Visuellement étourdissant (et le reste, et le reste et le reste...)

Le premier tome était déjà excellent, mais sa suite le surpasse en tout. Les dessins, déjà superbes, sont resplendissants. Les couleurs et les ambiances passent par tous les tons, exactement quand et comme il faut, et participent sans doute au moins autant que les dessins à la forte impression que la BD me fait. Le récit sage voire un peu anecdotique du premier tome laisse place à une histoire pleine de convictions subtilement agencée et saupoudrée d’un soupçon de merveilles. La narration et les dialogues, enfin, ne sont pas en reste et se révèlent autant de joyaux en plus sur le bijou.


Sans dévoiler grand-chose, Naïm, 11 ans, vit dans un petit village sur l’archipel de Lamu, au Kenya. Plutôt qu’aller à l’école coranique, où il trouve injuste d’être frappé par le professeur, il passe le plus clair de son temps dans les rues, pour apporter de l’herbe au vieux Nacuda ou faire de nombreuses rencontres. A ses trousses, son frère désespéré par son attitude essaie tant bien que mal de le ramener sur le chemin de l’apprentissage, dans les préceptes du Coran. Et tout autour d’eux fourmille une myriade de personnages, entre le revendeur de drogue, les amis de Naïm, le vieux qui se prétend gardien de la dépouille du géant Liongo Fumo, le capitaine louche, le fou de la place, les investisseurs, les junkies blanc, ceux qui traient les touristes et les autres.
Le village de Kililana est un carrefour de cultures multiples, de religions multiples, de parcours multiples et de desseins multiples. Benjamin Flao parvient à nous y plonger, nous y noyer presque, sans jugement des uns ou des autres, juste en nous y replaçant délicatement et dressant le portrait nuancé de ces gens différents.
Mais, comme je le disais, Kililana Song n’est pas (que) contemplative et trace un récit qui s’éparpille pour au final, tel le bateau dont la barre reste bloquée, arriver exactement là où il voulait.


Je l’ai déjà signalé mais une fois ne suffit pas : ce récit est porté, transporté par des dessins, des couleurs et des ambiances somptueuses, quelques (énormément !) (double-)pages exceptionnelles, quelques trouvailles artistiques, quelques peintures géniales. Rien que pour ça, il faut l’avoir dans sa bibliothèque.


Je suis stupéfié et irrémédiablement sous le charme.

Jeolen
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le 10 août 2015

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