Si La Horde du Contrevent est un tel classique, un tel mythe, c'est, comme le dit Damasio, que chacun a pu, en lisant ses lignes, s'approprier chacun des membres de la Horde, la quête, chacun a pu en saisir le sens, chacun y voit une aventure différente. La Horde du Contrevent rend chaque lecture unique, comme si nous étions les seuls à avoir eu le droit de suivre l'épopée de Golgoth et de sa Horde. La Horde du Contrevent nous donne le sentiment d'être privilégié.


Si de nombreuses adaptations sont déjà tombées à l'eau, c'est pour toutes raisons. Parce qu'on a tous un avis différent sur tel ou tel membre, chacun s'est imaginé sa propre Horde, sa propre flaque Lapsane, son propre Norska.


Mais Henninot y est quand même allé. Bien lui en a pris. Rarement une préface n'aura été aussi brillante. Oubliez la Horde que vous vous êtes imaginé et acceptez celle proposée par Henninot. Voilà en quelque sorte ce que nous dit Damasio. Et il faut dire qu'au début, les premières pages, ne sont pas simples. Sov, Golgoth, Pietro, Erg ne ressemblent pas à ce qu'on avait imaginé, bien évidemment...mais avec le temps Henninot nous fait accepter ses personnages. Comme dans l'oeuvre de Damasio, les personnes n'arrivent pas tous en même temps. Sov, Golgoth, Pietro, Coriolis et quelques autres sont les premiers à nous être présenté...avec le temps, chacun aura son rôle à jouer. Caracole, comme chez Damasio, reste évidemment l'un des personnages les plus important car il est charismatique, imprévisible. C'est l'un des seuls personnages que j'avais imaginé sous cette forme. Entre troubadour et cirque.


Henninot assiste un peu plus le lecteur que Damasio qui nous lâchait directement dans un Furvent terrible. Henninot nous introduit (très rapidement) la jeunesse de cette Horde. La grande force de cette adaptation réside certainement dans cette forme de lenteur. Ce premier tome est excessivement bien rythmé et l'on plonge dans la quête de l'extrême amont, entre tension, provocation et combat face au vent avec un plaisir et une facilité déconcertante. Un vent représenté avec simplicité par Henninot. Il ne prend pas beaucoup de risque sur ce point là.
Visuellement, le tout est d'ailleurs de très bonne facture, allant d'un désert orangé terne à la grisaille de terres désolées et cisaillées par les vents.


Finalement on prend un plaisir plus que certain à suivre une nouvelle fois la Horde. Ce ne sera pas la notre mais celle d'Henninot mais il faut avouer que ce dernier a pris un risque énorme en allant au bout de sa volonté...et finalement on peut dire un vrai grand MERCI à Henninot d'avoir assumé sa vision et de nous la proposer. Difficile d'être déçu tellement le tout est sérieusement préparé, sérieusement comté et dessiné avec beaucoup de précision.


Les moments marquant sont déjà là. Quand Caracole salue "Furvent, ceux qui vont mûrir te saluent" tel une prophétie, on retrouve tout l'épisme et la poésie de Damasio. On retrouve les dialogues magnifiquement écrit de Damasio, on retrouve son rythme et sa spontanéité. Cette adaptation est déjà une vraie réussite et nous permet à tous, enfin, de poser une imagerie sur l'oeuvre de Damasio tout en conservant ce qu'on avait imaginé en lisant son roman. Un premier essai qui pourrait en appeler d'autres (La Zone du Dehors n'attend que ça). Le pari était risqué mais réussi. On attend déjà la suite avec une très grande impatience !


En tout cas, moi, Hordier, je suivrai une nouvelle fois les aventures de Sov, Coriolis, Golgoth, Erg & Cie. Tous les lecteurs de Damasio attendent avec impatience certains passages et au vue de ce premier tome, ils seront tous parfaitement retranscris par Henninot.

Halifax
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le 22 oct. 2017

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Halifax

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