Cette bande dessinée est l'adaptation graphique de souvenirs de Keum Suk Gendry-Kim, dont la mère, en 1950, fuit le Nord de la Corée et l'invasion communiste. Dans une colonne de réfugiés, portant sa fille, elle se trouva momentanément coupée de son mari et son fils, qui se retrouvèrent finalement piégés de l'autre côté de la ligne d'armistice, en Corée du Nord.
S'ensuit une vie, compliquée pour cette femme issue de milieux paysans traditionnels, qui se reconstruit avec un autre homme, dont elle a un nouvel enfant, l'auteure de ce livre.
Un peu comme dans Maus, on alterne des dialogues entre la mère et la fille et des flashbacks. Le livre interroge la notion de témoignage, la fille découvrant en faisant des recherches que sa mère fait des confusions. Ce qui est normal pour des souvenirs vieux de plus de cinquante ans.
Derrière tout cela, il y a des interrogations : comment refaire sa vie en sachant que son premier amour vit dans un système complétement différent, sans avoir aucune nouvelle ? Est-ce que la nouvelle cellule familiale que l'on se crée est un pis-aller, ou une véritable cellule familiale (la mère ne cache pas qu'il y avait une part d'intérêt dans le mariage avec son deuxième mari).
Et comment se passent les retrouvailles que le régime nord-coréen permet dans un cadre très contrôlé à partir de 2018 ? Peut-on vraiment donner des nouvelles à l'autre, quand ce qu'on a fait, c'est se reconstruire à côté de lui.
Le graphisme à l'encre de Chine est assez joli et le livre est marqué par des moments très touchants et délicats, quoique parfois brutaux. Au niveau pédagogique, une carte aurait été utile pour comprendre les distances parcourues. Il y en une ou deux fois, mais leur échelle n'est pas suffisante pour comprendre les enjeux.
Concernant la guerre de Corée en elle-même, ce n'est pas particulièrement pédagogique, l'accent est mis sur le témoignage. Dommage.
L'attente est le récit d'une jeune femme qui s'interroge sur la vie qu'a eue sa mère avec l'ancienne famille dont elle a été coupée par l'armistice de Panmunjon en 1953. Le livre s'intéresse davantage aux liens humains qu'au contexte socio-historique, ce qui le rend d'autant plus émouvant, et d'autant moins pédagogique.