Madang et sa femme déménagent à la campagne pour offrir à leur petit garçon d’un an un cadre de vie plus épanouissant que la grande ville. Après un rude hiver, la famille trouve ses marques, installe un potager et découvre des voisins toujours prêts à donner un coup de main. Mais le quotidien de Madang est perturbé par l’état de santé de ses parents. Cloîtrés à Séoul dans un appartement en sous-sol, presque sans ressources, ils n’ont plus la moindre activité. Le père boit comme un trou et la mère passe ses journées à dormir. Quand cette dernière enchaîne les hospitalisations, Madang et son frère peinent à régler les frais de santé. Tiraillé entre sa vie de famille à la campagne et sa volonté de ne pas délaisser ses parents, le jeune homme a de plus en plus de mal à assumer ses responsabilités.


Madang est partagé entre deux mondes. Celui de la maison qui lui est si précieux et qu’il veut protéger coute que coute et celui des contraintes liées à l’état de ses parents. Avec eux il doit se rendre disponible alors que son travail lui prend beaucoup de temps (il est dessinateur de BD), supporter leur humeur infecte et les soutenir financièrement malgré ses faibles moyens, quitte à s’endetter pour régler leurs factures.


La réflexion sur le vieillissement est profonde et touchante. Le fils n’abandonne pas ses aînés mais il refuse de les laisser entrer dans sa sphère privée (impossible de se résoudre à les accueillir chez lui par exemple, car il sait que ce serait la fin de « son monde »). Au-delà, il pense à sa propre vieillesse, à la charge qu’il risque de devenir pour son fils. Son frère le persuade que la santé est leur bien le plus précieux et qu’il faut tout faire pour la préserver. Des flash-back ramènent Madang à son enfance, plus particulièrement aux délicieux repas que sa mère lui préparait. La cuisine devient une madeleine de Proust lui donnant plaisir et sourire, une éclaircie bienvenue dans un quotidien plein de nuages.


Le dessin est simple et va à l’essentiel, la narration est d’une redoutable efficacité et le noir et blanc donne au récit une sobriété bienvenue. Je ne sais pas si l’histoire est autobiographique mais je l’ai trouvée d’une pudeur, d’une dignité et d’une honnêteté exemplaires. Sans aucun doute une des plus belles et inattendues découvertes de ce début d’année en matière de BD.

jerome60
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le 25 févr. 2017

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