Nouilles tchajang par Nina in the rain

Dix-sept ans et toutes ses dents, pourrait-on dire. A dix-sept ans, on veut voler de ses propres ailes, être responsable. C'est pour ça que le héros de Nouilles Tchajang arrête le lycée : pour travailler, loin de ses parents. Devenu le commis de cuisine et le livreur d'un restaurant chinois, il découvre tout un monde inconnu : la moto, la vitesse, mais aussi les femmes et l'amour.

Nouilles tchajang se rapproche plus du roman initiatique que du shonen qu'il laisse présager. C'est un manwha lent, dans lequel il ne se passe pas grand chose, et où l'on en s'ennuie jamais. En fait, un seul évènement s'y déroule, mais il est grandiose : le héros sort de sa chrysalide, passe du stade de larve à celui de papillon. Et dans cet adolescent « pas difficile, mais un peu rebelle », ce sont tous les adolescents du monde qui sont représentés. Tous ceux qui un jour se sont dit « je veux avoir un salaire pour être indépendant », et aussi ceux qui se sont dit « je suis trop nul, je veux mourir ». Pourtant, l'album n'est ni triste, ni morbide, et encore moins hymne au travail. Il est neutre. Il nous montre un héros peu héroïque, mais très humain.

Le graphisme de Chi Kyu-Sok et de Byun Ky-Hyun, qui ont adapté et dessiné cet album à quatre mains, est splendide, il n'y a pas d'autre mot. Pas de prouesses techniques, juste de la sensibilité et de l'expressivité. Les deux dessinateurs ont travaillé à l'aquarelle, sans s'affranchir des codes de la bande dessinée asiatique, mais en apportant une touche de dessin européen, dans les représentations des objets, et des corps. On distingue parfaitement les personnages les uns des autres, ce qui dans un manwha est appréciable, et chacun d'entre eux a un caractère affirmé, représenté graphiquement. Les couleurs quant à elles sont parfaitement réussies, alliant l'utilisation traditionnelle des fonds blancs à des tons chauds un peu plus rares.

Encore un beau succès pour la collection « Made In » qui, après le Sommet des Dieux, Number Five et Cours, Bong-Gu édite un très beau titre.
Ninaintherain
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le 28 mars 2012

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