Pour les adeptes de monde post apocalyptique et de Roméo et Juliette...

Elecboy est une série que je ne connaissais pas avant qu’on m’en offre le premier tome intitulé Naissance. Cet ouvrage est dessiné et scénarisé par Jaouen Salaun, auteur qui m’était jusqu’alors inconnu. La couverture est intrigante. Les tons marron et orange couplés à la dimension moderne donnée par le robot manipulé par le jeune homme donnent le sentiment d’être plongé dans un univers à la fois apocalyptique et futuriste. Cette perspective était, à mes yeux, intrigante…


Le prologue nous présente des êtres mystérieux. Sous leur carapace ivoire, ils ont une apparence d’ange. Mais rapidement, la crainte s’installe. On les associe rapidement au chaos semant la mort et la terreur. Cette scène les voit poursuivre un être à la dimension légèrement divine. Tout cela aboutit à une énorme explosion qui semble devoir détruire entièrement une mégalopole. Tout un programme…


Passée cette introduction, nous sommes plongés dix-huit plus tard dans un univers aride américain à l’atmosphère postapocalyptique. Avec un certain talent, les auteurs arrivent à créer une ambiance prenante construite sur une communauté dominée par une famille dont le chef ressemble à un sorcier indien dont l’humour n’est pas la qualité première. Cette relation de classe se ressent rapidement et donne un ton dur à la lecture que j’ai apprécié.


L’histoire se construit autour des relations entre les membres d’une famille dominante et d’une famille dominée. Joshua est amoureux de Tina, la fille du chef. Lui est le fils d’un homme qu’on peut apparenter à un mécanicien. Au fur et à mesure que les pages défilent, les relations entre ces eux mondes sont plus riches et complexes que supposées. Cela offre une dimension « Roméo et Juliette » assez classique à l’ensemble. Ce classicisme n’est en rien désagréable car il génère un attachement aux protagonistes qui attise ainsi notre attrait à leur égard.


Mais l’intrigue ne se résume pas à une guerre familiale. La dimension postapocalyptique alimente également la trame. L’eau est un enjeu central de la survie de la communauté. Nous sommes amenés à suivre l’intervention d’un groupe de technicien dans une centrale hydraulique. Ce questionnement autour de cette ressource précieuse intensifie la rudesse de l’atmosphère qui envoute la sortie. Le travail sur les décors alimente lui aussi l’impression de dureté légèrement angoissante qui accompagne la vie de tout ce petit monde. 
L’ambiance est un des atouts de la lecture. Je dois bien avouer que je suis assez adepte de ce type d’univers postapocalyptique. Les illustrations arrivent plutôt bien à faire cohabiter les zones détruites et rudes et une dimension technologique avancée. Cet équilibre n’est pas évident à trouver car les deux aspects sont antagonistes. Le travail scénaristique mis en valeur par les dessins arrive à créer un ensemble cohérent sur ce plan-là. Cela permet la mise en place d’un univers plutôt prenant qui accompagne de manière valorisante l’histoire.
Par contre, j’aurais quelques réserves graphiques sur les personnages. En effet, je ne suis pas fan du style avec lesquels sont dessinées les différents protagonistes. Je les trouve fades. Ils manquent, à mes yeux, de personnalité. Ils souffrent de la comparaison avec la rudesse et l’ampleur des décors. Le scénario génère des acteurs et des actrices avec un potentiel narratif intéressant. Dommage que, pour l’instant, le dessin ne soit pas encore à la hauteur de ses espoirs. Il n’y a évidemment rien de dramatique mais mon sentiment global à ce niveau-là est la déception…

Pour conclure, Elecboy est un ouvrage qui se lit avec plaisir. La thématique m’intéresse et les personnages sont assez bien construits. Le rôle joué par les mystérieux personnages futuristes est encore trop flou pour prendre pleinement conscience des enjeux de la série. J’ai également un petit bémol sur la dimension graphique de l’ensemble. Les dessins manquent de personnalité et empêchent l’ensemble de prendre une ampleur plus importante. Bref, il s’agit ici d’un ouvrage qui devrait offrir un moment agréable aux adeptes d’univers postapocalyptique sans pour autant marquer l’histoire du genre.

Eric17
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le 23 avr. 2022

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