Les derniers ouvrages d'Enki Bilal ne me faisaient guère envie : j'ai zappé "Animalz", et la fin de la série sur 32 décembre, après un premier épisode fort prometteur, m'avait paru tourner en eau de boudin.

Ici, on a deux niveaux :

- un monde post-apocalyptique, après un changement climatique et géographique soudain qui a brouillé les repères terrestres et surtout livré la terre, devenue un désert, à des tornades perpétuels. Rien de bien original, mais c'est assez drôle de voir Bilal s'essayer à du Mad Max (avec la Ferrarri et l'hélicoptère à énergie solaire). Cela dit, cet aspect est surtout développé dans la première partie (le livre en compte trois, plus un épilogue).

- comme toujours chez Bilal, les noms des personnages sont chargés de symbolique. Or ici les protagonistes sont Roem, Julia, Merkt, Tybb, Parrish... soit Romeo, Juliette, Mercutio, Tybalt, Pâris. On va donc rejouer Romeo et Juliette.

Le narrateur est Lawrence, un ex-aumonier multiconfessionnel de l'armée, qui traverse le désert dans sa Ferrarri solaire, chargée de diverses drogues médicales. En chemin, il trouve deux zigs déshydratés, Roem et Merkt. Tous trois trouvent un milan blessé et débarquent dans un hôtel occupé par une famille de 5 personnes, parmi lesquelles la jeune Julia. Roem et Julia sortent ensemble, épiés par le jaloux Tybb. Et bizarrement, Roem, Julia, mais aussi d'autres personnages se mettent à parler en traduction française libre de Shakespeare.

Lawrence comprend, et après que Tybb et Merkt se soient entretés, décide de suivre la logique de la pièce, pour voir s'il arrivera à sauver les deux amoureux : il met en scène la mort de Roem, donne un poison qui donne une illusion de catalepsie à Julia. Et oui, pour une fois, ça se termine bien.

C'est donc un Bilal plutôt décontracté que l'on a ici. Les personnages sont plus expressifs que d'habitude : leurs mimiques sont assez théâtrales, notamment celles de Roem ; Julia a un visage peut-être plus conventionnel, mais aussi plus sensuel et moins dur que les héroïnes habituelles de Bilal. La violence est au fond assez peu présente, et l'atmosphère moins lourde et pessimiste que habitée par ce léger suspense que je viens de vous spoiler dans le paragraphe précédent.

Cette BD pas trop prétentieuse et plutôt décalée me réconcilie un peu avec Bilal. Les références ne partent pas dans tous les sens, la structure est simple... En ce qui me concerne c'est une bonne surprise.
zardoz6704
7
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le 20 août 2013

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D'autres avis sur Julia et Roem - La Trilogie du Coup de sang, tome 2

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