L'Enfer, c'est toujours les autres.
Tout d'abord, je dois dire que mes connaissances en matière de mangas sont plutôt limitées. A part la saga "Hellsing" de Kotha Hirano, "Akira" de Katsuhiro Otomo, les "Dragon Ball" que j'ai lu pendant mon enfance et quelques tomes de "GTO" et "Full Metal Alchimist", on peut aisément dire que ce n'est pas grand chose pour ce genre qui fourmille de styles, sous-genres et oeuvres bien différentes les unes des autres.
Je m'initie donc à la catégorie "ero-guro" ("érotique-grotesque") avec un one shot d'un auteur qui est apparemment un Maître du genre, Suehiro Maruo.
Je suis tombé dessus totalement par hasard et j'ai d'abord été attiré par la couverture, absolument magnifique, tant dans la structure que dans le dessin et les couleurs. J'ai ensuite été intrigué par la caution apportée par l'auteur Moebius, qui signe la préface de l'ouvrage.
Découpé en 4 nouvelles, tirées de l'oeuvre éponyme d'un auteur classique de la littérature japonaise, Kyusaku Yumeno (là encore mes connaissances sont très limitées, voire inexistantes), "L'enfer en bouteille" distille une atmosphère à la fois intrigante et désespérée, érotique mais pudique, triste, contemplative et poétique.
Dès la première nouvelle, sous-entendant une histoire d'inceste sans jamais rien dévoiler, on est tout de suite dans le bain.
Les 4 histoires sont profondément tragiques, teintées d'un humour noir mais jamais vulgaire, et présentant beaucoup de compassion pour les personnages dont il est question. Le dessin est vraiment magnifique, certaines planches ressemblant véritablement à des tableaux de Maîtres, grandes sources d'inspiration de l'auteur.
Je mettrais un bémol sur la deuxième nouvelle, "La tentation de Saint-Antoine", qui m'a un peu moins emballé, mais les trois autres sont vraiment relatées d'excellente façon, surtout la dernière, dont la conclusion tragique m'a laissé de marbre.
C'est donc une expérience très concluante pour ma part. Je reviendrai certainement sur cet auteur et peut-être même sur ce sous-genre, si les autres auteurs ont la même poésie, le même surréalisme glaçant, la même classe et la même pudeur que Maruo (personnellement, je n'aime pas les hentais extrêmes avec des jeunes filles à nibards excessivement gros).