One Piece
7.7
One Piece

Manga de Eiichiro Oda (1997)

Break of Romance Dawn— !!

Pavé César (Clown), ceux qui ne liront pas, je vous salue.

One Piece, c'est un nekketsu qui a commencé sa parution dans le Shonen Jump en 1997, alors dessiné par l'insoupçonné Eiichiro Oda – qui avait déjà publié quelques one-shots et raclé quelques prix pour ses travaux au passage avant –, grand passionné de piraterie. Par piraterie, n'y voyez ni éthiopiens armés d'AK-47 sur une barque de fortune, ni des barbares pilleurs crados qui saccagent tout ce qu'ils peuvent quand ils le peuvent. Non, les pirates selon Oda, ce sont de bons rêveurs emplis d'ambition aveugle, qui se laissent aller et guider à l'appel de la mer et de la grande aventure sans se poser de question, parce qu'ils ne vivent que pour ça, le genre à partir faire la chasse au trésor pour le fun, pour leurs rêves. Et pour rien n'y renonceront.
One Piece, c'est l'histoire des aventures de Luffy, et son équipage, dans sa quête d'aspirant au titre de Seigneur des Pirates. J'y vais franco, cette critique sera un hommage à l'œuvre qui m'aura le plus fait chavirer dans ma vie (pas bien fournie), celle qui n'aura à aucun moment cessé de me transporter, dans son monde aussi barré que démesuré, tout le long de sa parution. Ce ne sera pas un hommage de fanboy non, mais un condensé de tout ce qui fait que j'ai pleinement aimé ce manga tout simplement dantesque ; à ma grande habitude ça restera une critique nuancée et rédigée avec le plus de recul possible de ma part.

J'aimerais tout de même dire que trouver par quoi commencer cette critique, et même me mettre à la rédiger en fait, a été atroce et importun pour moi : l'opposition entre ma flemme, mon inspiration purement rédactionnelle proche du néant, et mon envie irrésistible de partager tout ce que j'ai à dire sur One Piece. J'y songeais depuis des mois à vrai dire, voulant initialement marquer le coup à l'occasion de l'introduction du Nouveau Monde dans le manga. Et je n'ai jamais lu une seule critique qui ait réussi à retranscrire tout ce que je peux penser du manga phare d'Eiichiro Oda, et même du Japon. One Piece étant désormais une part intégrante de la culture japonaise, tous les nippons lisent et vivent One Piece, presque une religion, et a explosé Dragon Ball sur les chiffres depuis un bon moment. On me disait : « Mais mon brave Kosaki, pourquoi ne pas t'y ateler espèce de pauvre chieur de groseille jamais content ? », et je vous entends les mecs, et je m'y atèle de suite – faudra pas se plaindre après que ce soit un peu long, je traiterai absolument TOUT ! –. One Piece, succès et engouement mérités ? Carrément. Et sans plus attendre...


(Critique rédigée le 30.09.2012. Dernier tome publié en France : Tome 63. Dernier chapitre publié au Japon : Chapitre 682.
Les SPOILERS n'iront pas plus loin que le tome 63. Je noterai tout de même les spoilers majeurs par des balises pour les inconscients, bonne lecture.)


• AUBE ROMANTIQUE, WAT ?

Commençons donc par le début – oui, tout ça pour commencer comme ça, fuck yeah ! –, Monkey D. Luffy a 17 ans, et depuis qu'il est môme et qu'il a acquis cette faculté géniale, mais qui est aussi assez encombrante selon les individus concernés, qu'est la parole : il clame haut et fort qu'il sera pirate, mieux, le Seigneur des Pirates, dont le titre était autrefois donné à, et désigné pour Gold Roger, le pirate qui a bravé Grand Line et en a vu le bout, et donc tout ce que le monde du manga a à offrir. Le pitch est très classique et a déjà été revu à toutes les sauces. Le nom du manga tient du but initial de notre héros au chapeau de paille emblématique, puisque pour prétendre au titre de nouveau Seigneur des Pirates, il faut dénicher le fameux One Piece, prétendu trésor – dont on ne sait rien – laissé par Gold Roger à Rough-Tell, dernière île de Grand Line, « La route de tous les périls », la mer – enfin comment appeler une portion d'océan qui fait le tour complet du globe ? – où l'essentiel de l'histoire s'y tiendra pour lieu. Double objectif par ailleurs, puisque ce chapeau de paille en fait, il appartient à Shanks, grand ami pirate de Luffy qui l'inspire et qui en est son idole, navigant quelque part sur Grand Line, qui a tout de même sacrifié un bras pour sauver le garnement des crocs d'un monstre des mers. Luffy devra le lui rendre (son chapeau, pas son bras hein) quand il aura atteint son objectif. Et de surcroît, il a avalé un des « Fruit du Démon », celui du caoutchoutier, il ne peut plus nager – embêtant pour un pirate non ? – mais peut désormais s'étirer à volonté, et ce sera son super pouvoir de héros de shonen de la mort qui tue. Ajouter à cela qu'il n'est pas spécialement intelligent, et n'a pas plus une carrure de badass, mais il est extraordinairement con, glouton et on ne peut plus « banal ». Toujours bien classique, toujours pas bien original hormis sur le contexte traité, c'est bien nappé de sauce shonen, l'aventure sera parsemée d'embûches et d'événements plus ou moins embêtants pour Luffy, on se le ramasse à tous les coups, mais c'est sincère, posé sur la table, et pas d'ambiguïté là-dessus. Voilà pour la pas si brève introduction du manga, ne vous inquiétez pas, je ne compte pas tout raconter du récit point par point ici. La petite subtilité là-dedans cependant reste que Luffy n'est pas spécialement tape-à-l'œil dans son apparence, pour un shonen édité par la Shūeisha, c'est assez original en compensation, et d'ailleurs au début ils n'en voulaient juste pas. Mais finalement, sans rentrer dans plus de détails, c'est passé, et aujourd'hui c'est une icône du Jump, comme quoi.

