Être une femme

Je n'achète plus de mangas depuis longtemps. La raison c'est que je trouve que la majorité de ce qui nous provient d'Asie se ressemble beaucoup trop. Pourtant, je suis conscient qu'il doit y avoir de bonnes productions, preuve en est, j'ai apprécié quelques séries que mon frère collectionne (Hunter X Hunter, Noritaka, L'habitant de l'infini, ...) ainsi que des séries que j'ai moi-même acheté (Ranma 1/2, Les lamentations de l'agneau, Kimengumi, ...). Et j'ai entendu parler de séries intéressantes de même que j'en ai commencées certaines qui donnent envie de poursuivre (Monster, L'école emportée, ...). Mais j'y arrive pas. Je pense que c'est pour la même raison que j'ai de plus en plus de mal à suivre des séries : c'est long. Je continue de lire des séries de BD, mais je préfère les One Shot ou bien les séries qui présentent des aventures tenant sur un album. Les récits qui s'étalent sur des années de production, ça m'intéresse moins parce que forcément la structure en prend un coup, le rythme n'est pas constant, qu'il y a des années où la production est bonne et d'autre où elle est moins bonne, et le récit doit subir ces changements.

"L'apprentie Geisha", je ne sais pas trop pourquoi je l'ai pris. Probablement parce que c'était le seul manga présent dans cette librairie de seconde main bruxelloise dans laquelle j'adore me rendre. Je l'ai feuilletée vite fait, le dessin ne m'a pas paru très joli et puis j'avais déjà quelques autres BD dans mon caddie, et j'ai pas un budget illimité... Mais j'ai testé, cette rencontre hasardeuse ma rendu curieux. Et je ne regrette pas.

Le dessin n'est pas parfait : il y a des problèmes de proportions et les visages, masculins et féminins, se ressemblent un peu tous. Mais ça passe. Parce que l'auteur est constant dans ce travail mais aussi parce que l'encrage joue beaucoup : ses pleins et ses déliés sont appliqués d'une main de maître. il propose également des effets d'ombrage intéressant et qui participent de la composition des vignettes. Le découpage fonctionne assez bien aussi, juste quelques plans extérieur qui ne sont là que pour proposer autre chose qu'un simple champ-contrechamp. Si les visages se ressemblent tous un peu trop, on remarquera tout de même le soin apporté dans la bouche, les narines et même les yeux ; nous ne sommes pas dans un manga avec les codes graphiques habituels, ici, j'ai plus ressenti une influence européenne. Il y a quelques séquences oniriques très agréable aussi et une manière de jouer avec les personnages assez envoûtante (la caméra tourne bien autour).

Les récits sont passionnants : on suit l'évolution depuis l'apprentie Geisha jusqu'à ce qu'elle devienne la Geisha respectée. Ce qui marque, c'est le ton : clairement il s'agit d'un récit qui met en valeur la femme, mais sans pour autant tomber dans l'attaque envers cette pratique que les féministes d'aujourd'hui n'apprécient pas beaucoup ; il y a donc un aspect culturel qui est respecté tout en permettant aux personnages féminins de s'épanouir. L'auteur évite également le misérabilisme facile de certaines situations, et ce grâce à un personnage principal fort, capable d'assumer ses choix et de rire de toutes situations. Cela n'empêche pas le drame de survenir par endroit et le spectateur d'être ému, mais ça reste sain et subtil.

Bref, j'ai passé un bon moment à la lecture de ce manga ; il faudra que je cherche d'autres œuvres de cet auteur qui est mort jeune.