Ping Pong
8.5
Ping Pong

Manga de Taiyō Matsumoto (1996)

Je n'ai jamais vraiment apprécié les shônens. Pourtant, il y a des choses à sauver dans le genre : le désir de puissance, la rivalité, l'affrontement décliné à l'infini sont des choses qui ne suicident pas une oeuvre et qui pourraient s'avérer volontiers intéressantes. Elles sont centrales dans Ping Pong.
Heureusement, Ping Pong est un seinen. Ou alors un shônen adulte, c'est selon.

Difficilement classable, ce manga en 5 tomes de Taiyou Matsumoto, mangaka au style particulièrement marqué par rapport à ses confrères, traite comme son titre l'indique du tennis de table. Deux héros, deux joueurs, deux figures opposés : Péko et Smile. Deux positions fortes sur le plan de l'attitude, deux manières d'être : deux styles de jeux. Et surtout, deux rapports au jeu, deux rapports à soi et à l'autre.
Cette opposition est déclinée de manière magistrale tout le long du manga, elle est le pilier du scénario et elle permet d'aller plus loin que la simple exaltation de force que procure le sport et le combat qu'il implique.

Ping Pong est une véritable réflexion sur le jeu, la discipline, la compétition, le talent. Péko et Smile ne sont pas les seuls personnages sur lesquels cette réflexion s'appuie : d'autres joueurs vont également montrer leur rapport au sport (chacun a une couverture de tome dédiée), montrant les cas oubliés des disciplines ; Ping Pong tente de traiter, dans la mesure du possible, de toutes les situations dans lesquels un joueur peut se trouver. Néanmoins, hors de la réflexion, un dynamisme visuel et scénaristique est central, il donne une impulsion hors du commun à cette oeuvre de l'énergie, de la fureur furtive, en match comme en dehors des gymnases. Pas étonnant qu'on enchaîne les tomes à vitesse grand V, on est tellement porté par la vitesse jouissive et saine du manga ...

Toujours, ce dessin si particulier de Matsumoto, qui parait bancal et pourtant, on le sent secrètement, est parfaitement logique, valide sur le plan de l'espace. Ces lignes bizarres, dures, tordues, ces perspectives inattendues, énervées, comme ivres ; voilà ce qui confère à Ping Pong un style visuel unique, comme ceux de tous les mangas de Matsumoto. Et ce parti pris fait sens, plus que jamais : les personnages qui doivent sans cesse, dans le sport qu'ils exercent, faire attention à leur équilibre sont plongés dans un univers visuel ou il semble sans importance, comme s'ils en étaient libérés dans ces cases.

Et enfin, cette thématique du héros, de celui qui ira plus loin que tous les autres et en qui tout le monde croira, même ses adversaires. Du héros qui sauvera tout le monde.

Qui sera le héros ? Pour le savoir, lisez ! C'est l'un des meilleurs mangas que j'ai lu à ce jour, et probablement le meilleur manga sportif que je lirai jamais. Donc jetez-vous dessus.
Eterney
9
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Créée

le 15 mai 2012

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Eterney

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