Même si les shonen présentent globalement toujours la même construction sans forcément briller au niveau de leur trame et de leur narration, malgré tous les contre-exemples qu'on peut me citer qui font exception et qui de toute façon changera en rien à ma critique ici, c'est ce qui garnit ce fil de base qui permet de différencier tel ou tel shonen. Certains diront que le shonen est un genre pauvre, c'est peut-être le cas, mais One Piece se présente à mon sens comme une œuvre pléthorique, mais jamais inutilement trop fournie, qui détruit les barrières du shonen, pour l'amener vers une certaine noblesse, et surtout richesse. Oda le doit à sa pléthore d'idées et de sa connaissance quasi-parfaite des codes du shonen : en (sur-)user pour les arranger à sa sauce et de fait mieux les exploiter et manipuler, ce qui lui donne un style incomparable aux autres mangaka. Un style qui part dans un délire très présent et prononcé, et auquel il faudra s'accrocher, et constamment s'y tenir, puisqu'il ne changera jamais l'itinéraire qu'il s'est fixé en cours de route, pour virer vers quelque chose de plus « mainstream » dans sa construction et structure. Autant dire que si vous n'accrochez pas, vous n'accrocherez sûrement jamais si vous n'y donnez pas du vôtre pour entrer dans cet univers distordu, mais somme toute rigoureusement cohérent et maîtrisé tout le long. J'essaierai d'approfondir mon propos tout le long des lignes qui se profilent plus bas.

• POWAAFUL FRIENDS

Intéressons-nous maintenant aux protagonistes – Mais bordel, j'ai déjà écrit tout ça et je commence à peine à aborder les personnages ! On n'est pas encore au bout de nos peines –, en commençant par les premiers membres de l'équipage de Luffy, le roster des 11 premiers tomes, dans l'ordre : Roronoa Zoro (en VF : Zorro), bretteur aux trois sabres (!), déterminé et un affligeant sens de l'orientation, Usopp (Pipo, nom peu commode et moche, comme l'est Usopp pour un japonais, mais subtilement traduit tout de même), mythomane pathétiquement lâche, aux chevilles gigantesque et au nez long (qui a dit Pinocchio?) mais un don pour le tir à portée, Sanji (Sandy, et alors là Glénat a vraiment déconné sévère), talentueux cuisinier au grand cœur, prêt à l'offrir à toutes les représentantes de la gente féminine qu'il pourra croiser – du moment qu'elle ait un nice body – , et enfin Nami, indispensable navigatrice, aussi douée pour tracer des cartes et en météorologie que pour dépouiller quiconque la croise et négocier serré, en bonne (!) avare on ne peut plus radine – c'est en plus la seule fille de l'équipage et la seule susceptible d'intriguer à ce moment-là de One Piece, une métaphore sauvage apparaît peut-être là-dedans, je dis ça je dis rien –. Des compagnons, nakama pour les intimes un peu kikoojap puristes, qui ont tous leur petite personnalité et leurs caractéristiques propres, et qui forment un équipage en somme plutôt hétéroclite, dans le sens où rien ne laisserait vraiment penser qu'ils puissent se regrouper en temps normal, si ce n'est leur ambition, qui s'avère être rarement un critère de choix prédominant quand on se cherche des amis. C'est cependant cette ambition en canon qui les unira tous, bien aidés par l'emballement naturel et compulsif de Luffy.
En effet, chacun d'eux a droit à sa petite histoire qui se composera les premiers arcs du manga, d'un point de vue scénaristique pas bien trépidants, mais reste tout de même d'une bonne sympathie à lire. Cela dit, l'arc réservé à Nami a eu droit à un traitement très fin et le plus travaillé jusqu'alors à ce niveau de l'histoire, qui marque l'entrée de One Piece dans la cour des grands, ça rigole plus attention. Chacun a aussi droit à son passage qui exposera leur background, en général toujours plutôt touchant et frappant – parce qu'il faut bien une bande de winners un minimum travaillés – sans s'étendre trop longuement, et qui est toujours lié à leur rêve, ce souhait qui les poussera à rejoindre l'aventure auprès de Luffy. Respectivement ils veulent être le plus grand bretteur du monde, un vrai bonhomme des mers – Energy 3000, la boiss… je m'égare – , découvrir All Blue – l'océan qui regorge de toutes les variétés de poissons cuisinables –, ainsi que dessiner une carte complète du monde. Ils visent le top du top, et c'est ce qui nous invite à les suivre de près, et à s'attacher à chacun d'eux, et au final faire l'unanime constat qu'ils ne peuvent qu'être tous ensemble – tous ensemble ! HE ! HE ! … –, réunis à partager tout ça ensemble, et pour atteindre leurs objectifs distincts, et en plus ils ont pour capitaine le futur Seigneur des Pirates autoproclamé, il fallait bien ça. On ne doutera par ailleurs et absolument JAMAIS qu'ils réussiront, l'intérêt et ce qui rend le trip pertinent dans tout ça est bien de savoir comment et quand ils réussiront.

