Le Joker sort de l’asile d’Arkham, mais il n’est pas content. En son absence, ses amis lascars ont partagé sa part du gâteau et l’ont vendue, pensant qu’il ne reviendrait plus. Mais le Joker est de retour et il est bien décidé à mettre Gotham à feu et à sang, même s’il doit pour ce faire affronter de nouveau son ennemi de toujours… Batman !

Ah Joker ! Pas forcément l’histoire la plus emblématique du Joker, ni la plus appréciée, elle reste pour un véritable chef d’œuvre ! Au moment de sa sortie chez Panini en 2009, il a été mon premier achat librairie DC. Enfin, un cadeau offert par ma moitié, connaissant ma passion pour le sinistre clown. Un chef d’œuvre donc. J’ai été marqué tant par la psychologie malsaine que nous narre Azzarello, et l’ambiance sombre, mature et glauque que dessine Lee Bermejo. La couverture donne d’ailleurs le ton !
Joker est un Graphic Novel de Brian Azzarello et Lee Bermejo donc, sorti chez DC Comics en 2008. Cette histoire nous offre une vision plus adulte, plus malsaine encore du génialissime Némésis de Batman.

Le Joker est donc libéré, sans de réelles explications mis à part qu’il a réussi à se faire déclarer « sain », et ses anciens hommes n’osent aller le chercher à la sortie de l’asile. Un petit nouveau va se proposer : Jonny Frost ! Petite frappe ayant déjà fait 5 séjours en prison et qui est bien décidé à devenir une figure du crime à Gotham. Douce utopie, il semble bien trop « normal » pour viser un tel poste. Cependant le feeling semble passer entre lui et le Joker, qui le prend alors dans sa garde rapprochée au même titre que Killer Croc ou encore la très belle Harley Quinn.
Nous avons là des versions différentes pour ces deux méchants. Croc est plus proche de l’humain, genre de chef de gang avec des dents de requin, Harley est quant à elle encore plus sexy que d’habitude en strip-teaseuse dans un pub.

Pub où le Joker va commencer à prendre sa revanche. Avec Monty, ancien employé, qui a profité de l’enfermement du Joker pour se remplir les poches avec son argent. Et la punition va être salée, le pauvre homme va littéralement se faire dépecer par le Joker et Harley avant d’être lâché sur scène. Le Joker envoyant alors un message fort : il est de retour et veut récupérer son territoire !
S’en suivent des casses (pour l’argent) et des meurtres (pour la vengeance) à la pelle. Le Joker réinvestissant son argent auprès du Pingouin afin de faire fructifier tout ça. Mais en son absence un autre méchant a pris le contrôle de Gotham : le chef de la pègre, Harvey Dent !
Le fait que Dent refuse de répondre à ses appels, va mettre le Joker dans une rage folle, sans réelle raison il va nous faire vivre une véritable scène de folie pure et simple, très violente, très malsaine.

Une rencontre entre Dent et Frost plus tard, et le Joker se retrouve face à un nouveau personnage de l’univers de Batou : le Sphinx ! On se retrouve ici avec un trafiquant d’arme boiteux et au look un peu grunge. Puis ils tombent dans un guet-apens orchestré par Dent, et où Frost aura l’occasion de sauver la vie de son patron.
Une guerre totale entre le Joker et Harvey Dent est alors inévitable, et à ce jeu le plus malin c’est toujours le Joker. Et lors de leur rencontre au sommet c’est le clown qui prendra l’avantage sur l’autre. Le Joker est en effet en possession d’informations hautement compromettantes pour Dent, et très dangereuse. Dent se rend et n’aura alors plus qu’une seule option, une seule option pour se sauver lui mais aussi pour empêcher Gotham de terminer à feu et à sang : Batman !

Alors oui, sur le fond on se retrouve avec une histoire assez classique, une simple guerre des gangs dans les bas fonds de Gotham. Mais le véritable génie de ce graphic novel, c’est sans conteste la façon dont Azzarello nous présente sa version du Joker. Une version collant parfaitement à ma vision personnelle du méchant. C’est un fou génial ou un génie en pleine psychose c’est au choix. Il ne voit pas le monde comme nous, il navigue sans barrière, sans frontière, il ne s’interdit rien et s’autorise tout. Cela en fait un personnage atypique, sans pareil, et l’on prend un plaisir malsain à voir où sa folie et sa cruauté le mène. N’ayant aucun tabou, aucun interdit, on se retrouve donc souvent dans des situations extrêmement violentes et malsaines. L’exemple le plus parfait et le plus dérangeant étant la scène où il charcute un couple de personnes âgées dans leur lit avant de s’allonger sur les restes comme si de rien était. Pour lui il n’y a rien de choquant, de gênant, pour nous la scène est terrible !
C’est ce qui fait la force de ce Joker d’Azzarello, il ne se comporte comme personne d’autre, impossible donc d’imaginer ce qu’il va faire. Il n’y a pas de notion de bien ou de mal pour le Joker, tout n’est qu’une question d’envie. Il est imprévisible et instable.

Cette ambiance de folie, cette atmosphère sombre et lugubre doivent aussi beaucoup à Lee Bermejo. Même si son travail est un peu spécial sur Croc ou Nigma, sa représentation du Joker est absolument juste ! Son visage transpire la démence. Et lorsqu’il nous représente un Joker en plein monologue psychotique avec le canon de son arme en bouche, mort de rire, on ne peu s’empêcher de trembler de terreur en regardant les yeux effrayants de paranoïa ! Sa Gotham est sinistre et noir, sans espoir, et son utilisation de la couleur fait ressortir tout ce qui est mauvais. Ses cases magnifiques nous plongent dans un univers oppressant et dérangeant où l’on attend au final qu’une chose : que Batman viennent nous délivrer, viennent nous sauver, viennent simplement nous donner de l’air !

Bref, ce livre tant par son réalisme que sa crédibilité malsaine ne plaira pas à tout le monde c’est certain. Mais si vous êtes fan du Joker, il est un passage obligatoire, Brian Azzarello repoussant les limites du clown, enlevant d’ailleurs toutes les limites et le laissant naviguer en eaux libres. C’est violent et glauque, suffisamment pour ne pas le mettre entre toutes les mains.
Si vous ne connaissiez pas ce graphic novel j’espère vous avoir donné envie de le découvrir, et de réaliser, comme moi, que ce qu’il y a de mieux dans Batman c’est le Joker ! Le mois super-vilains va vous le prouver…
Romain_Bouvet
9
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le 12 janv. 2014

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