Second tome des aventure du célèbre pirate de l'Île au Trésor, là où l'introduction ne faisais que placer ces pions, ce tome amène au contraire foule d'évènement bien qu'à la fin des 46 planches, on puisse se dire qu'on a peut être été trop vite en besogne pour certains points, et pas assez pour d'autres.
Avant toute chose, je tiens à parler du dessin de Mathieu Lauffray. Je reprochais à celui-ci d'offrir trop souvent des décors fait à la va-vite, des cadrages peut intéressants et des visages qui se ressemblaient trop. Mea culpa, ce second tome prouve que Lauffray, comme Silver, est plus à l'aise sur mer que sur terre. Le dessin est plus efficace, c'est surtout que les cadrages très variés collent parfaitement à l'ambiance de huit-clos. Le dessin sert toujours le scénario. C'était déjà le cas dans le premier tome, ça l'est aussi dans ce second tome, mais cette fois le scénario permet à Lauffray d'exprimer d'avantage des techniques qu'il maitrise : l'ambiance sinistre, aride malgré la pluie battante. Le côté violent, sanguinaire des scènes sont montrés très clairement. Lauffray ne s'interdit rien et me réconcilie totalement avec lui.
Notons également la première double planche absolument magnifique.
Au niveau du scénario, Dorison me convainc bien moins que dans le premier tome. La faute aux 46 pages. En en perdant 10, on assiste forcément à une accélération du rythme. L'histoire démarre au bout de 25 jours de traversé. Cette ellipse est tout à fait convaincante, nous comprenons que le but est de montrer qu'il commence à y avoir des tensions entre le capitain Hastings (le beau frère et pas la Lady) et que de son côté Long John Silver arrive à se mettre dans la poche tout l'équipage.
Mais je n'ai été que moyennement convaincu par l'extrême rapidité du traitement, qui a également pour conséquence de mettre fin à différentes pistes possibles. Sans chercher à spoiler, plusieurs intrigues ont été immédiatement terminées avant même de commencer. Je trouve cela particulièrement dommage, car elles promettaient de belles choses. A la place, nous avons le droit à deux personnages : Silver et le docteur Livesey, les deux personnages de Stevenson qui se sentent tous les deux perdus. Le premier est confronté à la question de sa propre liberté si l'avidité guide ses pas tandis que le second sent perdre son humanité dans cette quête. Autant, pour Silver ça m'intéresse, autant Livesey, je le trouvais déjà énervant dans le premier tome. C'est le cas typique du personnage forcé de se plaindre en continu mais en jamais agir de manière à se confronter à son destin. Personnellement ce stéréotype m'a toujours agacé, je suis donc bien peu fan. En prime, je ne trouve guère qu'il fait avancer l'histoire.
Une histoire qui, pour sa part avance vite sur certains points comme je le disais. La mutinerie monte, on ne sait quand, mais ça va péter. Ce tome est entièrement sur ce sujet, sur ce qui se passe à bord du Neptune. Du coup, si on peut regretter la vitesse où certains sujets sont vites traités, on peut, au contraire, arrivé à la fin de l'histoire et se dire « bon, là on est à la moitié … Et on en est que là dans le scénario ? ». C'est donc un constat mitigé sur l'évolution de l'histoire. D'un côté ça va trop vite, et de l'autre trop d'élément sont rapidement bouclés.
Petit point intéressant : les rappels à Flint et à l'Île au Trésor. Très réussi. On sent la monté du côté pirate de l’œuvre. On sent également que la piraterie est quelque chose d'usé, quelque chose de finit, que Silver est le dernier homme de ce type, mais qu'en étant à bord du bateau, c'est tous qui peuvent devenir des pirates en puissance. J'ai bien aimé ce genre de détail.
La moitié de l'histoire étant parcourue, je ne suis que moyennement convaincu. Si l'histoire est intéressante et se lit rapidement, on se demande quand même si on a pas été trop vite d'un côté tandis qu'on se serait attardé avec un tome entier sur le Neptune. Le tome bénéficie d'une écriture efficace avec un rythme particulièrement intéressant, on est plongé dedans. Mais on ne peut nier qu'écarter des pistes aussi vite n'était pas forcément la meilleure des solutions. La question est : le tome 3 apparaitra-t-il comme une suite directe ou, au contraire, une sorte de renouveau pour relancer directement l'histoire ?