Plus tard, ils seront rejoints par Tony Tony Chopper, le petit renne humanisé, par le pouvoir d'un Fruit du Démon, médecin – oui, oui, l'atout kawaï du manga qui fait vendre une ribambelle de goodies à la pelle – naïf, insouciant et altruiste il s'assure de la bonne santé de la bande. Nico Robin, l'archéologue cynique de l'équipage souhaitant retrouver les traces et percer le mystère qui entoure l'histoire du « Siècle Perdu », elle aussi doté d'un Fruit du Démon, celui de l'éclosion qui lui permet de faire pousser des fleurs (sous forme de membres) et se battre avec. Franky, le SUPERRRR mécano cyborg über funky, l'agent de maintenance certifié à bord, il souhaite, au plus profond de lui, réitérer l'œuvre de son ancien mentor, à savoir construire et faire naviguer le plus robuste des navires, et mener Luffy vers le One Piece avec. Et enfin Brook, musicien dont il ne reste que le squelette d'apparent, mort à priori, les pouvoirs d'un Fruit du Démon l'immortalise et le garde parmi les vivant, musicien cocasse et pervers engagé dans l'équipage, Luffy arrêtera par ailleurs ENFIN de nous soûler avec le musicien qu'il veut depuis le début, qui veut quant à lui honorer sa promesse faite à Laboon, son pote baleine mélomane resté à Red Line, la promesse de le retrouver après son périple sur Grand Line. Son ex-équipage s'étant fait décimé, et gisant à l'abandon seul sur son épave quelque part sur cette mer, avant que l'équipage des Chapeau de Paille (Mugiwara pour les intimes, et faut avouer que ça claque plus en jap) ne tombe sur lui. Paradoxalement il est sûrement le membre le plus jovial et bon vivant du groupe. Ces derniers respectent également la règle à laquelle tous les autres ont aussi suivi, ils ont leur propre personnalité, leur petite histoire et arc consacrés à leur introduction, et leur instant background, toujours empli d'une certaine émotion. Il s'avère d'ailleurs inattendu au départ de voir Robin entrer dans les rangs des Mugiwara, apparaissant comme une ennemie au compte d'un des nombreux ennemis charismatiques du manga. Des pieds de nez à la Oda, comme il sait bien en faire. L'équipage est donc au compte de 9, Luffy inclus, ce qui l'approche de plus en plus son objectif affirmé à 10 membres dès la fin du premier chapitre !

Dernier mot sur l'équipage, s'il est toujours admis que Luffy garde tous les projecteurs sur lui quand il le peut, et Oda par ailleurs y veille constamment – contrairement à certains –, avec comme message clair et précis que Monkey D. Luffy est LE héros de One Piece, le reste de l'équipage se partage d'égal à égal le captage d'attention. Ils ne sont cependant pas moins importants que Luffy, au contraire même, ils sont essentiels à Luffy, simplement ce dernier est l'axe sur lequel les autres reposent, le capitaine, et réciproquement Luffy s'en remet à ses fidèles compagnons sans qui il n'irait pas bien loin. S'il est vrai que ceux qui se destinent au combat brillent quand leurs instants de gloire se présentent, les autres se démarquent toujours autre part et ont droit à leurs nombreux gags et tout aussi bien leurs petites bastons, moins impressionnantes on peut l'admettre. Mais Oda se tient à la rigueur et distribue à chacun leur rôle, et leur importance, pour mettre en valeur les liens qui font d'eux un groupe soudé jusqu'au bout, aucun des membres n'est plus utile ni inutile que l'autre. Même Brook qui s'avère être bon escrimeur. Last but not least, ils ont tous au moins un point commun : Ils sont tous bien cons. Un crew de pirates qui donc très agréable à suivre au fil des chapitres et tomes et auquel on n'aura aucun mal à s'attacher et avec qui on aimerait parfois partager des instants de vie, à bord du Vogue Merry, et plus tard, sur le pont du Thousand Sunny.

