Pour les adeptes de chiens, d'orques, d'elfes, de dragons et de bêtes bizarres...

L’inquisiteur mégalomane est un titre pour le moins original. Il éveille d’autant plus la curiosité que l’histoire est scénarisée par Joann Sfar et Lewis Trondheim. Il s’agit du deuxième tome du cycle Donjon Antipodes -. Le premier tome de la série possédait un potentiel intéressant né des aventures de deux chiens abandonnés dans un univers de fantasy. J’avais passé un agréable moment de lecture à suivre leurs pérégrinations suite au décès de leurs maîtres respectifs. La couverture de ce second tome montre nos deux héros poursuivis par une énorme bête à tête humaine et au corps mi-scorpion, mi-chauve-souris. En arrière-plan, on découvre un vieux monsieur habillé d’une toge orange accompagné d’une immense bestiole toute en longueur. Qui est cet inquisiteur ? Qui est ce monstre ? Quel va être le destin de nos deux amis canins ?

Donjon Antipodes – est un des derniers cycles à s’insérer dans la grande chronologie de la série Donjon. Il s’inscrit dans un très lointain passé et ne présente pas pour l’instant de lien direct avec le destin d’Herbert et de Marvin, héros légendaires de la saga. Comme évoqué dans l’introduction, le premier tome de cette nouvelle aventure m’a plutôt plu. Même si je n’ai retrouvé ni lieu ni personnage familier, je n’ai eu aucune difficulté à reconnaitre l’esprit de l’univers créé par Sfar et Trondheim. C’est donc avec curiosité que je me suis plongé dans la lecture de cette suite. C’était en effet un vrai plaisir de retrouver ces deux héros à quatre pattes dans un cadre de fantasy, genre dont je suis particulièrement friant…

Vous l’aurez compris, les deux personnages principaux sont des chiens. Leur point commun est d’avoir perdu leur maitre au cours d’une même bataille. Leur différence est que l’un est orque et l’autre elfe. Vu l’antagonisme historique entre ces deux peuples, est-il besoin de préciser que leur cohabitation n’était pas une évidence ? Mais les hasards de la vie les voient arpenter le monde parsemé de dangers divers et variés…

L’intrigue se construit autour d’une poudre magique. Cette substance a la capacité de faire marcher sur deux pattes les quadripèdes et de leur permettre de comprendre les humains et de se faire comprendre d’eux. Nombreux sont les personnes à vouloir mettre la main sur ce produit. Nos deux héros vont se trouver mêler à cette quête et plutôt avec le statut de chassé que de chasseur…

L’ambiance est évidemment à la détente. L’humour « Donjon » fonctionne toujours bien et les auteurs sont toujours efficaces pour offrir des dialogues qui dont mouches. Néanmoins, l’atmosphère nocturne qui habite une grande partie de la lecture et certaines scènes qui voient gicler le sang à grandes eaux donne un ton spécifique à ce cycle-là. Soyez rassurés, on n’est très loin d’être dans le gore ! Mais cette touche loin légère permet à Donjon Antipode – de posséder une identité spécifique.

Les dessins sont toujours l’œuvre de Gregory Panaccione. J’avais découvert ce dessinateur lors de la lecture du premier tome précédent. À cette occasion, son style avait pleinement participé à l’installation de cette ambiance particulière qui fait partie des charmes de ce cycle. Son travail sur les personnages est également de qualité. J’ai particulièrement apprécié la galerie de dragons offerte en fin d’album.

Pour conclure, j’ai passé un bon moment à suivre les pas de ces deux chiens pas comme les autres. La sympathie qu’il génère est un des atouts de l’album. J’ai également l’intrigue qui met en place des enjeux importants dont je suis curieux de connaitre le dénouement. Le casting est haut en couleur et la narration ne souffre d’aucun temps mort. Bref, L’inquisiteur mégalomane est un très bon cru qui enrichit aisément la grande aventure Donjon…