Les Indes fourbes
8.1
Les Indes fourbes

BD franco-belge de Alain Ayroles et Juanjo Guarnido (2019)

Bof.


L'intrigue est faible : la narration est mal pensée, on passe tout le bouquin à suivre un type qui nous raconte son histoire, mais rares sont les scènes qu'on vit vraiment en 'temps réel', la plupart du temps la distanciation est telle que le lecteur ne prend pas part à l'aventure. De plus, otut repose sur une série de roublardises et le lecteur est censé se faire rouler aussi : on passe donc un tiers du bouquin à se faire rouler (enfin pas trop parce que c'est quand même hyper évident), un tiers à comprendre (entendez par là que l'auteur nous donne un maximum d'explications sur comment le héros s'y est pris, avec jeu de point de vue et explications incomplètes histoire de créer une multitudes de twists) et un dernier tiers bien trop mince pour développer les enjeux et les personnages. On s'ennuie donc car les conflits ne prennent pas, les résolutions sont faciles. C'est dommage parce que le contexte, l'univers proposé, fait rêver, mais l'on n'en profite pas trop. Il faut également supporter cette plus qu'envahissante voix off qui nous raconte tout, comme s'il s'agissait d'un roman avec beaucoup de descriptions : c'est assez ennuyant à lire et l'on se dit que pour faire ça, autant écrire un vrai roman et l'illustrer par quelques dessins...


On va dire que la bonne idée de la BD, c'est de jouer sur le hors champ du célèbre tableau présenté dans la BD, le concept est bien repris au travers de la trame. Mais il est dommage que la scène de la pose ne soit pas mieux exploitée, qu'elle ne soit là que illustrer le propos de l'auteur.


Le graphisme ne m'a pas autant séduit qu'espéré. Pourtant j'aime bien le travail du dessinateur sur Blacksad, pas tous les albums, mais au moins les deux premiers où l'auteur joue bien avec la lumière et les couleurs. Ici, j'ai trouvé le tout assez plat et les ambiances rares. Il y a des choix colorés intéressants mais l'on trouve aussi d'autres choix pas terribles, comme le traitement des décors lointains. Certaines vignettes, surtout dans les premières pages, sont un peu maladroites en terme de compo par rapport à la technique. Pour le reste, les personnages sont hyper expressifs, font fortement penser à du Disney ; les cadrages et les grimaces rappellent constamment le lecteur à la série Blacksad : en effet, certains gros plans semblent être des adaptations humanisées de ce que le dessinateur avait fait sur Blacksad, on pourrait presque deviner quel animal incarnerait chacun des personnages. Les décors sont corrects mais peu mémorables au final, le scénario ne laissant pas assez le loisir de les explorer.


Bref, pas terrible cet album, surtout à cause de l'histoire mal ficelée et peu inspirée.

Fatpooper
4
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le 28 mars 2020

Critique lue 947 fois

13 j'aime

Fatpooper

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