Mais c'est sans oublier les autres. Que serait One Piece sans tous ces autres personnages qui nourrissent le train de vie des Mugiwara, qu'on suit assidûment depuis maintenant plus de 600 chapitres ? Tous ces personnages, alliés comme ennemis – voire les deux –, qui participent, dans toute leur variété et unicité, Oda ayant une inspiration décidément inébranlable, à rendre l'univers de One Piece vivace et très vivant. Secondaires certes, mais absolument indispensables. Il n'est pas rare aussi que des invités s'invitent avec eux sur leur navire, pour changer un peu le quotidien, autant celui de l'équipage que le nôtre. Parmi tout ce beau monde, il y a aussi des personnages très charismatiques, alliés comme ennemis, Crocodile, Ace, Barbe Blanche, Bon Clay (le travelo le plus charismatique de tout l'univers), Garp, sans oublier Barbe Noire, antagoniste attitré de Luffy, même si « Les rêves des pirates ne mourront jamais » pour les deux, Barbe Noire est tout simplement le portrait craché du pirate dans la culture populaire (c'est pas Barbe Noire pour rien), aussi répulsif que monstrueux et redoutable. Et j'en oublie beaucoup d'autres, je cite l'essentiel, et je ne m'attarderai pas plus à décrire et énumérer chaque personnage présent dans One Piece. Même si certains ne démériteraient pas le soin d'une description et analyse complètes ; je vous épargnerai et m'épargnerai de faire trop long et négliger l'essentiel – haha ! –. Aussi Oda se permet le luxe de ne jamais oublier ses personnages, notamment par le biais de « Mini-aventures » au début de certains chapitres, qui narrent, parallèlement à la trame principale qui se poursuit, les péripéties de tel ou tel personnage et nous informent de ce qu'il devient, ou parfois même par mention, ou des flashback bien accueillis, parfois bien trop longs, mais jamais inutiles. A noter aussi, car il me semble être crucial de le souligner : Aucune trace d'émo dans One Piece, priceless.

[Petit SPOIL furtif]
Le retour d'Arlong (mais pas que) sur le devant de la scène par exemple dans l'arc des Homme-Poissons, pour ne citer que ça, l'intrigue l'entourant est absolument géniale et redonne une certaine image et profondeur au personnage, qui en manquait cruellement à son introduction, un passage tout à fait réussi, et un fond maîtrisé de bout en bout. L'écart entre ces deux passages fait tout de même une bonne cinquantaine de tomes ! Près d'une douzaine d'années d'écart.
Et c'est loin d'être un cas isolé.
[/Petit SPOIL furtil]

• PURU PURU PURU PURU PURU PURU PURU, PURU PURU PURU PURU...

Venons-en donc à l'univers façonné par Eiichiro Oda. A toute aventure réussie, un monde qui se doit être captivant et fascinant. Oda façonne donc une bulle unique qui n'est composée que d'océan, d'îles à foison et d'un unique continent, dans lequel la trame évoluera. Géographiquement, ce monde dont on ne connaît pas le nom, est pour le moins assez particulier. Un énorme continent, marqué de terres vermeilles, qui longe et fait le tour du globe, Red Line. S'y croise perpendiculairement une mer déchaînée et imprévisible, Grand Line, qui elle aussi fait le tour du globe. Les quatre portions de globe qui ressortent de ce croisement entre terre et mer donnent naissance à quatre grands océans : North Blue, South Blue, West Blue, et enfin East Blue. Etant impossible pour chaque océan de se rejoindre en coupant par Red Line (relief montagneux impraticable et qui s'élève jusqu'au ciel) ou en coupant par Grand Line (Calm Belt, un courant marin puissant et rempli de monstres des mers l'en empêche), chaque océan se croise au point d'intersection de ces derniers : Reverse Mountain, qui est aussi le point de départ de Grand Line, mais en est également sa « finalité », puisque Rough-Tell se trouve juste derrière Reverse Mountain, à l'autre bout de Red Line, il est impossible de couper par la terre, il faut donc faire le tour du globe en navigant sur Grand Line pour y accéder. Tout est donc fait dans une certaine symbolique, et dans un effort de cohérence – surréaliste, qui fait tout le charme du manga – pour rendre cette géographie, à juste titre, cohérente, qui va dans un certain sens et qui propose un challenge certain, ce monde quasi-exclusivement maritime étant assez cruel mine de rien. La quête du One Piece s'annonce longue et fastidieuse, surtout que Luffy n'est pas le seul engagé sur cette voie.

Mais une belle cartographie ne suffit pas à créer un monde digne de ce monde, vivant et qui obéit à des règles propres à l'univers qui l'héberge. En effet, si le paysage global reprend pas mal de choses de notre bon monde réel, le reste c'est du 100% made in One Piece : téléphonie, visioconférence et radio à base d'escargots retransmetteurs, des Homme-Poissons civilisés, un train des mers, une prison qui s'engouffre dans le fond des océans, des êtres humains difformes et disproportionnés, revêtement en bulle d'air pour plonger sous la mer en bateau, des engins qui fonctionnent au soda... Tout ceci est tout à fait normal dans One Piece et passe crème une fois initié au trip, et totalement plongé dans cette dimension où tout est décalé. Les fervents défenseurs de la physique, de la chimie, et de la biologie risquent sûrement de péter un câble, mais qu'importe la réalité, Oda définit les règles de son univers, et s'y atèle avec rigueur, allant parfois jusqu'à donner des explications complètement fantaisistes et barrées de tel ou tel phénomène, mais qui « se tiennent » toujours. Une fois de plus il faut se prêter au jeu pour laisser le maître nous fasciner et étonner, par cet environnement en constante évolution, d'arc en arc de plus en plus enrichi. Quelques facepalm se perdront en cours, avec un plaisir non dissimulé d'y céder.

