU.


L'album se conclue d'ailleurs sur le dernier coup d'éclat en date de la diplomatie française, ce discours plein de ferveur de De Villepin qui a fait le tour du monde. Si la filiation était évidente depuis le début de l'aventure, cette page pleine retranscrivant ce moment d'anthologie exprime clairement le fait que la fiction n'a pas lieu dans cette bande dessinée. "Chronique" est le bon terme, les changements de noms ne sont que de vagues couvertures pour se permettre les gags à la marge sans risquer de se faire attaquer pour diffamation.


Car les gags sont là. L'histoire dense et tendue n'empêche pas les franches rigolades (bon sang qu'est ce que j'ai pu rire). Mieux, elle les déclenche. Des passages épiques parsèment l'album avec en fer de lance ce ministre survolté affublé de cornes mythologiques. Le premier tome avait ce moment magique où Taillard de Vorms comparait la puissance d'un discours avec la force narrative d'une planche de Tintin... Le présent tome plonge carrément dans une comparaison avec le mythe de Thésée et du labyrinthe de Dédale... Exceptionnel.


Le diptyque Quai d'Orsay : Chroniques diplomatiques mérite indéniablement son succès d'estime comme populaire. S'il perdra forcément de la superbe au fur et à mesure que les consciences oublieront ces péripéties de guerres feutrées entre ministères et secrétariats d'état, il gardera ce souffle, cette dynamique dans le trait, accompagné de dialogues savoureux, toujours justes, et ses personnages tous plus vrais que nature, entre animaux politiques furibonds et bureaucrates faussement glacés, tous débordant d'émotions diverses, que le dessin retranscrit parfaitement.


Un must.


Critique du tome 1

Hypérion
9
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes BD critiquées notées 9 et Procurer à Torpinou des chefs-d'oeuvre pour qu'il pourrisse leurs moyennes SC, check

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le 24 janv. 2012

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Hypérion

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