Saint Seiya est un manga de Masami Kurumada surtout célèbre en France pour son adaptation en animé diffusée sur Le Club Dorothée, dans les années 90, sous le titre Les chevaliers du zodiaque. Mais ce n'est pas le premier succès de M. Kurumada au Japon, qui avait déjà à son actif une série en 25 tomes intitulée Ring ni kakero.


Saint Seiya raconte l'histoire d'adolescents orphelins (Seiya étant le nom de l'un d'eux) s'étant entraînés pendant six ans aux quatre coins du monde pour obtenir le titre de chevalier ("saint" en VO) et remporter chacun une armure associée à une constellation. Ces chevaliers ont pour mission de servir la déesse Athéna pour protéger la Terre contre les forces du mal. Ils devront ainsi faire face à des chevaliers renégats et des soldats au service d'autres dieux voulant asservir la Terre. Ces chevaliers se battent pour la plupart à mains nues et sont capables d'une force et d'une vitesse prodigieuses grâce à la maîtrise du "cosmos", sorte d'énergie vitale propre à chaque être vivant.


L'attrait pour l'animé provenait en grande partie de ce melting-pot improbable d'astronomie et d'emprunts mythologiques, des armures d'une grande classe et du caractère des protagonistes : de jeunes hommes au sens de l'honneur, du devoir, de l'amitié et parfois de l'orgueil exacerbé. Mais il souffrait également de terribles défauts : animations recyclées, épisodes au scénario fantaisiste et, pour la VF, changements intempestifs de comédien étaient parmi les principaux. D'où la tentation de découvrir la version papier ; après tout, il s'agit d'une entreprise salutaire pour Dragon Ball, dont l'animé côtoyait justement Les chevaliers du zodiaque sur Le Club Dorothée.


Las! M. Kurumada n'a pas, loin s'en faut, le talent d'Akira Toriyama. L'immense majorité des personnages principaux (alliés comme ennemis) ont les mêmes traits androgynes, les décors sont rapidement esquissés lors des scènes introductives avant de passer à la trappe et surtout, les scènes de combat sont singulièrement pauvres pour un manga dont c'est censé être le sujet principal. Ainsi, les personnages se contenteront généralement de prendre la pose en criant le nom de leur attaque fétiche, bien souvent dans un plan presque cocasse où celui qui prend le coup voltige en arrière plan. Quelle déception aussi de constater que les armures ont beaucoup moins de classe que celles de l'animé (dessiné par Shingo Araki) ; cela s'améliore certes par la suite mais finit par devenir caricatural dans l'arc Hadès avec la taille gigantesque et l'abondance de fioritures des armures ennemies.


Graphiquement ce n'est donc pas enthousiasmant. Qu'en est-il donc de la narration? Malheureusement, elle est tout aussi faible. D'abord, la répétition est de mise :
- Chacun des trois arcs respecte le même schéma, à savoir vaincre les gardiens postés à différentes étapes d'un chemin au terme duquel on pourra sauver Athéna.
- Le caractère des protagonistes n'évoluera pas d'un iota de toute la série.
- Chaque fois que Seiya se retrouvera impuissant, il lui suffira d'invoquer un miracle pour vaincre tout de même.
- Ironiquement, si les chevaliers se targuent de ne pas se faire avoir deux fois par la même attaque (ce qui leur arrive néanmoins régulièrement), c'est en répétant la leur ad nauseam qu'ils finissent le plus souvent par triompher.
- Et bien d'autres : Shiryû qui perd et retrouve la vue deux fois sur trois, Ikki qui est laissé pour mort mais resurgit chaque fois que ses compagnons sont en mauvaise posture, etc.


De plus, l'histoire baigne en générale dans le manichéisme le plus primaire, bon nombre d'ennemis ponctuant chacune de leurs phrases par un rire sardonique quand ils ne se contentent pas d'afficher leur bêtise et leur mépris total des héros. Difficile alors d'accorder du crédit au ton chevaleresque de la série ou aux justifications des exactions des "méchants".


Que reste-t-il alors, derrière les dessins médiocres, la narration paresseuse et les personnages très peu fouillés? Peut-être une sorte d'aura émanant plus de ce que Saint Seiya aurait pu être que de ce qu'il est réellement, couplé au souvenir de l'animé qui, lorsqu'il n'avait pas à inventer le scénario et à étirer les scènes en attendant le prochain chapitre du manga, faisait tout mieux que lui (combats, ton, dialogue...) en plus de bénéficier d'une excellente BO.

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le 29 déc. 2015

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