Cerise sur le gâteau, on a aussi droit à de la politique, très légère cependant et traitée de façon très succincte. Et de fait, si chaque île peut avoir ou non une population qui assure leur propre pérennité et organisation de groupe, c'est bien le Gouvernement Mondiale, totalitaire, répressif et sous la houlette d'ordures de nobles, qui régie l'ordre de tout ce bon peuple. A leur solde : La Marine, force armée du GM, puissante, présente à à peu près tout coin du globe et hiérarchisée comme n'importe quelle armée. Elle a pour rôle d'éradiquer toutes ordures, et donc pirates inclus, qui puissent sévir sur mer et sur terre, le GM lui les juge et fait appliquer leur sentence. Autre paradoxe de ce manga, le GM et la Marine, malgré tout ce qu'ils ont à se reprocher et leurs méthodes, disons, peu orthodoxes et radicales à certains moments, représentent le bien et la justice dans le monde de One Piece, mais en contrepartie se présentent comme un obstacle aux Mugiwara et comme leurs ennemis, donc un peu le mal (de mer haha) de notre aventure. Un décalage pris par l'auteur qui fait aussi effet de vague (haha) de fraîcheur dans le beau monde du shonen, qu'on sait très sommairement manichéen. En outre, One Piece traite aussi à sa façon de sujets assez forts tels que l'esclavage, les classes et privilèges, du racisme, de la censure et du mensonge à l'échelle de l'Etat, sans oublier la justice, parmi ce que je retiens. Bien sûr cela reste traité de façon très enfantine et légère, niaise pour les mauvaises langues, mais le message reste toutefois là, et garde sa pertinence. Et c'est toujours bon à prendre quoiqu'on en dise dans un genre où on en a très peu souvent droit. One Piece, le nekketsu engagé – sarcasme –. Ne vous attendez toutefois pas à ce que ça tire loin en profondeur.

[Petit SPOIL furtif]
Comme avec Doflamingo à Marineford qui nous lâche un « La véritable justice est définie par les plus forts !», qui ne manque pas d'un certain fond, à un moment critique où le symbole de la justice de ce monde engage une guerre qui en changera inéluctablement la face. Barbe Noire annonce qu'il la modèlera à sa façon. Ayant par ailleurs absorbé d'une sombre façon le pouvoir de Barbe Blanche sur le tarmac, anciennement l'« homme le plus fort du monde ».
Il dépote bien ce passage, ça m'avait donné quelques frissons.
[/Petit SPOIL furtif]

Aussi, One Piece a sa mythologie et son histoire, qui auront toutes deux laisser des traces dans l'instant présent de l'histoire. L'univers qui nous est présenté est vivant mais a aussi vécu, et ça a toute son importance, à mon sens, dans notre perception de celui-ci, pour nous amener à nous y immerger, et à s'y intéresser. Je donnerai un peu plus de détails plus bas.

• CATCHA ! – MOSHI MOSHI, UMI DESU

Après le point d'honneur mis sur l'univers de One Piece, venons en donc, avec attention, à l'histoire et au scénario 100% imaginé, écrit et certifié par Eiichiro Oda. Si le pitch de base est simple, et peut clairement laisser croire que c'est honteusement tiré par les cheveux, c'est ce qui entoure et garnit cette intrigue assez basique qui est tout simplement dantesque, et constitue tout l'intérêt de suivre assidûment One Piece. Riche en rebondissements, riche en absolument toute émotion susceptible d'être perceptible dans une œuvre, et une histoire beaucoup plus complexe et dense qu'il n'y paraît, sans que celle-ci ne tire vers le n'importe quoi absolu et le non-sens. Tout ceci est manipulé par Eiichiro Oda d'une aisance étourdissante et avec une inspiration prodigieuse, qui ne peut amener qu'à forcer l'admiration, voire effrayer, tant les idées débordent sans donner un seul signe d'essoufflement. Mais comme chez moi, les éloges ne sont pas gratuits, vous aurez aussi droit à de la lecture là-dessus – essayez de tenir, au point où on en est là... –.

Abordons tout d'abord le schéma scénaristique que prend le scénario tout le long de l'enchaînement des arcs, à quelques exceptions près, celui-ci est très simple : Luffy arrive sur une île pour telle ou telle raison – souvent absurde –, il s'y passe un truc, Luffy et son équipage sont mêlés à la merde – souvent parce que Luffy fait tout pour s'y frotter de bon cœur, par mégarde –, ils se battent contre l'emmerdeur du coin, avec difficulté, mais ils le battent tout de même au bout d'un moment grâce à leur persévérance et conviction, puis ils disent au revoir aux amis qu'ils se sont faits. Toujours et encore là il s'agit d'une recette sur-usée et bien connue des amateurs assidus du genre. Il est tout à fait légitime de le trouver rébarbatif lorsqu'on le constate, mais il faut prendre cela pour ce qu'il est : Oda propose un shonen, et il compte bien exploiter jusqu'à la moelle les codes du genre qui l'a fait rêver durant toute sa jeunesse. Son principal atout est sa créativité. En effet, si ce schéma que je vous ai décrit reste inlassablement le même tout le long, l'originalité vient d'autre part : chaque arc possède son intrigue fournie, et les enjeux de chacune de ces histoires sont lourds de conséquences, ce qui par ailleurs donne un ton sérieux à l'aventure, par-dessus toute la bonne humeur qui en émane, le décalage est d'autant plus marquant de cette sorte. Ce qui met en valeur Luffy quand par exemple il s'énerve, lui qui est toujours là pour tirer un gros sourire insouciant ou une tête de con d'une case à l'autre. Ce sont ces intrigues individuelles à chaque île qui font qu'il n'y a aucun réel arc mauvais dans One Piece, il n'y en a juste de moins bons que d'autres pour telles ou telles raisons émises par le fin lecteur qui partira faire la guerre des arcs sur son forum préféré.

