Retour à la nature

Le tome 6 des aventures de Lou en avait déstabilisé plus d'unE avec son psychédélisme exacerbé et sa narration atypique. J'avais adoré.
Ici Neel nous donne clairement des clefs pour comprendre d'une part vers quelles nouvelles terres nous avait emmené le tome 6 et plus généralement nous situer sur la carte de son opus "pour filles et pour tout le monde".
D'un point de vue très terre à terre, c'est évident qu'un processus générationnel est à l'oeuvre avec Lou. L'auteur est né, wikipedia nous le dit, dans les années 1970 - ceci expliquant vraisemblablement cette énergie écolo-hippy qui imprègne l'album, déjà présente en filigrane dans les précédents albums sans aucune exception. Si je disais "processus générationnel", c'est aussi parce que cette énergie du "retour à la nature" - y compris dans ce qu'il a de concret (l'album n'hésite pas à en présenter des désagréments) - résonne complètement avec le lectorat de "millenials" de Lou.

Sans dévoiler l'intrigue on se réjouira aussi de voir que d'autres thèmes qui animaient les seventies et qui réapparaissent aujourd'hui, tel celui des sexualités, sont mis en oeuvre avec délicatesse et sans lourdeur aucune, avec notamment cette scène particulièrement touchante et sensuelle de coming out, qui ponctue le récit sans en briser la continuité ni devenir un enjeu majeur. La dimension psychédélique qui a pris le dessus dans le tome précédent - et qui, si on ne se voile pas la face, fut toujours un élément constitutif de la série - se retrouve aussi ici dans un moment au climax de l'ouvrage, qui rappelle le fameux Sonoma Incident de McKenna.

Avec des ellipses bien placées, ce tome de Lou apporte aussi la bouffée d'air nécessaire après le trip en profondeur du tome précédent, et on comprend arrivé au bout pourquoi l'auteur a choisi de bousculer le déroulement chronologique des albums, en nous réservant avec la Cabane cette plongée dans le vert et le bleu après le violet hallucinant mais un peu oppressant de l'Age de Cristal.

Comme toujours avec Lou, le seul problème c'est qu'on attend impatiemment la suite !