Lorsqu’on lit cette bande dessinée, on sent la marque de fabrique d’Yslaire. Sur la forme, un découpage toujours aussi bien pensé, évocateur, qui sert la narration, avec peu, voire aucune, de case superflue. Le texte est bien écrit, un brin poétique et mélancolique. Les personnages ont des visages avec de petits défauts qui les rendent réalistes et n’enlèvent rien à leur beauté.

Pour le fond, une histoire d’amour maudite et des personnages qui sont les proies de la fatalité. Fadya n’est pas sans rappeler les héros de Sambre, Julie et Bernard. Avec Julie, elle partage une beauté envoûtante et avec Bernard, un caractère emporté. Jules, quant à lui, m’a davantage évoqué Julie, de par son aura mélancolique et son apparente résilience face aux malheurs qui l’ont frappé. De plus, il dit être originaire de Khazarie, racines qu’il s’avère partager avec Iris, mère de Julie et héroïne de la saga parue un peu plus tard.

Mais cette œuvre se distingue de la saga Sambre, sordide et pessimiste, par son message pacifiste. Message appuyé par le personnage de Jules; le début de l’histoire nous le montrant victime de la barbarie nazie, puis plus tard, pleurant devant les images montrant l’Irak envahie. En plus de cela, le récit est parsemé de références à John Lennon et la narration reprend même les paroles de sa chanson phare, Imagine. Jules évoque d’ailleurs le bed-in, lorsque l’artiste et son épouse, Yoko Ono, étaient restés prostrés dans une chambre d’hôtel et faisaient l’amour pour protester contre la guerre. Il ne fera pas que le mentionner d’ailleurs, et tentera de retenir Fadya afin qu’elle ne commette pas l’attentat-suicide qu’elle a prévu.

On ressent également un peu plus d’espoir dans cette histoire. Fadya semble certes déterminée à laver son honneur et à sacrifier sa vie, mais sa rencontre avec Jules la trouble et la fait douter. A mesure que le récit avance, elle oscille entre devoir et abandon. Si elle semble déterminée à agir, il semblerait qu’elle ait perdu du temps (acte manqué ?) A voir ce qu’il adviendra dans la seconde partie.

Dal_MT
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le 10 juil. 2023

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