Pour les adeptes de lapine qui sait se défendre et qui est en quête de découverte...

La bière supérieure est le quatorzième opus du cycle Donjon Monsters. Cette sous-série de Donjon a pour habitude de centrer chacun de ses tomes autour du destin d’un personnage secondaire de la trame générale de la saga. On retrouve ici une nouvelle fois au scénario le talentueux duo composé de Joann Sfar et Lewis Trondheim. Les dessins sont confiés à Bastien Quignon dont je découvre le travail à cette occasion. La couverture de l’album nous plonge dans un village au milieu de la nuit. Il s’y trouve une serveuse lapine avec son plateau contenant deux chopes de bière dans une main et un couteau ensanglanté dans l’autre. Tout un programme…


Avant d’entrer de plein pied dans ma critique de La bière supérieure, présenter rapidement l’univers de Donjon me semble être important. Qu’est le Donjon ? Il s’agit d’une grande tour habitée par une riche galerie de monstres et dirigée fermement par le Gardien. Telle est la situation initiale de la grande fresque née de la collaboration entre Lewis Trondheim et Joann Sfar. Ils vont créer par la suite un grand nombre de cycles se greffant à la trame principale. Certains vont nous plonger dans un passé plus ou moins lointain durant lequel le Donjon n’existait pas. D’autres vont nous faire découvrir un avenir dans lequel le Gardien voire le Donjon ne sont plus là. Cette originalité scénaristique offre ainsi une richesse et une diversité narrative assez exceptionnelles.


La bière supérieure s’inscrit dans l’époque Donjon Zénith. Il s’agit, à mes yeux, de la période la plus légère de la saga. La trame exploite pleinement les codes de la fantasy pour générer un ensemble drôle et divertissant. Néanmoins, l’arme blanche tenue fermement par l’héroïne sur la couverture questionne sur le ton de l’album !


Je tiens d’ailleurs à préciser que cette lecture ne nécessite pas d’expertise particulière dans la connaissance des événements et des protagonistes de la saga. En connaitre les très grandes lignes est amplement suffisant pour profiter pleinement de cette immersion dans le village de Zautamauxime connu pour sa proximité géographique avec le Donjon et pour le fait d’être habité par des lapins fortement xénophobes.


L’histoire débute dans les pas de Bonnie, serveuse dans une auberge. Son quotidien n’est pas facile. Elle a beaucoup de mal à accepter le racisme qui habite sa communauté. Son ouverture d’esprit n’est pas forcément bien vue par ses acolytes lapinesques. Néanmoins, ce qui est perçu par la majorité comme un défaut est vu par un producteur brassier comme une qualité rare. Ce dernier propose à l’héroïne de devenir sa responsable commerciale chargée de développer ses exportations. En effet, elle semble être la seule à accepter de quitter le village. C’est ainsi que Bonny se voit offrir un nouveau destin qui ne s’avèrera pas dépourvu de zones d’ombre…

La structure du scénario est assez linéaire. Bonnie fait ses gammes de commerciale. Le succès est au rendez-vous mais les dangers aussi. Son chemin la fait croiser des personnages hauts en couleur qui ne sont pas tous habités par les meilleures intentions. Les différentes rencontres sont donc loin d’être calmes et bien souvent sanglantes. Les aventures de l’héroïne vont ainsi parfois l’obliger à se détourner de sa mission initiale.


L’ambiance de l’ouvrage possède une vraie personnalité. Je ne peux pas la qualifier de légère et familiale. En effet, certaines scènes sont dures et violentes. Néanmoins, ce n’est en rien gênant tant l’atmosphère est prenante et conserve une intensité constante du début à la fin. Certes, on pourrait regretter que les valeurs de certains protagonistes soient loin d’être positives mais cela ne m’a pas empêché de prendre plaisir à suivre le destin de cette héroïne qui ne cesse de prendre de l’ampleur au fur et à mesure de son cheminement sur les routes. Une chose est sûre, les adeptes de Donjon Parade ou des premiers tomes de Donjon Zenith risquent d’avoir besoin d’un temps d’adaptation avant de savourer pleinement le plat proposé.


Pour conclure, cet album possède un ton original qui enrichit la grande fresque du Donjon. L’héroïne est intéressante et son histoire sans temps mort. J’en conseille donc la lecture aux fidèles de la série. La bière supérieure se déguste avec plaisir…


Eric17
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le 16 déc. 2023

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