Chez Etienne Davodeau, le voyage est souvent contrarié et ne se passe pas comme prévu. Loire ne déroge pas à cette règle. Cette histoire de Louis retrouvant ses racines commence bien avec le fait de renouer avec son passé avec une baignade nu presque en solitaire dans la Loire,à quelques encablures d’Angers. Dès les retrouvailles particulières avec Agathe par procuration, la redécouverte d’autres de ses proches, le récit s’enlise dans un « nonsense » ( absurde) éloquent. La dernière volonté d’Agathe paraît un caprice sans nom et les personnages ,qui auraient pu passer un moment sympathique, passent des heures à parler de tout et de rien, à se balancer des vérités peu aimables à la figure jusqu’à la rencontre impromptue de José ( dont la dernière volonté est morbide). La belle contemplation du fleuve avec ses animaux, ses baigneurs ou ses mouvements quotidiens est heureusement là pour sauver l’histoire, sorte de cauchemar éveillé où Louis, homme en Absurdie, aura payé de sa personne jusqu’au bout. Que veut nous dire Etienne Davodeau? Que nos souvenirs rachètent la pauvreté de nos rapports quotidiens,(que notre passé vécu de façon plus inconscience était plus riche que notre présent vécu avec plus de lucidité), qu’on ne peut pas les partager avec des inconnus au risque de les compromettre? Que ces constats sont amers, même pour un dessinateur pas encore sexagénaire, alors qu’il aurait suffit d’un soupçon de joie de vivre et d’envie de profiter du moment, pour faire de Loire, un roman graphique tellement mieux à traverser.