Un vision rafraichissante du super-héroïsme

Vous l'aurez compris Invincible est un comic de super-héros. Alors, je sais que certains diront : Encore!?

Oui sauf qu'ici on est quand même loin des licences Marvel ou DC Comics. Déjà le premier avantage, et non des moindres, c'est qu'on peut vraiment débuter la lecture avec ce tome. Il n'y a pas derrière des années d'histoires que l'on a loupées.

Même le plus néophyte des lecteurs, qui n'a aucune connaissance en comic, peut aisément s'attaquer à cette œuvre. Chose qui est beaucoup plus ardue si on veut débuter dans les Marvel ou DC Comics.

Invincible propose une vision du super-héroïsme rafraichissante, originale et avec un potentiel énorme. Il réunit en un seul volume, trois ingrédients, qui pourraient presque être qualifiés de courants dans les comics.
On retrouve ainsi du super-héros classiques avec des pouvoirs dépassant les capacités humaines : vol, force, rapidité... Il y a aussi tout une galérie de personnages sortant de l'ordinaire : Omni-man, l'équipe J...
Ce titre est avant tout dynamique et de fait, il y aura beaucoup d'action contre des criminels, des supers-vilains, un peu d'aliens par-ci par-là, d'énormes affrontements...
Si le lecteur recherche de l'encapé « classique » (même si Invincible est loin d'être classique), il trouvera son bonheur, parce qu'on retrouve ce qui fait la force de ce courant (mais avec pas mal d'originalité).
La petite touche d'originalité, c'est que l'on plonge dedans doucement, en prenant le lecteur par la main pour éviter qu'il ne se perde en chemin. Très vite on explique le pourquoi des pouvoirs, les origines, les autres personnages, le tout avec une fluidité impressionnante. Tout est clair et limpide. On rentre dans le récit avec une étonnante facilité, en toute décontraction, sans s'encombrer de fioritures qui peuvent compliquer la lecture.

Le deuxième ingrédient/ courant qui se ressent dans cette oeuvre est l'humanisation des supers-héros. Le but est de désacraliser ceux qui ont des pouvoirs.
Ici c'est le cas. La volonté est vraiment de confronter la vie d'un lycéen classique avec celle d'un super-héros en puissance. Le scénario joue beaucoup sur le décalage entre ces deux mondes, et l'impact de l'un sur l'autre.
Personnellement, j'ai pris un plaisir incroyable à voir le scénariste Robert Kirkman jouer avec la normalité et l'incroyable. Nombreuses sont les scènes quotidiennes perturbées par quelque chose liée au statut de super-héros de personnage, ou au contraire des scènes où les personnages usent de leur pouvoir en parlant de choses banales ou faire une action anodine.

Je pense notamment à des scènes de diner en famille perturber par les interventions héroïques du père ou encore la fameuse scène où Omni-Man et Invincible joue au base-ball en costume.

Ces décalages sont très humoristiques et frais. Mais derrière cette façade, se cache des thèmes plus sérieux comme le passage à l'âge adulte, la quête initiatique, les relations père-fils, les relations au lycée entre violence et amourette...

Néanmoins, dans ce premier tome, l'accent est mis sur la légèreté et l'humour.
C'est le dernier ingrédient/ courant. Dans Invincible, l'humour n'est pas basé sur un personnage qui sort des blagues, ou sur un comique de situation, mais plus sur le décalage décrit plus haut, qui donne droit à des scènes cocasses et étonnantes. L'humour est donc plus discret, plus mature que certaines vannes typées « teen movies » que l'on retrouve des fois.

Au niveau du scénario, il est excellent, et confirme tout le bien que je pensais de Robert Kirkman, que je connais pour son travail remarquable sur Walking Dead.
Pour un tome introductif, il est très riche et laisse entrevoir un potentiel énorme. Tout d'abord, il présente bien le monde, les personnages, l'apprentissage de nouveaux pouvoirs de Mark. Il s'attarde aussi beaucoup sur les relations entre les personnages : entre Mark et son père, entre Mark et les membres de l'équipe J, Atom Eve en particulier. Il y a aussi beaucoup d'évènements entrainant des scènes d'actions sympathiques.

Ce tome se décompose en petits épisodes sans un réel fil conducteur, à part celui de voir évoluer le héros. Pourtant ça reste intéressant du début à la fin. Malgré ces épisodes, à priori sans rapport, on sent qu'il y a une trame de fond qui est présente mais non exploitée encore. Le potentiel de développement est énorme. Plusieurs éléments nous font penser qu'on est loin d'avoir tout explorer. Par exemple il y a les Gardiens du Globe dont on connait l'existence, mais dont on ne sait que peu de choses ou encore la Coalition des Planètes.

Pour les personnages, on s'attache rapidement à Mark et à son père. Ils ont un certain charisme, qui ne laisse pas de marbre.
Les personnages secondaires sont assez intéressants, même s'ils mériteraient plus de développement (Atom Eve, Rex Plose ou Robot). Mais on sent qu'ils seront importants par la suite. J'ai qu'une hâte c'est de les connaitre mieux et de voir comment ils vont évoluer.

Maintenant attaquons le coté négatif : le graphisme. Personnellement, je n'accroche pas du tout. Je trouve qu'il gâche cette superbe série.

Le trait est grossier, manquant de détail et de nuance. C'est plat et fade, mais ça, c'est peut être plus du à la colorisation qui n'est pas ce qui se fait de mieux. Je trouve le trait assez impersonnel presque détaché.
C'est vraiment dommage parce que ça peut rebuter alors que ce titre est une petite tuerie.

Pour résumer, j'ai beaucoup aimé ce Invinsible qui propose une vision des super-héros qui diffère, en jouant sur le décalage entre les scènes de vie et actes héroïques. L'humour fait mouche. Le scénario permet de bien rentrer dans un nouvel univers et suivre l'évolution du héros avec ces nouveaux pouvoirs. L'œuvre fait aussi de multiples références aux comics « classiques ». Le seul point noir est la patte graphique de Cory Walker, que je n'apprécie pas du tout. Et pourtant malgré ce point, je n'ai qu'une hâte, lire la suite!

Et vous que pensez-vous de ce Invincible? Êtes-vous aussi catégorique que moi sur le dessin? Pensez-vous que Kirkman soit un grand scénariste?
Kameyoko
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le 16 févr. 2011

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Kameyoko

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