Mission Pyongyang
6.3
Mission Pyongyang

Manhwa de Oh Yeong-Jin (2006)

Après 18 mois en Corée du Nord, le dessinateur Oh Yeong-Jin revient dans sa Corée du Sud natale. En 2006, il décide de profiter de cette expérience et des récits de vie de nombreux clandestins coréens pour raconter un récit assez long sur la Corée du Nord.
Il imagine le voyage de Oh Kong-Sik, romancier à succès, un brin étrange et colérique, envoyé en Corée du Nord pour réaliser un reportage dans le cadre d'un échange d'un an entre les deux pays. Lors de ce voyage, monsieur Oh va voir les ressemblances entre les deux Corées, mais aussi les différences.

Alors, déjà parlons de la forme. Je ne comprend pas ce récit.
Enfaite, je ne comprend pas pourquoi Oh Yeong-Jin a le besoin de créer une fiction pour cela puisqu'on est, finalement, très proche de ce qu'il fit lui-même, l'auto-biographie aurait semblé plus cohérente. Le récit a un côté carnet de voyage avec finalement bien peu l'aspect fiction ce qui rend ce choix difficilement compréhensible. En effet, les personnages sont à peine développés. Et la forme du récit est, comme je le disais, très proche du reportage déshumanisé où les interactions sont minimes.
On assiste à une énorme succession de scènes, chacune sur un sujet précis. Généralement deux planches par scènes, parfois trois, rarement une. Globalement, avec plus de 180 planches, on a le sentiment d'en avoir pour son argent. Cependant, le style est un peu lourd et on lit difficilement tout d'affilé. Pour autant ça reste divertissant.
On regrettera un style graphique un peu trop copié/collé où les personnages sont difficilement différenciables si ils n'ont pas un élément représentatif. Le résultat en est que plus d'une fois on confond les personnages, particulièrement les féminins. De manière plus général, on ne prend pas trop de plaisir visuellement avec le style de Oh Yeong-Jin.

Au-delà de la forme et de son intérêt, le fond manque cruellement d'intérêt. L'auteur choisit d'être entre deux chaises. Il cherche à montrer le rapprochement possible entre le Sud et le Nord. Et pour cela il souligne plus d'une fois les correspondances, les parallèles, les points communs et les formes respectives que peuvent prendre des cas spécifiques dans chacun des deux pays. Malheureusement c'est souvent superficiel et sans réel puissance.
On souffre, entant que français, d'un vrai problème c'est le manque de référence à la Corée du Sud. Forcément, on n'a pas la base culturel qui est celle de l'auteur et on loupe donc une partie de l'ouvrage.
Le vrai problème reste, cependant, selon moi, l'absence total d'intérêt qui se dégage de l'ouvrage.
A aucun moment, il n'y a une critique du régime. C'est au contraire dans le non dit ou dans les détails de certaines phrases qu'on note l'aspect totalement malsain de la Corée du Nord. Mais finalement, tout ça est vite oublié pour mettre en évidence la possibilité de se réunir. C'est cela le message, quitte à balayer sous le tapis tous les fantômes horribles. Il y a une normalité horrible dans plus d'une scène, normalité qui n'est cependant absolument pas relevé par l'écriture et se laisse aller. Ca reste, de toute manière, plutôt rare comme situation.
De l'autre côté, à aucun moment on ne voit une auto-critique de la Corée du Sud, ou plutôt, peut être dans quelques cases, si je veux ne pas être de mauvaises foi. Seul l'amour de leur pays semble être la supériorité de la Corée du Nord sur celle du Sud.

Le problème est donc que Mission Pyongyang est une ouverture limitée et limitante. On voit assez peu de Corée du Nord. On voit du quotidien certes, mais on ne révèle rien de structurellement intéressant, de puissant sur le pays, rien de réel en sommes. On voit des détails, mais des détails qui n'évoquent rien de la réalité de vie des personnages.
On a rien sur la Corée du Sud non plus, l'ouverture sur autrui ne s'accompagne pas d'une ouverture sur soi-même et c'est bien dommage.

Son aspect superficiel et graphiquement moyen rendent Mission Pyongyang relativement peu intéressant. Cela reste instructif sur la Corée du Nord mais de manière, globalement, superficielle.
mavhoc
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le 2 févr. 2015

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mavhoc

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