Même si ce que j'énonce là est plutôt faux pour ce qui est du début du manga, les onze premiers tomes constituant l'introduction de One Piece, avant que la vraie aventure ne commence réellement à la fin du tome 11 et au tome 12, destinés à présenter les premiers membres de l'équipage, tout juste avec le temps qu'il faut pour. L'histoire de chacun de ces premiers arcs souffre donc d'un développement tronqué et volontairement expédié, et elles ne sont donc pas bien intéressantes à suivre, ni dans le fond, ni dans la forme. Mais ces premiers tomes sont cependant indispensables et nécessaires pour lancer la légende. Même si tout ne devient réellement intéressant qu'au tome 12, qui au passage monte le niveau de deux bons crans à lui-seul d'un coup, il faudra bien se taper les onze premiers tomes pour pleinement apprécier la suite. Où notre bon Eiichiro Oda s'efforcera constamment de ne pas se foutre de notre gueule (et de la sienne, One Piece étant l'œuvre de sa vie), et nous pondra des arcs aux histoires très longues et fournies, qui font toute la force de One Piece. Et comme les arcs ça ne suffit pas, chaque arc se range dans des sagas qui s'étalent sur un bon nombre de tomes chacune, là pour lier les arcs entre eux, et donner un sens au tout, et le sentiment que ce n'est pas juste enrichi mécaniquement. Aucun arc de remplissage à signaler, chaque périple sur une île apporte une pierre à l'édifice au mythe des Mugiwara, sans exclure quelques petites longueurs occasionnelles.

Et là où l'auteur épate et nous fout une sacrée claque dans la face c'est bien dans sa gestion de toutes les ficelles de l'histoire qu'il tire – et bon dieu y en a pas qu'un peu –, dans sa capacité à amener l'une et/ou l'autre aux moments opportuns, tout en développant les autres. Atout qui démontre que le père de One Piece sait où il part. Oda déclara, dans une interview, qu'il savait déjà en 1997 comment One Piece se finirait, certains trouveront ça trop gros, d'autres verront ici une déclaration hautaine, et il y a moi – et aussi d'autres j'espère – qui le prends entièrement au mot, peut-être trop naïvement. Mais tout tend à souligner la vérité telle qu'elle est énoncée par le maître lui-même. Le verdict est simple, une soixantaine de tomes, quinze ans de publication : zéro incohérence (scénaristique du moins), zéro plot hole, zéro remplissage. Et ça, c'est pas donné à tous.
Il est d'ailleurs commun que l'on nous introduise, avec plus ou moins de profondeur et précision, un personnage, un événement, ou un symbole très (voire extrêmement) tôt par rapport au moment où celui-ci gagnera réellement en importance, des espèces de caméo, mais dans le sens inverse, qu'on accueille toujours chaleureusement.

[Petit SPOIL furtif]
Du genre, Rayleigh, Arlong, Jimbe qui est cité dès les premiers tomes, ou encore les Shichibukai et Yonkou, Garp, Kobby et Hermep (!)...
La marque du soleil et la marque des Tenryuubito, très ingénieusement exploités également.
Les exemples sont toujours nombreux et y a tellement à dire, trop à dire.
[/Petit SPOIL furtif]

En ce qui concerne ces péripéties en elles-mêmes, elles sont toujours arrangées de telle sorte à ce qu'elles captent notre attention, et à ce qu'elles ne nous endorment pas. Oda nous sert donc constamment des cliffhangers palpitants quand il le faut, des rebondissements qui soit nous mettent en éruption de joie, soit nous font fondre de tristesse, et quelques climax bien placés pour récompenser, en un sens, le fidèle lecteur. Le manga tire alors sur toutes les cordes, « tantôt drôle, tantôt épique, tantôt émouvant, mais jamais lassant » ( © Khamsou, j'aurais pas formulé mieux et plus court ). Sans compter que le maître sait aussi prendre des risques et nous prendre au dépourvu, en changeant par exemple son schéma scénaristique et ses habitudes, bonnes ou mauvaises.

