S'il n'y avait pas eu l'adaptation en film, qui sort mercredi, sur lequel j'ai lu déjà quelques critiques enthousiastes, j'aurais jamais lu le comic book "Kingsman".
J'aime beaucoup Mark Millar pour son esprit déviant, mais ce comic ressemblait trop à un recyclage de Kick-ass et surtout de Wanted : on retrouve le héros loser, qui ne fait rien de sa vie jusqu'au jour où le membre d'une agence spéciale le prend sous son aile pour dévoiler tout son potentiel.
Aussi bien pour le film que pour le comic, toutes les critiques font la comparaison avec James Bond ; la récurrence de la référence en devient lassant d'ailleurs.
Mais effectivement, il y a un récit à la James Bond dans Kingsman, avec des situations qu'on croit avoir vu bien trop souvent, mais Millar arrive à contourner le schéma classique avec des détails absurdes, un décalage léger qui fait la différence, et des idées inattendues, comme à son habitude.
Le récit débute par un kidnapping par des hommes armés, certes, mais la personne enlevée est Mark Hamill...
Le choix du héros aussi est un peu inhabituel, c'est un jeune délinquant comme on en voit beaucoup au cinéma, mais il n'est pas issu d'une famille de criminels, ce sont juste… de gros beaufs, embarrassants à voir. Ayant grandi dans cet environnement, le héros est un peu beauf aussi, dans une de ses premières scènes, il veut de l'argent pour aller voir Battleship. C'est tout dire. Je trouve ça audacieux de la part de Miller : nous offrir un héros qui veut aller voir un tel navet, et en 3D en plus.
Le héros, Gary, se fait arrêter après un vol de voiture, et sa mère appelle son oncle, Jack London (oui, c'est son vrai nom), agent du gouvernement, pour régler le problème. Chose qu'il doit faire régulièrement, il semblerait, si ce n'est que cette fois, il se montre navré de voir son neveu gâcher sa vie ainsi, et sait que s'il se sert juste de son pouvoir pour le libérer, le jeune homme va recommencer. C'est cette dose, très légère, d'exploration des personnages qui, pour moi, change un peu la donne par rapport aux scènes du même type, vues bien souvent.
Jack enrôle alors Gary dans une école pour espions, où on lui apprend le combat, l'usage des armes, et… comment faire jouir une femme. Je ne vois pas trop le rapport, c'est débile, mais expliqué plus tard comme une façon d'obtenir des renseignements sur des méchants par le biais de leur copine, "megalomaniacs are never very good in bed". Ah oui, d'accord…
(bon, au moins il y a un passage assez amusant d'entraînement à la drague)


Millar a de bonnes idées dignes d'un psychopathe, c'est ce à quoi il nous a habitué ; je pense à cette scène de massacre lors d'un mariage, quelques idées et inventions sympathiques, comme cette histoire de kidnapping de stars ou ce gadget d'espion qui permet de communiquer par des écrans de pubs, mais l'auteur se montre autrement très paresseux. Millar passe à côté de pleins d'occasions, n'exploitant pas assez certaines situations qu'il met en place. Le héros se voit abandonné, en caleçon, en Amérique du sud, dans le cadre d'un test, et il doit pénétrer dans le manoir d'un baron de la drogue. On croit que ça va être intéressant, mais Gary se contente de buter tout le monde en deux cases. Il y a pas mal de plot holes, on ne sait pas comment, lorsqu'ils utilisent des gaz ou émetteurs paralysants, les agents secrets ne sont pas affectés.
A côté de ça, il y a des scènes présentant vraiment peu d'intérêt, comme le relooking de Gary ou la présentation du nouvel appartement de sa mère, une scène qui en plus de cela pue les bons sentiments.
Les combats manquent de punch, certains personnages censés être de gros badass meurent comme des sots, et lorsqu'il se venge de son beau-père et des amis de ce dernier, Gary se contente de les tabasser alors qu'ils sont immobilisés. Ce n'est ni glorieux, ni cathartique.
Le "twist" avec un traître dans l'agence est des plus prévisibles car tellement classique, et la conclusion est très décevante, à la fois niaise et d'une facilité navrante, faisant appel à de la science nanarde digne d'une BD Elvifrance.
Millar multiplie les occasions manquées, tout passe trop vite ; on croit qu'il va développer les rapports entre Gary et les autres étudiants de l'école, et finalement ceux-ci sont rapidement laissés de côté. Par contre, Millar n'hésite pas à remplir ses dialogues d'avis sur des films, les personnages digressent en parlant du reboot de Star trek, etc…
C'est dommage.
Par contre, à en croire les bande-annonces, le film va bien plus loin que le comic dans son délire, et semble apporter son lot d'inventivité.

Fry3000
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le 17 févr. 2015

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Wykydtron IV

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