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Attention, ce tome n'est pas à mette dans les mains de n'importe qui. Il n'est pas à offrir à ceux qui débutent les comics, non, Alan Moore signe, avec ses 4 récits une longue lettre d'amour à Superman, et pour être plus précis au Superman historique. Lire ces récits sans aimer Superman c'est ne pas comprendre le sujet, les lire sans connaître et aimer le Silver Age, c'est ne pas parler la bonne langue.


Quatre récits sont ici collectés dans ce tome, tous écrits par Alan Moore sur Superman entre 1985 et 1986. Chacun est en soi une petite merveille qui demande cependant une réelle contextualisation. À chaque fois on retrouve l'univers pré-Crisis, voir parfois le Silver Age. À chaque fois on sent le ton de Moore. Forcément de par notre époque voir la nouveauté de Moore, comprendre le monde pré-85 est difficile.


L'annual de Superman de 1985 ouvre les hostilités. Immédiatement nous sommes face à une des plus célèbres histoire de Superman, histoire qui choquera tout lecteur ne connaissant Krypton que par l'ère Byrne et après (et il va sans dire que je préfère le Krypton de Man of Steel moi aussi). En effet, ici pour son anniversaire, Superman s'est vu offert un dangereux cadeau : une plante symbiotique qui va lui offrir son plus beau rêve : une vie sur Krypton, sans que celle-ci n'ait explosée. Il faut bien comprendre qu'ici Moore montre la vie sur Krypton dans un soucis de quotidienneté et avec une teinte très 50's que Moore apprécie (loin de son propre univers). Le but est bien de se questionner sur la vie que Kal-El aurait aimé avoir et c'est ici intéressant de voir le cœur même de Superman.
Cette histoire met en opposition un Mongul comme un monstre sanguinaire mais assez sophistiqué. Idée qui malheureusement ne sera pas gardée post-Crisis. Dans le même temps on retrouve totalement cette maîtrise du début des années 80 avec Jason Todd dans le rôle du nouveau Robin, discret au possible, un Batman détective qui manie l'humour pince-sans-rire et une Diana des plus nobles.
L'Idée de s'inquiéter de l'hypocrisie de Superman vis-à-vis de son cœur, de sa vie est bien mise en place tout en gardant ce ton accessible pour plaire aux enfants montre bien la volonté de Moore de rester dans une ère enfantine des comics malgré la teinte sombre à laquelle il participe et qu'il critique simultanément.
Pas la peine de se le cacher : ce récit a touché un point si crucial que la majorité des grands auteurs vont le reprendre même ces dernières années(Justice League de Dini, Green Lantern de Johns, Superman de Tomasi, Batman de King).


A côté de cela, le second récit montre un Superman infecté par un virus extra-terrestre. Ce numéro de DC Comics presents ne sert qu'à montrer un cross-over Superman/Swamp Thing, ce-dernier ayant été recréé par Moore. Ce numéro permet à Moore de mettre en avant une narration très horrifique, très sombre, avec un ton psychédélique remixée qui là encore respire les influences 70's de Moore.
Récit peu prétentieux mais efficace dans la forme.


Mais le cœur du récit sont les derniers numéros d'Action Comics et de Superman avant la reprise de l'univers par Byrne. Moore a le droit à 48 pages pour conclure l'histoire de Superman. Il en profite pour lancer une longue lettre d'amour à Superman expliquant simplement une idée fondamentale pour lui : les vrais héros ne sont pas réalistes. Ils sont des idéaux. Jetés dans la réalité où les héros peuvent tuer ils ne sont plus eux-mêmes. Cela est, in fine, le même message que Watchmen : les héros ne peuvent être réalistes (il est d'ailleurs curieux de voir le nombre de lecteurs qui croient que Moore aime les héros de Watchmen).
Moore offre ici la fin des héros, la fin des alliés. Il met en jeu le mouvement dans un monde de stabilisme qui n'a pas bougé depuis plus de 40 ans. Il confronte son héro au réalisme. Superman, hésitant entre Lana et Loïs depuis des années met en parole le problème concret que cela pose.
Le grotesque Bizarro est rattrapé par cet aspect impossible, Luthor est vaincu en demandant pitié car jamais on ne peut être plus intelligent que des extra-terrestres supérieurs, la cinquième dimension est plus forte que la notre, les vilains n'ont pas de limite et les amis des héros meurent car les vilains n'ont pas de limite.
C'est d'une tristesse palpable, et il est difficile, si on aime cet univers de ne pas pleurer devant les nombreux drames que Moore écrit.
Quelques lecteurs ont regretté le manque de lien vers l'avenir si ce n'est le bébé des dernières planches. Ils n'ont donc pas compris que le bébé n'était pas un lien vers le futur mais un indice sur la réelle fin de Superman. Une fin lumineuse, une fin glorieuse, une fin d'idéal.
Car oui, il n'est pas besoin d'avenir dans ce récit : Superman avait un gros défaut, celui de penser que le monde ne tournerait pas sans lui. Or, sans Superman, le monde existe pourtant, mais dans notre monde Superman ne peut exister. On n'a pas besoin d'un avenir, on conclut ici le passé. Il n'est plus question d'avoir une liaison avec l'avenir, celui-ci s'est renfermé sur lui-même.


Emouvant, possédant des liens fondamentaux avec la pensée globale de Moore et l'évolution du comics, ce tome est un must-have absolu pour tous les fans de Superman. On regrettera simplement la limite éditoriale de Moore : il aurait gagné à avoir plus de 48 planches pour conclure le glorieux récit de Superman.


Superman est mort en 1986. Superman est né en 1986.

mavhoc
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le 3 nov. 2018

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