Dans les campagnes du Québec en ces années 30, une certaine morale et l'Eglise ont encore un pouvoir sur les êtres. Marie va l'apprendre à ses dépens. Lorsque nous l'avions laissée au sortir du quatrième volume de « Magasin Général », elle avait fait l'amour avec Marceau Allaire. Comme ça, sans y faire attention, quand l'instinct reprend le pas sur la raison. Serge étant gay, elle ne pouvait vivre avec lui l'amour qu'elle aurait espéré de cet homme.

Mais les hommes ne savent pas se taire sur leurs errements. La nouvelle de cette coucherie fait le tour du hameau. Tout le monde juge Marie avec sévérité. Les habitués n'envoient plus que les enfants à la boutique afin de ne pas la croiser. Heureusement il lui reste Serge, Jacinthe et ceux qui ne jugent pas les autres, mais les aiment pour ce qu'ils sont. L'ambiance est lourde et devient peu à peu insupportable.

La vieille Louise qui éleva Jacinthe à la mort de sa mère est sur le départ. Quand on a trop vécu, on sait quand le moment du grand départ s'approche. Elle va donner ses derniers conseils à Jacinthe entourée de ses amis, dont Marie. La vie doit être une aventure, il faut la vivre, tout essayer pour partir sans regret. De ces paroles, Marie a compris ce qu'il faut faire pour se reconstruire : partir. Il faut qu'elle aide Jacinthe qui n'a que le hameau comme horion. Et c'est donc accompagnée de Jacinthe qu'elle va partir vivre à Montréal. Un autre monde les y attend.

Elles s'en vont donc en pleine nuit, avec le camion. Elles s'en vont non comme des voleuses, mais comme des évadées. Avec des étincelles dans les yeux, car Montréal c'est la grande ville et que là-bas la maison de Serge les attend ainsi que Philomène, la tante de Serge. Le lendemain le hameau se rend compte de leur absence et commence à regretter tout ce que Marie apportait à la petite communauté. Reviendront-elles ?

La question mérite d'être posée, car à Montréal tout est différent. Silences savamment dosés et justesse des dialogues dans les décors correspondants. Nous sommes dans un rêve d'auteurs de talent. Les superbes graphismes et scénarii de Régis Loisel et Jean-Louis Tripp sont toujours aussi joliment colorisés par François Lapierre. Et que dire de la savoureuse adaptation en québécois de Jimmy Beaulieu ? Nous sommes devant une dream team de la bande dessinée qui mêle émotion et tendresse pour servir cette si belle histoire.
Bobkill
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le 31 mars 2011

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