Si les histoire conspirationnistes était bien foutues...
...Elles s'appelleraient "Rex Mundi."
Alors là, je vais être honnête : j'ai participé à la nouvelle adaptation de ce comics dans notre vieux pays. Voilà, vous êtes prévenus, et libres de considérer cette critique comme épouvantablement partiale.
Mais merde, quoi, sur ce genre de bouquin, il y a pas d'intégrité professionnelle qui tienne. Alors lisez-le. Squattez la fnac pendant une heure, empruntez-le, faites-vous tourner les pages par votre esclave sexuel si vous voulez, mais jetez-y un coup d'oeil.
Rex Mundi, c'est une série de 6 tomes qui mélange deux genres : l'intrigue conspirationniste sur fond de quête du graal, et l'uchronie.
Le premier thème est de venu ultra grand public depuis le Da Vinci Code ; il est exploré ici de façon classique, sur fond de guerre de sectes, secrets épiscopaux, meurtres rituels et messages cryptés. Bon j'avoue, c'est quand même un peu plus poussé que d'habitude, l'auteur s'est fait chié à écrire ses indices en hébreux, mais ca reste du classique. On suit le docteur Saunière, perso principal qui entre dans la quête et dans cet univers de secrets de façon souvent attendue. Mais quand c'est bien fait, c'est jamais sale, et en l'occurrence c'est plutôt bien fait.
Le deuxième thème, c'est l'uchronie. Et c'est en fait le premier. C'est l'exercice uchronique qui fait toute la force du livre. L'auteur a planté le décor du monde des années 30, mais... pas pareil. Pas pareil du tout, en fait.
La reconquête espagnole a échoué.
Le schisme protestant n'a pas eu lieu.
La révolution française s'est vautrée.
La guerre de sécession américaine s'est finie sur la scission du pays en deux.
La première guerre mondiale n'a pas eu lieu.
L'Église a gardé sa toute-puissance sur l'Europe.
Donc, en gros. Nous sommes à Paris, dans les années 30, sous le règle d'un Louis XXIII bedonnant et d'une poignée d'aristocrates rêvant de reprendre les croisades contre les musulmans. C'est sur cette scène qu'évolue le docteur Saunière. Et pour être sûr qu'on y croie, l'auteur a poussé le détail dans tous ses retranchements, extrapolé les systèmes politiques en place, les personnalités people du moment, synthétisé tout ça dans de vraie-fausses coupures de journaux qui parsèment le livre et tiennent le lecteur à jour de cet univers à la fois si familier et si subtilement différent.
Ce choix de l'uchronie permet à l'auteur de faire monter les enchères. Les histoires de conspirations, encadrées généralement par notre propre époque moderne, restent la plupart de temps des histoires d'agents secrets.
Ici, non. De la quête du Graal dépendra rien de moins que le dogme de l'Eglise, la survie des dynsaties françaises, et une possible guerre mondiale - cette fois entre chrétiens et musulmans.
Il y aurait encore des tas de choses à dire. Sur l'arrivée discrète des symboles et mentalités totalitaires du vingtième siècle dans cette uchronie, et la subtilité avec laquelle elle est amenée. Sur le dessin qui sert parfaitement l'histoire. Sur les connaissances pointues d'Arvid Nelson (l'auteur), aussi cultivé que Dan Brown était ignare.
Mais je préfère arrêter de vous mâcher le boulot. Allez le lire.
