Après le sépia qui replace la situation, Réka auprès du Pape, Dyo soumis en charge des dominicains, Aker réfugiée auprès de l’Empereur Henri du Saint Empire Germanique et Erlin ermite en marche, c’est une longue introduction, où apparaît le jeune Tristan des Barres, qui raconte la mutilation de Guillaume de Lecce.
L’intrigue principale s’installe, tard, plus de quarante ans après. Erlin sorti de sa retraite veille sur les tentatives de reproductions des images de l’ivoire, Dyo, lépreux, continue de chercher le graal et son pouvoir perdu en massacrant les villageois, le feu dans son sillage, tandis que Reka et Aker s’affrontent à distance par d’intermédiaires manipulations, entre le sang, la magie et le feu grégeois. Le scénario trouve sa piste sur la fin de l’album, autour de la défense du Graal dans les montagnes du pays cathare, de son ivoire de la coupe et de l’ivoire de l’épée caché avec, avec le chevalier Tristan des Barres et Erlin comme puissants derniers remparts à l’avidité imbécile et sanguinaire des sbires de Dyo et de Reka. Le sage Erlin garde l’épée mais Dyo récupère la coupe. Un épilogue alourdit encore le goût de l’ensemble en racontant l’entrée dans le jeu de Guillaume de Lecce avec la parole de ses premiers pions, porteurs de l’avertissement.


Avec un scénario décousu, sans rythme et sans ligne, comme un amas de séquences montées les unes après les autres sans le lien nécessaire à les tenir ensemble, Jean-Pierre Pécau retrouve les grandes faiblesses du premier tome et démontre que si les idées et le grand schéma sont là, la narration n’y est pas, ni l’ordre ni l’imbrication.
Le dessin de Goran Sudzuka rehausse le niveau des premiers épisodes, plus fluide et mieux abouti, plus agréable, et même Carole Beau y insuffle de plus vives couleurs. De plus l’idée des séquences au cœur du Bois Sacré par un autre dessinateur, Geto, est lumineuse. Ces quelques planches sont les plus belles de la série jusqu’à présent. Dans le ton de l’histoire, rondes et liées, merveilleuses, l’action y est vivante et les portraits splendides d’ultra réalisme.


Mais c’est encore trop peu. L’Histoire Secrète ne trouve pas son rythme. Après trois volumes, on comprend bien ce qui lie et oppose les archontes, leurs caractères se dessinent, s’affirment. Mais chaque histoire manque trop d’ampleur pour soutenir l’ambition de la série, de trop petites histoires pour espérer en lier une grande. Et le syndrome est au cœur de l’intrigue : pour réutiliser le même objet de quête deux épisodes de suite, il eut fallu plus d’enjeux et de suspense, plus de mécanismes invisibles dans des séquences faussement inutiles, plus de corps aux personnages autant qu’au récit. Puisque Le Graal de Montségur ne réussit pas à se satisfaire de lui-même, il n’apporte pas grand-chose non plus à la trame de base de la série.


      Matthieu Marsan-Bacheré
Matthieu_Marsan-Bach
5

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste L'Histoire Secrète, Occultes Variations

Créée

le 6 nov. 2015

Critique lue 222 fois

Critique lue 222 fois

Du même critique

Gervaise
Matthieu_Marsan-Bach
6

L'Assommée

Adapté de L’Assommoir d’Émile Zola, ce film de René Clément s’éloigne du sujet principal de l’œuvre, l’alcool et ses ravages sur le monde ouvrier, pour se consacrer au destin de Gervaise, miséreuse...

le 26 nov. 2015

6 j'aime

1