A 11 ans, je découvre Bilal, et ça me fait l'effet d'un coup poing dans la gueule.
A l'époque, je suis déjà amoureuse de la BD mais mon coeur est pris par les séries de Peyo, Lambil et Franquin. Bref, je connais que la BD jeunesse, qui me fait marrer et voyager le soir dans mon lit. Bilal fait alors l'effet d'une révélation : la BD n'est pas destinée qu'aux enfants.
Devant mes yeux : des planches, un style, un trait qui me fait perdre mes mots. Qu'importe les mots quand un dessin vous fait tant d'effet. D'ailleurs je ne lis pas les dialogues. Je n'y comprends rien et mon oeil est toujours rattrapé par le dessin.
A 11 ans, c'est l'époque des changements. Pourtant, j'ai passé toute mon adolescence à admirer Bilal avec la même constance, à le copier, à désespérer un petit peu ("Je pourrais jamais faire la BD jamais jamais je suis nulle") Je regarde les vidéos sur Youtube où l'on rentre dans son atelier et j'ai la sensation de découvrir les secrets des pyramides de Kheops.
Il faut dire qu'aujourd'hui, l'adolescence c'est fini, et mon obsession avec. Il faut dire qu'il y a eu d'autres poings dans la gueule depuis (Meurisse, Pedrosa, Tardi...) mais il faut dire aussi que chaque fois que je rentre dans un magasin de BD je finis toujours par trouver le rayon Bilal, m'asseoir, et replonger dans ses planches avec une grande nostalgie.