Tu ne dois pas manger les hommes. Même si nous sommes de la même espèce qu'eux. Les humains ne mangent pas leurs semblables. C'est ce qui les différencie des animaux. Es-tu un animal, Petit ?



Ce premier volume de la série Les Ogres-Dieux nous raconte l’histoire de Petit, un géant à peine plus grand qu’un homme. Cette BD narre la jeunesse du personnage à partir de sa naissance et établit au fil du temps sa généalogie. Elle nous présente également toutes les difficultés du personnage pour s’intégrer à sa familles.


A première vue cette BD m’a un peu fait penser à la Théogonie d’Hésiode, par la présentation généalogique de la lignée des Ogres-Dieux. Mais aussi à un conte intitulé Minus Megali, le petit géant, du fait que le père (qui est un géant) rejet son fils dès sa naissance à cause de sa taille humaine, et que la mère élève en secret.


La toute première planche m'a rappeler La Cène de Léonard de Vinci même si nous sommes très éloigné du banquet. L'espace autour est immense et représente une salle avec un haut plafond supporter par des statues gigantesques. Cette planche introduit très bien le sujet principal de la BD, à savoir la question de dimension et de taille, de pouvoir et d’orgueil. En tournant la page on y voit en gros plan des personnages en train de manger. Un peu banal comme scène me direz-vous mais lorsqu'on observe de plus près on remarque que tous les plats présents sur la table sont uniquement composés d'humains. Humains également présents pour servir ces géants et qui fourmillent partout.


Le jeu des dimensions dans la représentation des personnages est assez impressionnant. On passe parfois d’un géant à l’autre avec un différence de hauteur incroyable entre les deux. Cela est d’ailleurs bien amené grâce aux dispositions des planches, pour faire en sorte que le lecteur soit étonné. La représentation de la grande salle nous permettent aussi d’imaginer le premier roi géant à s’être proclamé Dieu, le plus grand de son espèce, puisque le château est à sa grandeur. Les autres géants que nous voyons au fil de l’histoire nous paraissent alors bien minuscule par rapport à cette vaste immensité.


Les détails des dessins sont vraiment très minutieux. On prend plaisir à observer les différents éléments même si ceux-ci représentes plutôt des choses macabres sans pour autant que cela ne soit sanglant. Le fait que la BD soit en noir et blanc contribue d'ailleurs à cette aisance.


La violence est tout de même présente dés le début et tout au long de l’histoire mais sous d’autres aspects et par d’autres moyens. On peut notamment noter la cruauté et la violence qu’ont les membres de la familles royale entre eux.


On peut par exemple relever le moment où la reine accouche sans le savoir, de Petit, le personnage principal de l’œuvre, et dont les frères et père veulent dévorer immédiatement. Ou encore la ferme d’humains, où des êtres humains sont élevés dans le but final de nourrir les géants de la famille royale.


Les différentes histoires ou récits de chaque membre de la famille (qui sont racontés en prose) nous permettent de mieux connaître la généalogie du personnage. Ces récits aux allures de contes viennent rythmer la BD et mélange ainsi texte écrit et dessin. Nous avons en tout six récits, un par membre principal de la famille royale : Desdée (la tante), le Fondateur (le créateur de cette lignée royale de géants), Émione (reine actuelle et mère de Petit), le Roi-Dieu (le plus grand des géant qu’il put exister), Coor (l’oncle explorateur), et Éliabaal (le Roi-Philanthrope). Ces différents récits, selon l’histoire qui nous est racontée, aurait été écrit par la reine Émione. Ils nous permettent de mieux comprendre les enjeux et toutes les problématiques liés à cette famille.


Ils présentent aussi la lignée comme étant dégénérescente et s'appauvrissant à cause que la consanguinité, rendant ainsi le géant de moins en moins grand au fil des générations et avec une durée de vie moins longue.


Pour ce qui est du personnage principal, à première vue je pensais que celui-ci serait plus aventurier et en contradiction avec les traditions de ces aïeuls (une action plutôt attendue) qui portant voulaient le dévoré mais il tend au contraire à s'intégrer à eux tout en s'en éloignant. J'avais parfois un peu de mal à cerner ce personnage assez contradictoire.


Par exemple, il ne rechigne pas à manger de la viande humaine, alors que sa tante, qui l'a élevé, lui a appris à ne pas être un animal qui mange les membres de son espèce. Mais en même temps, d'un autre côté il ne veut pas s'accoupler avec des humaines car l’accouchement de ses enfants géants tuerait la mère.


J’ai trouvé la fin assez inattendue, tragique et surprenante car au final aucune leçon n’est retenu. Une dernière citation qui résumé très bien l’histoire :



Mange ou sois mangé.


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le 11 févr. 2022

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