[Petit SPOIL furtif]
One Piece est le seul manga qui aura la prétention bien établie d'essayer de te faire lâcher une larme pour un bateau. Le pire, c'est que ça marche. Entre autre, c'est la scène qui pour moi est la plus émouvante de tout le manga pour le moment, le Vogue Merry nous ayant accompagné un bon bout de chemin, devenu alors une véritable icône, la crainte ensuite de voir qui lui succédera, si le prochain rafiot de l'équipage sera à la hauteur du précédent (mission accomplie évidemment).
Les climax que je mentionne sont pour moi, et pour beaucoup je pense, l'arc d'Enies Lobby et le doublé Impel Down/Marineford. Ces derniers arcs étant pour moi la plus grande prise de risque d'Oda : Concentré uniquement sur Luffy, hautement ambitieux puisque mettant en scène une véritable guerre, les enjeux qui sont énormes, et ce final qu'est la mort d'Ace, qui prend absolument tout le monde au dépourvu, puisque tout laissait croire quelques chapitres avant qu'on allait le sauver, et Oda a pour habitude de ne tuer aucun de ses personnages. Je me souviens encore de la folie qui s'emparait partout dans les forums. Juste énorme. Avec le flashback sur Ace admirablement orchestré pour conclure la première partie de One Piece, et laisser un dernier hommage au personnage qu'est Ace.
Les climax de One Piece ont tendance par ailleurs à donner des révélations à la pelle, en plus de nous donner des scènes purement épiques.
Et les flashback de One Piece sont tous très émouvants et/ou symboliques, pour en rajouter une dernière couche.
[/Petit SPOIL furtif]

Cependant une telle mise en place narrative se paie sur le rythme de la trame à chaque début d'arc, arcs qui souvent mettent du temps à s'installer pour mieux nous capter après. L'humour, très présent, de One Piece permet de rendre ces passages tout de même moins chiants à lire. Les combats ne sont pas nombreux dans One Piece, mais ils dépotent bien quand y en a, bien rythmés, avec une certaine patate, pour rattraper le manque de nervosité des passages purement narratifs, qui à défaut sont toujours bourrés d'humour. Un mal pour un bien. One Piece est un shonen qui se centre à tout prix sur l'aventure, sans pour autant omettre l'intensité de bonnes bastons. En fait il y a surtout plus de bastons contre la nature et contre les conneries de Luffy dans One Piece, que de bastons d'homme à homme – et on oublie pas les filles –.

Aussi, durant toute cette progression on aura l'occasion de se poser des questions sur plusieurs points, qui enrichissent le scénario de One Piece et nous gardent en haleine, parmi lesquelles : Qu'est-ce que représente le « D » dans le nom de plusieurs protagonistes du manga, dont Gol D. Roger ( et non Gold, écorchage du nom venant du Gouvernement Mondial ) ? Qu'est-ce qui s'est passé durant le « Siècle Perdu » ? Que nous dit le « Rio Ponéglyphe » et quel est le rôle des « Armes Antiques » ? Quel est le but de la Révolution menée par Dragon ? Les Fruits du Démon, ça sort d'où ? Et surtout le One Piece, c'est quoi ? Tant de questions dont les réponses auront des répercussions énormes sur la suite, à coup sûr, pour tout l'effort de mise en valeur qui est mis là-dessus.

Dernier point sur cette partie, Eiichiro Oda a l'air de porter une certaine importance à la formalisation de son manga, et ce avec une certaine élégance. On verra que le chapitre qui signe l'entrée de l'équipage dans Grand Line est le chapitre 100, tout rond. Ou encore que le Chapitre 601 s'appelle « Romance Dawn for the New World » (en VO), et que le chapitre 1 bien nommé « Romance Dawn », qui marque respectivement le début de la seconde partie de One Piece, le Nouveau Monde – partie de Grand Line qui suit le deuxième bout de Red Line, à l'autre bout du globe, donc la moitié de Grand Line –, et le début de l'aventure en elle-même. Le délire s'étend jusqu'aux couvertures du tome 1 et 61, celle du 61 est tout simplement le remake et la mise à jour de celle du tome 1, avec tous les membres de l'équipage introduits jusqu'alors. Et séparer les deux parties de l'aventure au chapitre 600, calé à 60 tomes : Mais cette classe quoi, Eiichiro Oda. One Piece se finira en 120 tomes, mark my words.

• MILLESIME 1997

Et enfin, parlons du dessin d'Eiichiro Oda, je m'étendrai pas bien loin sur ce point, étant assez court à aborder. Le style de dessin est très particulier, sachez, que si vous n'accrochez pas du premier coup, qu'il faut impérativement y donner du sien pour accrocher au trait très particulier d'Eiichiro Oda : expressions très exagérées, proportions inhumaines, design très particulier, pas toujours du meilleur goût. Mais One Piece reste tout un délire dans lequel il faut être prêt à suivre Eiichiro Oda dans ses pensées les plus absurdes.

