Le coffre aux âmes est le deuxième opus du nouveau cycle de la saga Donjon intitulé « Antipodes + ». Il s’inscrit dans un futur très lointain par rapport aux trames inscrites dans « Donjon Potron-Minet », « Donjon Zenith » et « Donjon Crépuscule ». Néanmoins, Joann Sfar et Lewis Trondheim sont toujours au scénario et servent donc de passerelle entre cette nouvelle aventure et les précédentes. La mise en image est confiée à Vince, dessinateur que j’avais découvert à l’occasion de ma lecture du tome précédent intitulé Rubeus Khan.


La série s’est construite depuis sa création sur les codes de la fantasy. Châteaux, quêtes, magie, dragons… Les ingrédients classiques du genre étaient cuisinés de manière originale pour offrir une œuvre de grande ampleur à nulle autre pareil. Sur ce plan-là, ce nouveau cycle marque une rupture que j’ai trouvé assez radicale. En effet, le lecteur est plongé dans un univers urbain et brutal. Lors de ma découverte du premier album, j’en étais venu à douter que l’histoire s’inscrive dans la chronologie de « Donjon ». Néanmoins, cette différence n’était pas un défaut. Elle avait suffisamment éveillé ma curiosité pour me plonger dans Le coffre aux âmes et suivre le destin du dernier descendant en date des Vaucanson.


L’intrigue se construit essentiellement autour du personnage de Robert de Vaucanson. Ce canard rouge est pourvu d’un caractère volcanique et se met facilement en colère. Il faut dire que les événements vécus ces derniers temps lui sont peu favorables. Son fils a été enlevé et son oncle lui veut le plus grand mal. Bref, son quotidien n’est pas un long fleuve tranquille. Je dois bien avouer que j’ai retrouvé avec plaisir ce personnage qui se fait appeler Rubeus Khan. Je le trouve drôle par ses excès et attachant par ses souffrances et son destin. Par son trait, Vince arrive à lui donner une dimension « cartoon » dans ses expressions qui est une jolie réussite.


Comme évoqué précédemment, le fils de Robert se trouve prisonnier dans des mines de lithium. Notre héros souhaite donc naturellement s’y rendre au plus vite. Mais il n’en a pas les moyens et sa tête est mise à prix. Il décide donc de s’adresser à l’Atlas, chef de toutes les pègres locales. Ce dernier accepte de l’aider dans sa mission à une condition : mettre la main sur une boite légendaire permettant un passage entre la dimension des vivants et des morts. C’est ainsi que ce cher Robert se voit parachuter au beau milieu d’une jungle hostile en quête d’un artefact dont il ne sait absolument rien !


Cette immersion dans ce nouveau milieu pourvu d’une certaine aura mystique amorce un lien avec les codes historiques de « Donjon ». Je dois bien avouer que ce virage vers les « fondamentaux » ne m’a pas déplu. Le Robert en mode « Indiana Jones » est plus une réussite et c’est avec plaisir que j’ai savouré ses pérégrinations dans les couloirs labyrinthiques d’un temple plein de dangers. La « visite » est rythmée et propose des scènes à la fois drôles et spectaculaires. Je trouve que Vince fournit un travail de grande qualité afin de plonger pleinement le lecteur dans cet univers à la fois fascinant, inquiétant et rude.


Concernant les personnages secondaires, aucun ne joue un rôle comparable à celui du héros. Robert croise un bon nombre de protagonistes, des gentils, des méchants, des drôles, des inquiétants… Chacun apporte son écot à la narration mais aucun n’en est un acteur majeur. Néanmoins, j’aurais plaisir à les recroiser lors de prochaines aventures. D’ailleurs, cet album commence à inscrire plus clairement le cycle « Donjon Antipode + » dans ma grande toile scénaristique qu’est « Donjon ». La dernière planche particulièrement éveillera la curiosité des fidèles de la saga.


Pour conclure, Le coffre aux âmes est plutôt réussi. Même si mon attachement aux personnages n’est pas encore à la hauteur de ceux des autres époques que je côtoie depuis des décennies, je dois bien dire que Robert est un héros que je trouve plutôt réussi. Sa quête pleine de colère et de désespoir possède un potentiel intéressant et je commence à apprécier les particularités de l’univers qui l’abrite. Bref, je conseille aux adeptes de « Donjon » de donner sa chance à cet album et au cycle dans lequel il s’inscrit. De mon côté, j’attends avec curiosité la suite…


Eric17
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le 7 août 2023

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