Voici le dernier volet de la trilogie "Légendes d'aujourd'hui d'Enki Bilal et Pierre Christin. C'est loin d'être le meilleur des trois. En tout cas, c'est celui qui m'a le moins plu. Essayons de voir pourquoi.

Encore une fois, il s'agit de présenter une situation critique et d'envisager une sortie de crise originale ou utopique, ce qui permet aux auteurs de proposer une critique forte de la société. Le cadre est ici différents des deux premiers volets où nous nous trouvions dans des petits villages (Landes et côte bretonne) où les habitants étaient confrontés à des problèmes liés à des projets extérieurs qui leurs étaient imposés. Ici, nous sommes dans une petite ville du Nord de la France confrontée aux difficultés de ses industries et aux licenciements et où Bilal et Christin nous dépeignent les difficiles conditions de vie d'un prolétariat confronté à un patronat sans scrupule. Autre différence avec les deux albums précédents : si le personnage récurrent est encore là, on ne comprend pas bien son rôle, et surtout on n'a plus la dimension fantastique : plus de magie ou de phénomènes étranges... Ce troisième volet est ainsi beaucoup plus réaliste que les deux précédents et je trouve qu'on y perd. Je suis personnellement extrêmement sensible à toutes les questions sociales et au "sort" du monde ouvrier mais je trouve que l'album n'apporte plus aujourd'hui grand chose de nouveau sur le sujet. On y voit une forme de paternalisme, le mépris des patrons, les divisions syndicales et la grève mais c'est somme toute assez banal. C'était sans doute plus original en cette fin des années 70 où on commence à voir émerger la crise dans laquelle nous sommes encore. Peut-être suis-je déçu parce qu'il y a aujourd'hui beaucoup de témoignages, sous différentes formes, beaucoup plus précis sur la question. Il faut néanmoins souligner le traitement assez fin de la question, on n'est pas dans la caricature et on le voit à la fin, l'utopie proposée n'est peut-être pas aussi parfaite qu'on pourrait l'imaginer, ce genre de réalisation ne peut convenir à tout le monde.

Je trouve enfin qu'il y a pas mal de passages peu utiles, alors qu'on aurait aimé des développements plus importants sur l'utopie qui sort de terre seulement à l'ultime fin de l'album. Un troisième volet par conséquent fort décevant au regard des deux précédents en dépit de l'intérêt qu'on peut porter aux thèmes abordés.
socrate
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le 6 mai 2011

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socrate

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