Le style est particulier, mais ça n'en fait pas du dessin pauvre. Cependant, au début du manga, le trait est plutôt simple, voire parfois assez quelconque et maladroit, rien qui n'impressionne dans les premières planches de One Piece. Hormis le grand nombre de perspectives, très bien représentées et qui assurent la mise en scène de One Piece. Ces perspectives seront toujours présentes tout le long du manga, et c'est toujours agréable de les admirer, puisqu'Oda en a définitivement fait sa signature, et maîtrise parfaitement la technique. Mais comme tout mangaka, Eiichiro Oda au fil des années s'est amélioré sur ses dessins. Si le style reste, sur sa technique il se peaufine pour donner des prises de vue et postures de plus en plus complexes, et quant à la richesse de ses planches, c'est tout simplement spectaculaire. Puisque oui, chaque chapitre de One Piece est désormais assez dense en informations, tellement dense qu'Oda dessine en prenant toute la place disponible de son papier (en touchant les bords) pour y incruster le maximum de détails possibles – pour notre pur bonheur et c'est tout à son honneur –. Le détail, c'est ce qui, désormais dans One Piece, impressionne dans les cases dessinées minutieusement par Eiichiro Oda, d'une plume très fine. Il suffit de comparer les premiers tomes aux derniers sortis. C'est comme mettre côte à côte Matthew Lewis gosse, et Matthew Lewis adulte. De plus, pour ne pas gêner sa narration, vous ne verrez jamais Oda gaspiller inutilement de l'espace et des cases pour mettre en scène un personnage avec une pose qui a trop la classe, tro d4rk et ki kr4sh du fe, s'il n'y a juste aucune raison de le faire.

One Piece c'est aussi de très beaux paysages, toujours dans les premiers tomes pas bien impressionnants, mais passé l'entrée dans Grand Line, on admire chaque île sur lesquelles on nous fait voyager, chaque île a ses particularités et une identité très forte. En général, on nous offre un panorama en double page d'une grande beauté, comme une jolie carte postale, sinon des cases parsemées un peu partout nous faisant faire l'état des lieux. Quant aux personnages, ils sont juste affreusement et ridiculement loufoques, comme ils peuvent juste péter de classe dans un registre plus standard. On notera que l'auteur s'inspire et pioche beaucoup du folklore de toute l'histoire de notre humanité et beaucoup – mais pas tant que ça – dans la culture japonaise, des références qui feront toujours plaisir à quiconque les remarquera, même si pas forcément essentiel à savoir.

Ses dessins lors des combats ne manquent par ailleurs pas de punch (Zoro contre Ryuma bordel de merde). Ca claque, tout simplement, l'art d'illustrer un bon gros Gomu Gomu no Jet Pistol, au point d'en ressentir toute la puissance d'un seul coup d'oeil. Tout ce qu'il y a pour bien retransmettre l'intensité des bastons.


On en arrive désormais à la conclusion de cette petite critique (HAHAHA) de One Piece. One Piece ce n'est pas juste trop bien, ce n'est pas non plus qu'un shonen axé baston et comique, ce serait hautement réducteur et une insulte à l'œuvre d'Eiichiro Oda, tant il y a de chose à côté, qui font de l'aventure de One Piece, une aventure mémorable, mythique, et qui nous parvient à faire voyager dans un monde qui pourtant n'a absolument rien à voir avec le nôtre, mais qui s'en inspire grandement pour laisser place à un tourbillon d'idées réunies pour nous faire rêver éveillés. Même si l'on pourra toujours déplorer le rythme assez longuet de la progression, le style propre à Oda et les premiers tomes assez moyens, One Piece c'est tout un univers qui mérite pleinement notre attention, et qui ne demande qu'à être exploré de fond en comble. One Piece est tout cas un grand, un très grand nekketsu, mais aussi une grande œuvre, qui ne démériterait pas une place dans le panthéon des plus grandes aventures de tous les temps. Premier et supposément dernier nekketsu d'Eiichiro Oda, il signe au passage un ténor du genre, l'œuvre de toute une vie, on commence One Piece gosse, on le finit adulte. C'était la critique du cœur, et je l'espérais à la hauteur, ce qui est résolument le cas de mon point de vue, en espérant que vous y serez sensibles.

Et je finis sur ces derniers mots, à propos de l'édition de Glénat en France : Traduction parfois (souvent) à chier, fautes de frappe, les premières couvertures fadasses (devoir attendre le tome 35 pour avoir les couvertures proches des originales, la détente est un peu longue dans les locaux de Glénat), papier solide, mais trop rigide, impossible d'ouvrir bien largement un tome sans le froisser et l'abîmer. Nous petits français, on achète tout de même un tome 6,90€, presque deux fois plus cher qu'un japonais, et on n'a même pas le droit à une édition impeccable. Je vous chie dessus comme pour Tōei, Glénat.
Puis une chose qui n'est pas de leur faute concernant la VF : la plupart des jeux de mot peinent au passage du japonais au français, ce qui forcément nous fait passer à côté de certains gags et blagues (dont beaucoup de noms de personnages, dévoilant souvent une partie de leur nature), malgré quelques efforts à noter pour les garder.
VIVEMENT UNE EDITION KANZENBAN / DELUXE / COLLECTOR / EN TOUT CAS RECTIFIEE ET IRREPROCHABLE. Vous le directeur édito de Glénat, si jamais vous me lisez, et que vous voulez vous faire pardonner, vous savez quoi faire, d'autant que je tends la perche pour gonfler la rentabilité de la série à moindre effort.

9 - Excellentissime, un grand cru.
(Et excusez le lot de blagues infâmes low cost incrusté dans ce mastodonte de caractères et dont je ne suis pas fier.)
Kosaki
9
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le 26 sept. 2012

Modifiée

le 30 sept. 2012

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Kosaki

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